Critique – Beauxbâtons

Publié le dimanche 21 juin 2009 dans Critiques de GN

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Du 1er au 3 mai 2009, l’association RAJR (Rhône Alpes Jeux de rôle) a proposé un GN Harry Potter prenant place dans l’univers de Beauxbâtons, quelques années après la fin du tome 7. RAJR est une association qui, comme on dit, commence à avoir de la bouteille. Fondée en 1984, l’association, dont les armoiries représentent un nain ivre, juché sur un tonneau, a donc accompagné le GN lorsqu’il n’était encore qu’un enfant maladroit et titubant. Elle lui a donné sa première épée latex et lui a appris comment combattre son premier dragon.

Maman RAJR a donc, derrière elle, une longue tradition de GN épiques à tendance Med Fan. Et puis, en grandissant, elle a ouvert de nouveaux horizons au GN, en allant chercher des thématiques moins traditionnelles (Resident Evil, Légende des 5 anneaux, Discworld). Rien d’étonnant donc à ce qu’une jeune équipe trouve le soutien de maman RAJR. Sous l’impulsion d’un groupe de six fans, le projet Beauxbâtons voit le jour en juin 2008.

 

Généralement, les jeux Harry Potter en France séduisent davantage de débutants que d’autres thèmes. Il est d’ailleurs dépaysant de ne pas croiser autant de visages connus que d’habitude. Le Beauxbâtons n’échappe pas à la règle. L’univers Harry Potter a attiré vers le GN de nombreux fans de la série. En conséquence, les organisateurs et les PJ que l’on rencontre sur ces jeux proposent quelque chose de véritablement différent. On s’offre une chance de ne pas tomber dans les écueils classiques du GN. Je vous encourage donc à tenter l’expérience ! Avec un peu de chance, vous pourrez trouver, dans ces jeux, de véritables îlots que la sandale du GNiste moyen n’a pas encore foulés.

 

 

En essayant de coller à l’ambiance des livres, retraçant le parcours d’un élève dans une école, les auteurs du Beauxbâtons sont parvenus à préserver la quintessence de ce qui a rendu cet univers si populaire, à savoir les relations humaines. Au cours de ce jeu, les groupes de camarades étaient véritablement soudés, des relations qui n’existent qu’entre des enfants de cet âge et dans un contexte scolaire. Cette apparente unité des groupes sociaux était largement renforcée par les uniformes de Beauxbâtons… mais aussi de Durmstrang et Poudlard, puisque le jeu se déroule l’année de la coupe des 3 sorciers – compétition réunissant les diverses écoles de sorciers européennes.

Il faut d’ailleurs noter que les auteurs avaient pris soin de reprendre en partie des éléments de l’univers de Durmstrang, proposé deux ans plus tôt par l’association du 5e éléphant, et ce de façon à prolonger le rêve des joueurs de cet épisode. Une précaution qui nous rappelle un peu la volonté de la Camarilla Française, sur les jeux « Vampires », d’unifier l’univers entre les divers GNs de France.

Beauxbâtons laisse le souvenir d’un GN assez exemplaire sur la forme, puisque le site est tout simplement splendide, la nourriture assurée par Guillem Adelaere de Terra Ludis (que leur nom soit sanctifié) et le travail de rédaction des fiches plutôt propre. La logistique, quant à elle n’a pas été confiée à notre équipe de débutants mais bien aux (vieux ?) briscards de RAJR. Parce que faire du beau avec un budget de GN, ça ne s’invente pas ! On ajoute donc aux points positifs du jeu des événementiels somptueux et des costumes chatoyants.

 

Les auteurs ont mis un soin tout particulier à préserver le rapport maître/élève, si fort dans l’univers de JK Rowling. Même si l’école française est présentée comme un établissement moins strict que son homologue britannique, le respect des emplois du temps, des professeurs et de l’institution était de mise, ce qui semble indispensable au bon déroulement d’un jeu au sein d’une organisation réglementée. Les interactions étaient donc contraintes de se dérouler à huis-clos, sans se faire repérer des adultes, en chuchotant dans le fond de la classe, ce qui a pour beaucoup enrichi le jeu. La contrainte oblige à travailler sa façon de jouer, à prévoir ses rendez-vous et empêche le joueur de courir après des objectifs plutôt que d’essayer de découper son jeu en un enchainement logique de scènes.

Ce qui marque donc sur ce jeu, c’est la rencontre de deux générations. La fraicheur des organisateurs de la première équipe et le savoir faire technique de Maman RAJR. Mon point de vue personnel sur les éléments du scénario “général” sont mitigés cependant. J’imagine que quelqu’un ayant joué moins régulièrement que moi aura apprécié le travail sur la trame générale du scénario mais je reste sceptique. Dans une ambiance très axée sur les relations des élèves, j’ai vu poindre une intrigue construite de façon beaucoup plus classique et utilisant des ressorts qui, s’ils ont fait leurs preuves, sont suffisamment connus pour pouvoir lasser. Difficile d’en dire plus sans risquer de nuire à une éventuelle réédition (souhaitable) mais disons simplement que le jeu était saupoudré d’une étrange cosmologie regroupant des créatures élémentaires et d’anciens rituels oubliés.

 

 

Ces éléments du scénario ont induit une fin de jeu autour d’un événementiel, à mon sens un peu long et dirigiste, bien moins réussi que les autres événementiels plus intimistes qui avaient jusque-là rythmé le GN. Et je suis surpris que l’équipe n’ait pas su réagir pour écourter ce moment.

En définitive, le point noir sur ce tableau doré vient d’un écueil que l’on rencontre souvent, le meta-plot qui efface tous les autres, celle qui appelle un climax à la fin du jeu pour tous les joueurs. Un mariage entre deux religions qui aura produit bien plus de bons que de mauvais aspects. J’espère de tout cœur que le dialogue entre les organisateurs saura remédier à cela parce que des GNs comme ça, on en redemande !

 

Beauxbâtons – RAJR –

 

Del phine Che valier

An naïg Luc as

Yann Grayel

Pier re Le blanc

Ma ël Pul cini

Gas pard Ver nay

Fré déric Re tif

Cé cile Sai mond

 

 

Photos : Jean-Marie Retif

www.rajr.org

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Baptiste est Gniste depuis maintenant 15 ans, et a commencé par jouer des scénarios maison avec des amis sans vraiment avoir idée de ce qui se faisait autour. C'est plus tard qu'il a pu découvrir ce qui se faisait un peu partout dans le monde et continuer sans cesse de découvrir de nouveaux horizons. Il aime écrire des scénarios et vous pourrez en découvrir certains sur le site www.murder-party.org (Silence on meurt, Plan social). Persuadé que le GN est un art à part entière, Il a écrit un mémoire sur les jeux Grandeur Nature et veut promouvoir les partenariats inter-associatifs pour que notre loisir trouve un jour la place qu'il mérite. Il a l'honneur d'avoir été le Président de la glorieuse FédéGN.

7 réactions à Critique – Beauxbâtons

  1. Un article aussi instructif que le précédent. Celui-là j’aurais bien aimé le jouer.

  2. Preum’s! (quoi?!)
    Je plussoie tout l’article. ^__^ Au top, avec un regret pour le métaplot. Je reviens en elfe aux rééditions! o/

  3. (ah non, deuze)
    Mémère, il sera trrrès certainement réédité. ^_^

  4. Un commentaire bien écrit et une analyse intelligente.
    Merci pour le retour d’expérience.

    Anthony (pnj sur beauxbatons)

  5. Oaken, le prof en Dernière photo

    C’est bien dit, le GN as été bon, et peut l’être encore mieux!!!

    Merci ^^

  6. Merci à toi pour cet article. J’en rougis encore, c’est fou…

    Cela m’aide à avoir un autre regard sur certaines choses qu’on a faites, ou justement pas faites ^^ j’espère qu’on arrivera à en tenir compte pour la fameuse réédition (bruit de couloir quand tu nous tiens)

  7. Delphine et Maël

    Merci pour ce retour constructif!
    Réédition il y aura après de longs blabla entre orgas.
    On a tous envie que ce soit encore mieux!

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