Cet article part d’un constat simple : Le GN ressemble un peu au théâtre d’improvisation.
Une des nombreuses différences entre les deux pratiques est qu’il existe des cours de théâtre d’improvisation, mais pas des cours de GN. En fait, il existe probablement plus de gens qui s’entraînent à l’improvisation que de gens qui en font une véritable représentation.
En GN, on ne s’entraîne pas vraiment. Rien de mal à cela. J’imagine que cela veut dire que ce n’est pas le but premier des GNistes que de savoir bien improviser. Si jamais vous vous en souciez un peu, lisez cet article.
Dans son livre, Jouer, représenter, Jean-pierre Ryngaert cite de nombreux écueils à éviter lorsqu’on se lance dans une improvisation. Le narcissisme en fait partie. Une ambition démesurée également. La plupart des écueils proviennent de ce qu’il appelle le « spectacle obligatoire ». Il s’agit de cette façon dont les joueurs cherchent à se mettre en scène d’une façon qui leur permettra de captiver leur public en oubliant bien souvent d’expérimenter d’autres façons de jouer.
Un exemple tout simple, je suis quelqu’un de naturellement avenant dans la vie. Si on me donne un rôle de personnage taciturne et aigri, vais-je le jouer convenablement ? Pas si je cède à la tentation de me comporter comme je le fais d’habitude. Si je cabotine, je deviens rapidement le centre de l’attention, je me fais des amis, je fais rire et j’ai la sensation de faire participer, de donner du jeu aux autres. Mais en vérité je prive mon personnage de sa nature et je prive les autres joueurs de l’expérience de mon personnage.
Bien sur, en expérimentant le jeu d’un personnage qui n’est pas moi, je m’expose à l’échec social. Il est probable que je ne fasse pas rire. Il est possible également que je ne provoque rien chez les autres, et qu’ils m’ignorent. Si tel est le cas l’expérience est ratée, mais rien ne m’empêche de rectifier le tir.
Un GN dure souvent plus de 24 heures. Sans répétition auparavant, sans entraînement et parfois sans même connaître les autres joueurs. Il va de soi que l’expérimentation d’un personnage ne va pas se faire simplement et fonctionner à chaque fois. Cependant il serait stupide de rester buté sur cet échec sans rectifier le tir. Je vous propose de partager quelques « trucs » que j’essaye de faire systématiquement depuis quelques temps avant de jouer un GN : Quelques exercices qui me semblent prometteurs pour changer ma façon de jouer.
Mais avant cela je vous propose cette citation du livre cité plus haut :
Extrait de Jouer, représenter :
Mieux vaut afficher un exercice qui se donne comme tel, et qui tend vers le spectacle, qu’une représentation trop ambitieuse qui bascule vers le ridicule en durcissant les règles de fonctionnement et en se haussant du col inutilement. De l’expérimentation à tout prix aux contrefaçons du spectacle obligatoire, il existe toutes sortes d’ouvertures vers l’extérieur, toutes sortes de relations aux regards. Considérons donc l’ouverture à un public comme une possibilité, pas comme une cible ultime à atteindre à n’importe quel prix, notamment au détriment des individus. L’achèvement d’un travail (toujours provisoire) est une éventualité, pas une exigence qui impose la dictature de résultats visibles.
Je pense qu’il est bon d’accepter de voir le GN comme un exercice, plutôt que comme un produit achevé. C’est un exercice des organisateurs qui s’exposent à l’échec. Un exercice également de la part des joueurs. Et il est bon de revenir sur les réussites et les échecs de chacun à la fin de cet exercice pour savoir quels étaient les objectifs de chacun et comprendre ce qui a et n’a pas marché.
Et maintenant ces fameux « trucs » que je vous propose d’essayer avant votre prochain GN.
Truc 1 :
Le GN se compose de multiples scènes auxquelles je vais participer. J’accepte que chacune de ces scènes soit un exercice à part entière avec un début, un milieu et une fin.
Truc 2 :
Après lecture de ma fiche, je vais lister un certain nombre de scènes que je vais pouvoir initier. C’est-à-dire des scènes que mon personnage va provoquer en faisant quelque chose.
Truc 3 :
Je vais classer ces scènes par ordre de priorité pour mon personnage selon les enjeux.
Truc 4 :
Je vais également lister des scènes potentielles mais qui pourraient être provoquées par autre chose que mon personnage (Un autre Pj, un Pnj, l’environnement)
Truc 5 :
Lorsque le jeu va débuter, je vais faire le point mentalement sur les raisons de ma présence ici et sur ce que va être ma prochaine scène puis je vais aller l’initier, dans un endroit propice.
Truc 6 :
Lors de cette scène je vais faire l’effort d’écouter ce que les autres disent et faire en sorte de repérer une conclusion. (Par exemple : l’autre accepte le deal, refuse le deal, demande un délai) Puis je vais clore cette scène et quitter le lieu.
Truc 7 :
Après chaque scène je vais faire le point mentalement sur l’évolution de la situation et envisager les nouvelles scènes à initier qui en découlent. Puis je vais me diriger vers une autre scène.
Truc 8 :
Je vais également faire le point sur la façon dont j’ai joué mon personnage et sur ce qui, selon moi, est efficace ou non. Je vais réfléchir à la façon dont je peux améliorer mon personnage et mon jeu, pour pouvoir l’utiliser par la suite.
Voila ça a l’air d’être encore plus stupide et évident que d’habitude mais personnellement, la dernière fois j’ai tenu 3 heures avant d’être rattrapé par ma nature. Donc si je trouve ça aussi difficile à faire, je ne dois pas être le seul.
Dans le but de travailler un peu là-dessus, j’ai commencé à lire énormément sur le théâtre d’improvisation, il y a de bonnes chances que je fasse plusieurs articles sur le sujet en essayant de rapprocher ça de la pratique du GN. En espérant que ça puisse être utile à quelqu’un.
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7 octobre 2011 at 3 h 42 min
J’entends déjà certains hurler à la lecture de cet article :). Mais pour ma part, je vois-là une approche très saine du GN. Bravo !
7 octobre 2011 at 4 h 08 min
D’un côté pourquoi pas, de l’autre, à mon goût c’est mettre trop de structure dans quelque chose qui est meilleur quand il m’échappe.
Je n’ai au fond aucune envie d’avoir la maîtrise des scènes, de leur fil, de leur enchainement. Je n’ai jamais autant de plaisir que lorsque je m’oublie et que subitement, je réalise que ça fait x
heures que le jeu dure et que c’est la première fois que je prends mentalement du recul pour me dire que c’est un jeu.
Maintenant en dehors de ça, l’exercice a l’air sympa. Mais à mon sens ça risque de gâcher ce qui fait le sens du GN.
7 octobre 2011 at 4 h 16 min
C’est dommage, il y a quelques semaines s’est tenu à Paris le Carré de l’Impro, une sorte de séminaire sur le sujet, avec débats, conférences.
J’attends cet article sur le parallèle impro/GN avec impatience (une discussion que j’ai déjà eue de nombreuses fois).
7 octobre 2011 at 5 h 05 min
Autant, j’apprécie de me préparer à un Gn en réfléchissant au personnage, ses interactions possibles avec les autres et aux scènes qui pourraient arriver.
Autant, je préfère vivre le personnage à partir de T0. Je privilégie l’immersion dans mes jeux. C’est ce qui me fait tripper. Donc hors de question, à chaque “scène” de m’arrêter 1 seconde d’être
mon personnage pour savoir si j’ai bien joué.
D’ailleurs, si je n’ai pas bien joué, le ressenti arrive de suite. Sinon, pas besoin de se prendre le choux.
Par contre, je fais un point après chaque jeu. Donc mon retour d’expérience vaut pour le jeu suivant.
7 octobre 2011 at 5 h 51 min
Quid de l’improvisation et de la réactivité ? Il est évident qu’a la lecture de ta fiche tu vas avoir des idées de scène à provoquer (exemple: ton personnage est amoureux, tu sais que tu vas
provoquer une scéne de séduction) mais où s’arrête ce listing? n’y-a-t-il pas un risque que ça devienne artificiel et que tu perde toute la fraîcheur de ton interprétation pour te couler dans un
carcan définit avant d’avoir saisit l’ambiance réelle du jeu?
7 octobre 2011 at 6 h 13 min
Plutôt pas mal pour scénariser un jeu vidéo.
7 octobre 2011 at 6 h 33 min
Et si venais faire de l’impro vraiment ?
7 octobre 2011 at 6 h 58 min
le cours d’impro près de chez toi est un peu loin mon slyounet… mais c’est un projet malgré tout.
7 octobre 2011 at 8 h 04 min
Pratiquant l’impro et le GN en parallèle depuis quelques années, je soutiens à 100% ton initiative. Discrète suggestion : il faut veiller à scinder l’impro dite “de match”, orientée la
glorification personnelle, de celle dite “théatrale” ou “constructive”, orientée vers le jeu ensemble.
J’aime beaucoup cet article, car au travers de ces astuces à l’apparence anodine, se dévoilent la magique simplicité : écoute, implication, respect.
7 octobre 2011 at 9 h 19 min
Très intéressant point de vue. Personnellement, je suis assez adepte du “pas en arrière” en GN; en effet, pour moi, l’écueil à éviter est le joueur “skyzophrène” (ouais, j’aime bien choquer, je
n’emploie pas ce mot au sens clinique), je lui préfère celui plus “actor’s studio” où l’on est à la fois acteur ET spectateur. Cela permet à tout moment -non seulement comme tu le dis Baptiste à la
fin de chaque scène, mais aussi durant celle-ci- de rectifier le tir, d’observer l’interaction (ou la performance, c’est selon, il peut n’y avoir d’autre protagoniste) comme un metteur en scène et
d’infléchir le jeu de l’acteur que je suis aussi. Et cela ménage aussi, dans les interactions potentiellement borderline, une porte de sortie facile et rassurante, car l’émotion, bien que jouée
sincèrement (et donc a priori crédible), reste seulement jouée. Attention, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, ceci est mon point de vue, je ne fustige aucunement les joueurs qui
s’abandonnent à leur personnage et les comprend même très bien. Mais dans mon cas, je ne m’y sens pas à l’aise. Ce que j’aime en GN, c’est jouer et expérimenter des sensations de jeu; j’ai la vie,
pour vivre les sentiments.
8 octobre 2011 at 3 h 34 min
Je trouve la réflexion intéressante, mais le lien entre les deux activités me semble moins évident. l’improvisation commence avec des personnages et des situations apportés par les joueurs
individuellement. Il faut ensuite construire le lien entre les éléments présents et donner un peu de sens à l’histoire.
La différence avec le GN, c’est que l’histoire est en grande partie prédéfinie. Chaque joueur peut à travers ses objectifs, dévier un peu l’histoire dans un sens ou un autre.
A mon avis, tu retrouves surtout le “narrativisme” dans l’impro. Le cabotinage est une forme de “gamisme”et le “simulationniosme” est loin de cette activité (pas de costume, d’accessoire, de
décors…)
9 octobre 2011 at 0 h 15 min
P’tain, il est de retour avec sa machine à mettre en cases, lui…
9 octobre 2011 at 2 h 25 min
et ce n’est QU’UN DEBUUUUUTTTT, MOOUUUUAAHHHHHAAHHHAHHHHA!!!!!
9 octobre 2011 at 2 h 30 min
@pierreo: je te trouve assez réducteur dans ta vision du GN, il existe des jeux très peu dirigistes, où toute l'”histoire” est à la charge du joueur, de ces jeux où c’est lui-même qui crée son
personnage de fond en combles (parfois en rédigeant la fiche pour la communiquer aux orgas, parfois même pas), d’autres où il n’y a ni costume, ni “décor” ni accessoire (certaines murder-parties,
le jeepform,…). Et même dans les jeux plus “cadrés”, avec une fiche de perso bien fournie et un personnage très défini, il l’est jusqu’à l’instant où débute le jeu, et alors, c’est le joueur qui
le fait évoluer à son gré, selon sa perception de ce qui l’entoure et de son background; il n’y a qu’à observer la différence entre deux individualités d’un même personnage lors de deux sessions
différentes d’un même GN pour se convaincre que l’improvisation est partout…
9 octobre 2011 at 9 h 48 min
“Je pense qu’il est bon d’accepter de voir le GN comme un exercice, plutôt que comme un produit achevé”
J’avoue mal comprendre ou tu veux en venir avec cette phrase.
A part le plus borné des scénariste dirigiste et le plus mouton des joueurs, qui penserait le gn comme un produit achevé ?
Un produit achevé serait par exemple une pièce de théâtre avec un script défini à respecter à la lettre, mais un gn ?
Et qu’est ce qu’une scène ?
Je vois bien ce que c’est au théâtre mais en gn ?
Et si on suit cette définition, les scènes commencerait avec l’entrée et la sortie des personnages. C’est pour moi un terme employé en dehors de sa définition. (Enfin selon mon dico, peut être est
un jargon d’improvisateur qui m’échappe)
Pour les conseils, il font en sorte que chaque joueur cherche à créer du jeu.
Et ce nonobstant le fait d’avoir parfois à jouer des personnage passifs et réservés.
Créer des scènes ne serait pas un autre terme pour dire “faire son cabotin pour créer du jeu même avec le plus effacé des personnages ?”
Et si on essayait plutôt de se mettre dans la peau de son personnage et de voir ou ça nous mène ?
9 octobre 2011 at 9 h 50 min
PS: désolés pour les fautes, j’ai copié-collé le mauvais document et pas d’édit sur ce forum.
9 octobre 2011 at 0 h 20 min
@ tilleul :
“Je pense qu’il est bon d’accepter de voir le GN comme un exercice, plutôt que comme un produit achevé”
Une personne sort d’un GN. Elle raconte :
“j’ai assassiné le roi parce que je ne l’aimais pas et j’étais amoureux de sa fille. J’ai d’ailleurs confessé le meurtre et on m’a pendu.”
Une personne sort d’un cours de théâtre d’impro, elle raconte :
“je me suis déclaré trop tôt à la princesse. Je n’ai pas essayé de montrer que je l’aimais par des gestes et des attentions maladroites. Peut être que je devrais attendre un peu avant de me lancer
dans ce genre de scène de déclaration, pour préparer le terrain.”
Dans le premier cas, la personne parle de choses très factuelles. Il y a une notion d’efficacité et la personne ne revient pas sur la façon dont elle a interprété. Dans le deuxième cas, la personne
discute de la façon dont elle a décidé de jouer une relation et de la meilleure façon de le faire à l’avenir.
Avez vous plus souvent des discussions du deuxième ordre ? Pas moi. Lors d’un cours d’improvisation (pas un match ni une représentation) on travaille. Cela signifie qu’on a droit à l’erreur, qu’on
en discute, qu’on recommence. Bref, cela signifie qu’on est dans un exercice et pas dans un spectacle. Le risque est permis et conseillé. Or on n’arrête pas un GN en disant : “attendez, j’ai merdé,
on la refait !” (sauf sur un certain GN que je vous conseille) C’est dommage. Parce que ça veut dire qu’on ne s’entraîne pas vraiment à faire du GN. On pratique directement. (Pour le ski nautique
aussi tu me diras)
Voila ce que je voulais dire par “Je pense qu’il est bon d’accepter de voir le GN comme un exercice, plutôt que comme un produit achevé”
Une scène veut dire ici : Une étape de l’histoire. Souvent en GN, il est difficile de distinguer deux scènes. Parce que toto annonce qu’il va se marier juste après que bibou ait annoncé qu’il
allait mourir. Peut être qu’il serait bon d’éviter de mal distinguer les “scènes”.
Beaucoup de gens pensent que travailler sa façon de jouer et d’interpréter est contraire à leur vision de l’immersion. Je pense que ça vaut le coup de discuter de ces différentes visions dans un
prochain article. Parce que c’est visiblement compliqué (des bisous à lucy)
9 octobre 2011 at 0 h 21 min
@jPIG : je ne réduit pas le GN au contraire. je dis que l’impro est une référence qui réduit à certains aspects du GN. Elle ne se rapproche du GN que pour la construction de sens. Se mettre en
avant ou gagner individuellement ne sont pas des buts recherchés (en principe) dans l’impro, de même que le réalisme d’une scène n’est pas envisageable.
Concernant ta remarque sur les deux individualités d’un même personnage, je ne suis pas d’accord pour dire que la différence est dans l’improvisation (basée sur la spontanéité). C’est plutôt
l’interprétation (basée sur le ressenti).
9 octobre 2011 at 0 h 38 min
Bon, ça va peut-être vous surprendre mais je rejoins Baptiste. L’impro, c’est bien. Sauf que nous ne sommes pas tous des experts de l’impro. Se préparer à un rôle en imaginant certaines scènes, ce
n’est pas incompatible avec l’immersion. Ca revient à préparer son personnage, à rentrer dans son esprit, à se l’approprier. Imaginer ce que ferait son personnage dans une situation donnée, ce
n’est ni plus ni moins qu’affiner sa psychologie. On est proche de la mise en abîme, mais c’est le principe du jeu de rôle en tant que thérapie, ou pas loin.
Bref, se préparer un peu, sans cabotinage, à ce que pourrait dire/penser/faire son personnage s’il retrouve son frère disparu depuis 20 ans, s’il se fait larguer violemment par sa douce, si un de
ses secrets honteux est dévoilé en public, etc. Ce n’est pas du méta-jeu mais ça permet de mieux réagir si la situation se produit en jeu, de donner plus de jeu aux autres. Et si la situation ne se
produit pas, eh bien la psychologie du personnage aura quand même été précisée.
9 octobre 2011 at 2 h 04 min
Baptiste,c’est super que les pjs ne distinguent pas bien les scènes, cela engendre de la confusion et des quiproquo générateur de jeu. D’ailleurs, beaucoup de vaudevilles sont basé sur ce
principe.
Je comprend mieux ce que tu veux dire par produit achevé et “exercice”.
Tes conseils sont plutôt de bon outils pour préparer son jeu et pour entrer dans son personnage. Rien à redire la dessus 🙂
Par contre, je ne suis pas d’avis de laisser recommencer quelque-chose à un joueur, même un dialogue.
C’est bousiller la spontanéité du jeu.
Et c’est ce qui donne du piquant, le personnage au lieu d’avoir une répartie réfléchie, réagira comme le plus souvent dans la vrai vie ( en se disant a postériori ‘c’est plutôt cela que j’aurai du
dire”)
Ca donne des personnages moins ‘théâtraux” mais plus faillible ce qui est plus intéressant.
Ca arrive en impro de rejouer une répartie bancale ?
9 octobre 2011 at 2 h 59 min
@tilleul.
dans un cours de théâtre d’impro, on peut faire des tas d’exercice variés. On change les objectifs et les consignes tout le temps. On peut tout a fait faire certains exercices plusieurs fois avec
le même thème de départ et donc faire et refaire une “même” scène avec des variantes.
En revanche en match d’impro, les règles sont beaucoup plus strictes. Je ne suis pas un spécialiste, mais l’objectif est d’assurer son impro du 1er coup. donc pas de reprise d’une réplique si c’est
raté. Show must go on.
9 octobre 2011 at 3 h 51 min
Donc, on rejoint bien l’idée de préparer son perso et s’entrainer afin d’être meilleur dans sa prestation, sans possibilité de reprise en jeu. ( A noter qu’on peu envisager des reprises mais dans
des cas bien plus extrêmes qu’un mauvais jeu)
Tu parles d’ailleurs du fait que l’on ne s’entraine pas à faire du gn. C’est loin d’être une généralité. J’en connais certain qui le font et qui s’entrainent a joueur leur personnage, parfois en
groupe, avant le jeu.
Dis moi si je me trompe Baptiste, mais j’ai l’impression dans cet article que l’on mélange préparations et exercices en vue de préparer le jeu et le jeu en lui même comme on mélangerait les
répétitions et la pièce en soi.
Et le spectacle est la représentation devant un public, pourquoi l’opposer à exercice ? Le gn n’est t’il pas un spectacle interactif ?
10 octobre 2011 at 3 h 05 min
@ tilleul.
je mélange effectivement un peu l’idée de s’exercer avant le jeu et pendant le jeu. Parce que, même inconsciemment, on n’est pas devenu le personnage à 100% durant le jeu. On est toujours conscient
qu’on est en train de jouer. Et on peut (je n’ai pas dit “doit”) avoir des réflexions sur son jeu et son interprétation pendant le live également.
10 octobre 2011 at 3 h 09 min
Et dire que je fais un jeu sur le théâtre… 🙂
Que le joueur s’imagine des scènes avant le jeu pour s’entrainer à l’incarner dans sa tête, je n’ai pas de souci avec ça (voir ce que dit Moz), c’est d’ailleurs souvent le travail du scénariste qui
le crée.
En revanche, je rejoins totalement Emilie et Lucy, réfléchir pendant le jeu sous forme de scènes et vouloir de trop “placer” ou “enchainer des scènes”, c’est réfléchir en tant qu’acteur cherchant à
produire un spectacle, et non en tant que personnage vivant son histoire. C’est une forme de jeu possible (tendant clairement vers le théâtre d’impro), mais ce n’est pas du tout celle que je
propose (du moins dans les miens).
Pour le dire autrement, je préfère au joueur qui se dirait “tiens, je vais me mettre en colère, ça fera une jolie scène” celui qui devant ce qu’il entend sent son sang bouillir et part dans une
colère noire. Je ne veux pas d’un joueur qui se dise, tiens et si là je pleurais ce serait émouvant, mais d’un joueur réellement touché qui ne peut retenir ses larmes de couler. C’est toute la
différence entre vivre un personnage et le jouer.
Alors à l’évidence, il y a forcément un peu des deux dans un jeu, et que le joueur cherche parfois à théâtraliser, ce n’est pas bien grave, mais qu’il érige cela en “méthode”, c’est aller un peu
trop loin, pour moi.
10 octobre 2011 at 8 h 59 min
“Je ne veux pas d’un joueur qui se dise, tiens et si là je pleurais ce serait émouvant, mais d’un joueur réellement touché qui ne peut retenir ses larmes de couler.”
C’est marrant, sur le premier jeu où j’ai pleuré (Le charnier des sacrifiés), en lisant ma fiche, je me suis dis “je suis sur qu’il va se passer ça pendant le GN, ça serait bien que je pleure à ce
moment-là”. Et quand le moment m’est tombé dessus pendant le jeu, alors que je ne m’y attendais pas du tout, je suis parti en pleure (dans les bras de Baptiste en plus :p ), mais sans que je ne
puisse rien contrôler. Au final, je suis content d’avoir vécu les sentiments et de ne pas juste les avoir joué. Mais bon, comme ça ne m’était jamais arrivé et que j’étais jeune dans le GN, je ne
pensais pas que ça pouvait arriver.
Bref, maintenant, j’avoue préférer ne pas prévoir ce qu’il va se passer pour vivre les choses plus intensément le moment venu.
11 octobre 2011 at 9 h 38 min
L’un empêche pas l’autre, on peut soigner sa composition et imaginer comment son personnage réagit, ressent et réfléchis sans pour autant prévoir des scripts à jouer.
Il y a aussi la question de la forme (apprentissage de posture, mimique, jargon et dialecte )
La préparation est pour moi surtout nécessaire si la personnalité jouée est très différente de la sienne.
Idéalement le joueur vivra instinctivement son personnage, mais ce n’est pas toujours le cas.
La synergie entre les sentiments du personnage et celle du joueur peut être difficile et le joueur usera de son intellect pour compenser.
( Alors oui, je suis censé être timide et taiseux, il faut que j’aie assez de recul sur moi même pour ne pas bavarder chaleureusement avec les autres. Oui je suis un homme violent qui bat et
dénigre sa femme, je dois la rabaisser systématiquement alors que je suis irl un féministe accompli)
Je cite là des exemples d’opposés, mais ce n’est pas encore le plus difficile à jouer, car on reste dans un registre de valeurs connues. La vraie difficulté est de jouer un personnage ayant des
valeurs étrangères. Jouer un schizophrène paranoïaque ou un psychopathe est un vrai casse-tête et dépend entièrement de l’intellect et des connaissances du joueur et pas de ses sentiments. Ce genre
de rôle non préparé a toute les chances de tomber dans le stéréotype.
À ce sujet, vous avez remarqué que bien souvent, les joueurs choisissent ou se voient attribués des perso qui leur ressemblent, voir se joue eux-mêmes.
C’est à la fois un avantage (grande synergie) et un inconvénient (toujours la même chose, peu de réelle interprétation)
12 octobre 2011 at 8 h 58 min
Pour rebondir sur l’avis exprimé par Fredou : dénué de ressenti authentique, l’exercice suggéré par l’article me fait bondir d’horreur. A l’inverse, certains GNs m’ont amené à regretter que les
joueurs (moi le premier) n’aient pas une démarche instantanée de recherche de théâtralisation de leurs actes de jeu, comme pourrait le permettre l’exercice suggéré. Quand un personnage/joueur
ressent quelque chose de fort, à même de susciter des réactions chez les autres, quel dommage de les garder pour soi. Je ne dis pas qu’il faut tout le temps dévoiler son intimité en public, mais au
moins laisser entrevoir le trouble, la confusion, continuer à se maintenir comme un acteur du jeu plutôt que le subir, de façon imperceptible et isolée.
A mon sens, ces deux attitudes, intériorisation et auto-mise en scène, ne sont pas incompatibles, même s’il est difficile de les juxtaposer. C’est pourtant tout le défi explicite du GN en tant que
pratique : réussir à être à la fois acteur, spectateur et metteur en scène en même temps.
12 octobre 2011 at 3 h 51 min
Personnellement, j’aime bien préparer l’interprétation de mes persos (pas autant que Bross, mais au moins trouver des inspirations sur la démarche, la façon de s’exprimer, l’état d’esprit général,
etc.), mais je n’aime pas jouer le jeu avant le jeu.
Du coup, un GN est surtout une grande et unique scène, et je joue plutôt au ressenti pur. Les seuls moments ou je me pose des questions sont de 2 natures totalement opposées :
1- Lorsque je sens un coup de mou. ça arrive souvent d’avoir l’impression de décrocher, c’est facile de mettre ça sur le compte d’un jeu mal rythmé, mais c’est aussi aux joueurs d’assurer cette
rythmique, donc là je prends quelques instant pour me replonger dans le perso en revenant aux fondamentaux ‘état d’esprit, fiche, interractions passées et potentiellement à venir, etc.) et je tente
de repartir. Parfois aussi un moment de creux est normal pour n perso si il se retrouve esseulé à un moment du jeu, et dans ce cas là je tente de rester totallement en jeu, et de prendre en compte
ce passage du pdv du personnage.
2- Lors de la préparation d’un climax. J’ai besoin d’intérioriser les climax pour bien les réaliser. ça a été le cas sur tous les gn qui m’ont marqué, j’ai un fort besoin de préparer ma propre mise
en scène, d’arriver à envisager un truc abouti, cohérent et élégant, un truc qui envoit, qui impliquera fortement mes partenaires, et qui en fera un fort moment de partage dans le jeu. Et
d’ailleurs, ça a été totalement le cas sur le jeu de Frédou, sans cette intériorisation profonde (et parfois un peu longue) pour bien préparer ce temps fort et en sortir l’aboutissement, jamais je
n’aurais pu me lancer sur la scène que ça a donné. Parfois cette préparation dure plusieurs dizaines de minutes, pendant lesquelles je reste bien sur en jeu, qui reste la meilleurs source
d’inspiration pour bien construire ce genre de mécanique.
Le deuxième cas est bien sur loin d’arriver systématiquement, mais quand j’en arrive là, je sais que je touche quelque chose, que le jeu a atteint son but. ça a été le cas récemment sur le
Highlands(2011) et sur l’agonie(2011); ça a aussi été le cas de façon moins consciente sur le bal de promo(2005), les bohémiens(2006), la faille(2007); ça a été le cas de façon totalement
instinctive et hasardeuse sur le lupanar (2003). Ces phases sont emblématiques je pense de mon évolution en tant que joueur.
14 octobre 2011 at 4 h 50 min
Pour revenir en détail sur les exercices suggérés : comme je l’ai dit avant, les exercices en tant que tels ne me paraissent pas pertinents s’ils sont dénués de ressenti authentique. Tout en ayant
conscience de la difficulté d’être à la fois “dedans” et en “recul” ET en gardant à l’esprit des priorités comme l’immersion, la spontanéité, le ressenti, et une quête de qualité et de visibilité
dans les échanges entre personnages et le déroulement des intrigues, voici quelques réflexions sur les exercices proposés. Evidemment, si les priorités ci-dessus ne sont pas les vôtres, ça ne
signifiera rien pour vous. Sinon, vive le débat.
Trucs 1, 5, 6, et 7
Ce découpage narratif et dramatique est à mon sens préférable, même si les GNs qui l’induisent volontairement ne sont pas légion (le Chicago en était un superbe exemple, même malgré les ratés des
agendas de personnage). Qu’importe, il peut appartenir aux joueurs de prendre ce “découpage” en main, qui présente vraiment plusieurs atouts très valables :
mieux appréhender le développement d’une intrigue donnée (surtout parmi beaucoup d’autres, le cas échéant).
profiter pleinement d’une atmosphère ou d’un lieu donné, lorsqu’il sert de décor à une scène précise.
faire face à un nombre limité de protagonistes, à priori vraiment impliqués dans l’intrigue en cours puisque venus au rendez-vous.
un GN c’est souvent un gigantesque bordel avec beaucoup de bruit, de parasites, de désinformation. faire régulièrement le tri dans ce bruit ce n’est pas du luxe.
enfin, rester constamment en “construction de jeu”, quitter une scène et se garder un moment pour soi et faire le point avant la suivante, c’est aussi éviter le moment creux, le coup de mou, le
camping au bar / taverne / salon de thé et la petite discussion entre potes qui part vite sur le hors-jeu, même si c’est convivial.
Truc 2 et 4 :
me gêne beaucoup plus. préparer un personnage ce n’est pas, à mon sens, anticiper sur l’histoire, au risque de perdre fraîcheur, surprise et spontanéité. je pense qu’un personnage, c’est un peu le
“vrai costume” du joueur : ce qui est important, c’est de réussir à l’enfiler, de le mettre à sa taille, d’être bien dedans pour pouvoir s’ouvrir aux autres (non, il n’y aucun message caché dans
cette phrase). imaginer comment il parle, son registre de langage, son champ lexical, ses habitudes, ses tics éventuels, ses tabous, ses priorités, sa façon de penser, de considérer autrui, oui.
mais comme disait quelqu’un plus haut, le jeu ne devrait toujours commencer qu’au… début du jeu, pas avant.
Truc 3 :
à mon avis très dispensable formulé comme ça. il me semble que lors de la préparation du rôle, il y a toujours des aspects du personnage qui impliquent/concernent plus le joueur que d’autres, et la
priorité des intrigues et des enjeux en découle assez naturellement, pas forcément besoin de lister et classer ça.
Truc 8 :
sur ce dernier point, là encore je bute sur la formulation, pas forcément sur l’esprit de l’exercice. la notion d’efficacité me gêne un peu. de même, si je pense qu’il est pertinent de s’interroger
sur la qualité de son jeu entre deux GNs, en vue de proposer un jeu plus abouti par la suite, je crois que le faire pendant le jeu, avec la perspective de changer son interprétation, est une
attitude tout à fait propice pour sortir du jeu. si je reprends l’idée que le personnage est le costume du joueur, s’interroger constamment sur “de quoi on a l’air” c’est très vite nombriliste et
ça peut gêner l’observation de son environnement ou des autres personnages. et puis ça reste très difficile d’analyser sa propre interprétation voire de corriger le tir, à chaud. alors qu’avec du
recul, ça me paraît plus productif.
24 octobre 2011 at 0 h 14 min
On s’en doute, je rejoins totalement Joris et Bross dans leurs excellents commentaires. Donc, je ne reviens pas sur le contenu dérangeant de ces exercices.
En revanche, il y a une chose que l’on n’a pas encore dite et qui m’horrifie vraiment. Le jeu des autres doit-il être considérer de cette façon comme un terrain d’exercices et d’expérimentations
personnelles ?
Quand un joueur vient sur mon jeu, le seul exercice que je veux le voir pratiquer et celui que je lui propose à travers les intentions de mon jeu (on le sait, une immersion forte dans le
personnage). Ce style d’exercices, d’expérimentations, n’y aurait clairement pas sa place, et me foutrait vraiment en rogne.
24 octobre 2011 at 1 h 06 min
Je vois difficilement comment, et même pourquoi, étant donné que chaque joueur a sa façon personnelle d’appréhender un rôle, et qu’elle est en plus rarement figée dans le temps, mais évolue souvent
avec l’expérience d’un GNiste.
Quelqu’un qui utiliserait ces exercices pour s’approprier un rôle et le jouer au mieux aurait peut-être une méthode qui ne te correspond pas, mais le résultat visible ne serait pas vraiment
différent de quelqu’un utilisant une autre méthode.
24 octobre 2011 at 1 h 31 min
Comment je m’en rends compte en jeu ? Probablement pas, sauf s’il en parle en dehors. 😉
24 octobre 2011 at 1 h 43 min
Et donc je vois mal où se situe le problème et pour quelle raison cela “t’horrifie vraiment”.
24 octobre 2011 at 3 h 44 min
Pourquoi cette méthode me dérangerait sur mon jeu, je l’ai déjà dit, parce que tous mes efforts d’organisateur vont dans un sens contraire, celui d’inviter les joueurs à ressentir plus qu’à trop
réfléchir à un méta-niveau de ce genre, à vivre, plus qu’à jouer. Pour prendre un exemple qui vaudra ce qu’il vaudra, c’est un peu comme si un spectateur de cinoche disait à la fin de chaque scène,
je vais mettre le film sur pause, faire le point sur les scènes passées et m’imaginer les événements futurs,… Je crois que le réalisateur qui a fait beaucoup d’efforts pour qu’on vive les
événements intensément en oubliant qu’on regarde un film, ça ne lui ferait pas trop envie.
Maintenant pourquoi ça m’horrifie, c’est autre chose, et même assez indépendant de ce que contient l’exercice, c’est le principe même de proposer aux joueurs un “exercice” sur le jeu des autres. Le
seul exercice est celui que vous propose l’orga dans les intentions de son jeu. Que vous en proposiez dans vos propres jeux, en invitant les joueurs à les suivre, c’est un terrain d’expérimentation
parfaitement louable. Proposer des “exercices” à appliquer d’une manière générale dans le jeu des autres, tout comme proposer aux joueurs le freeplay pour se donner le droit d'”améliorer” les jeux
qui les ennuieraient de trop, m’horrifie autant par la prétention de la chose, que par les incidences potentielles.
24 octobre 2011 at 5 h 28 min
On pourrait débattre longtemps de ce genre d’exercices et de l’interprétation toute personnelle que tu en fais. On pourrait par exemple rétorquer qu’en s’entraînant à mieux jouer, on parviendra de
plus en plus à le faire de façon spontanée, et donc à faire peu à peu disparaître cette réflexion de méta-jeu pour se concentrer sur le ressenti, on pourrait aussi interpréter ces exercices de
réflexion pendant le jeu comme un bon moyen de remplir les séquences d’attente entre deux moments forts en évitant justement de sortir du jeu. Chacun peut se faire son opinion sur la méthode et les
commentaires montrent la diversité des avis à ce sujet, avec des arguments souvent fort recevables, justifiant tout à fait le débat.
En revanche en ce qui concerne la notion d’exercice à réaliser sur un jeu, je pourrais répondre que ta position m’horrifie vraiment, si j’étais à ce point amateur de superlatifs. Tout joueur qui
prépare un rôle expérimente, va tester une façon de jouer plutôt qu’une autre, va se poser des questions sur ce qu’il doit faire ou non pendant le jeu. Proposer cet exercice, c’est proposer à un
joueur de nouvelles questions à se poser, et un angle d’approche peut-être un peu différent de celui qu’il utilise d’habitude pour trouver des réponses à ses questions et agir en conséquence. C’est
pourquoi je ne vois guère ce qu’il peut y avoir d’horrifiant.
Pousser ta logique jusqu’au bout, c’est empêcher toute communication entre les joueurs de GN et toute réflexion sur la façon d’aborder un jeu pour un joueur, ce qui serait extrêmement sclérosant
pour l’activité.
24 octobre 2011 at 6 h 21 min
Merci pour cet article.
Il me semble indéniable que cette méthode ait une certaine pertinence pour améliorer l’efficacité d’un joueur dans sa capacité à interpréter durablement un personnage . La préparation,
l’objectivation, le questionnement, la critique constructive étant des éléments pouvant améliorer le développement de savoir-faire plus rapidement que l’expérience brute.
Les “trucs” proposés répondent aux attentes d’une personne qui souhaiteraient maintenir un haut niveau d’interprétation. Par contre ils freinent indubitablement les effets “immersifs” du GN.
J’utiliserais donc plus naturellement ces idées pour les PNJ, qui ont pour objectif principal de “donner du jeu”. Naturellement plus proche de la fonction d’acteur de théâtre que de joueur.
Ou pour les joueurs dont l’un des objectifs en GN est d’apprendre et de s’améliorer en matière d’interprétation théâtrale.
26 octobre 2011 at 4 h 01 min
Tu me fais dire ce que je n’ai pas dit Vincent. Je n’ai à l’évidence rien contre analyser la manière dont on joue, dont on a joué, rien contre le débat et la discussion. Et je n’ai pas l’impression
de scléroser le monde du GN par ce que je dis ni par ce que je fais.
En revanche, si à un autre extrême je proposais un exercice, disons totalement idiot, en invitant des joueurs à le pratiquer sur tes jeux, tu ne serais pas forcément joyeux. D’où une limite quelque
part, et pas forcément dans le fait que l’exercice doit être à minima judicieux, il ne le sera pas pour tout le monde, pas pour tous les jeux…
A mes yeux, l’exercice à pratiquer sur un jeu est celui que nous propose son auteur. Il ne me viendrait pas à l’idée de dire à un joueur dans l’absolu fais ci ou fais ça, tu joueras mieux, quel que
soit le jeu et sans même le connaître. Qu’on en discute comme d’une méthode n’est pas le problème, qu’on soit d’accord avec ou pas, mais quelle qu’elle soit, qu’on invite à l’exercer ailleurs que
sur son jeu à soi, ça me gène beaucoup. J’espère que tu comprends mieux mon propos.
26 octobre 2011 at 5 h 43 min
je reviens sur la “barrière de l’horreur” entre Vincent & Fred. Au-delà des personnes (et des recherches de catégorisation), je crois que c’est l’expression d’une alternative essentielle au
sein de la pratique du GN, soit le positionnement entre l’art et la technique.
d’un côté, la perception du jeu comme objet complexe à plusieurs facettes, qu’on cherche à analyser, comprendre, définir, en commençant par la création d’outils ou de schèmes de modélisation,
démarche qui relève de l’intellect.
de l’autre, la conception du jeu comme une oeuvre à part entière, qui ne peut (ni même ne devrait) être décortiquée, analysée, définie, mais seulement vécue et ressentie, démarche qui relève donc
de l’affect.
je n’opposerais pas ces deux démarches car je crois qu’elles se nourrissent mutuellement, tant lorsque l’on est joueur que lorsqu’on est organisateur. je crois surtout que parfaitement isolées
l’une de l’autre, elles deviennent parfaitement vaines.
autant jouer à un bon jeu de plateau allemand pour l’une, et s’inscrire à un cours de théâtre pour l’autre.
et encore : on peut s’offrir de vraies sensations autour d’un bon jeu de plateau comme on doit s’approprier un bagage technique pour prétendre être acteur.
j’aime l’ouverture et la finalité de la démarche technique : comprendre, améliorer, transmettre au plus grand nombre.
je redoute ses excès : modéliser à outrance, désenchanter, déshumaniser.
j’aime la beauté de la démarche artistique : exorciser ses propres obsessions, leur donner une forme, un nom, ciseler patiemment une oeuvre entière qui réponde parfaitement à ses propres attentes
et trouve en écho celles du public.
je connais ses revers : hermétisme, déception, ou corruption du matériau proposé.
un GN “parfait”, serait à la convergence des qualités des deux démarches : un sujet maitrisé, bien compris et bien écrit, un jeu équilibré et rythmé, où challenge ludique et émotion ressentie
s’alternent et s’entremêlent dans un contexte qui demeure limpide et respecté par chaque participant, sans négliger son lot de surprise et d’émerveillement.
26 octobre 2011 at 7 h 03 min
Frédou, si tu proposais un autre exercice à réaliser sur des jeux, nous discuterions de celui-ci, mais il me semble absolument vain de discuter d’exercices « dans l’absolu », sans même savoir de
quoi nous parlons. En ce qui concerne ceux proposés dans cet article, ils s’adressent à des joueurs désireux de travailler leur manière de jouer un rôle, ce qui concerne l’ensemble des jeux,
puisque jouer un rôle est encore quelque chose de commun à tous, jusqu’à ce qu’un scandinave fou invente le jeu de rôle sans rôle.
C’est en cela que j’affirme que ta position serait sclérosante pour l’activité si elle était appliquée. Si je trouve une façon d’aborder un rôle qui me semble intéressante à faire partager, vaut-il
mieux que je me contente d’en parler à mes joueurs sur les jeux que j’écrirai (on voit tout de suite le problème que cela peut poser au simple joueur qui n’écrit pas de jeu), ou que j’en parle au
plus grand nombre pour leur proposer cette méthode et la confronter ainsi au débat public afin de l’enrichir avec les opinions diverses ? On voit bien qu’en appliquant la première solution, les
échanges entre GNistes et associations différentes seraient bien vite limités.
26 octobre 2011 at 8 h 57 min
Il y a surement de ça, Bross. 😉 Ma position défend probablement une forme de GN où l’auteur a une vision forte de ce qu’il propose à ses joueurs à travers son jeu, ce qui n’est pas le cas de tous
(et c’est bien dommage).
Encore une fois, Vincent, je ne suis pas contre le débat et la discussion autour de cette méthode, je suis contre l’invitation ouverte à pratiquer “librement” un “exercice” sur le premier jeu venu,
ce qui est vraiment tout autre chose. Si le joueur dont tu parles veut essayer une méthode, tenter une expérience, pourquoi ne pas en parler avec son orga, seul interlocuteur à avoir une vision
complète des intentions et des mécanismes de son jeu, pour voir avec lui si ça lui semble approprié ou non ? Je n’ai jamais rien contre quelque pratique que ce soit qui serait consentie. Mais le GN
d’un autre n’est pas un terrain de jeu pour y essayer de son propre chef n’importe quel exercice ou expérimentation, sinon avant toute chose l’exercice que lui vous propose.
Bien-sûr, dans bien des jeux, ça passerait sans doute, mais dans le mien, par exemple, ça me ferait profondément chier, parce que contraire à l’ensemble de ma démarche qui ne consiste pas à faire
produire au joueur un spectacle découpé en scène mais à lui faire vivre intensément quelque chose.
26 octobre 2011 at 9 h 22 min
“jouer un rôle est encore quelque chose de commun à tous”
En fait, c’est dans cette phrase que doit naître une part de nos divergences. Est-ce vraiment si commun ? On peut “jouer un rôle” de manières différentes mais aussi et surtout avec des objectifs
différents ? Le “jouer un rôle” du théâtre ou du théâtre d’impro n’est pas le même que celui du GN. Le premier favorisera le rendu extérieur, le second le plaisir du joueur. Est-ce le même d’un GN
à l’autre ? Ce n’est pas vraiment sûr non plus, tout dépend des intentions du jeu.
Un exercice pour “mieux” jouer un rôle ? Oui, mais mieux vis à vis de quel objectif ? Le “mieux” que j’essaye d’obtenir de mes joueurs par mon travail d’orga, c’est les voir vivre plus fort,
ressentir plus intensément, et c’est pas tellement le “mieux” que me semble encourager cette méthode.
28 octobre 2011 at 0 h 56 min
Si je suis ton raisonnement Frédou, tu es pour le débat et la discussion autour de cette méthode, mais contre le fait de la proposer publiquement, condition préalable pourtant nécessaire pour qu’il
y ait débat. Voilà qui me semble mener à une belle impasse. 🙂
28 octobre 2011 at 1 h 33 min
Pas du tout. Je suis contre inviter à pratiquer un “exercice” sans considération pour les spécificités d’un jeu, pour l’exercice proposé par son auteur qu’il est en lui-même, et donc sans en
discuter avec les gens concernés, ie les organisateurs du jeu.
Vous prétendez que cela peut apporter un “mieux” jouer, je dis que ce “mieux” est extrêmement discutable, qu’il dépend de ce qu’on veut entendre par “mieux”, qu’il dépendra probablement des
intentions des jeux auxquels on l’applique, et qu’il ne s’impose pas.
L’article s’appellerait “ma méthode à moi” par Baptiste C., je rigolerais peut-être plus. Mais “8 trucs à faire lors de votre prochain jeu”, je trouve cela prétentieux et vachement gonflé.
28 octobre 2011 at 1 h 56 min
Ah, c’est le titre qui te gêne. Fallait le dire tout de suite. C’est fou comme la barrière est mince entre ce qui est acceptable et ce qui est horrible.
28 octobre 2011 at 2 h 06 min
Le titre est révélateur d’une démarche. 😉
2 novembre 2011 at 3 h 32 min
Perso, je trouve que l’exercice a un certain interets.
Cela permet de créer une hierarchie de ses objectifs, d’essayer de voir ce que l’on peut apporter au jeu.
Je le tenterais sur un prochain GN qui pourra s’y préter.
Effectivement je pense que l’exercice ne convient pas a tous les jeux.
Donc à tester pour ma part