Impliquée dans l’organisation de LABOGN 2014, je me suis vue confier la responsabilité du jeu d’introduction de l’événement. Dans cet article, retour sur la création d’un GN pour enfants pour adultes. Dans cet article, un jeu clé en main pour ton anniversaire parce que même ta mère et ton frère peuvent jouer.
Le pourquoi
La colonie de vacances des jeux de rôles grandeur nature LaboGN ne pouvait commencer sans un jeu d’introduction. Non pas qu’on n’ait pas joué pendant la semaine, plusieurs jeux ont été organisés, mais ces derniers accueillaient entre deux (Drunk, Tant d’espace, Équilibres…) et douze joueurs (Huntsville et Sarabande). Or, nous étions 27 participants en ce dimanche de juillet, 27 personnes qui ne se connaissaient pas, mais qui étaient pourtant venues partager une semaine ensemble.
Le but d’un jeu d’introduction est de briser la glace entre les participants. Il doit être court, inclusif. J’avais aussi décidé qu’il n’y aurait ni fiche, ni backstory. Il devait symboliser l’essence du jeu de rôle grandeur nature soit : une rencontre entre des gens qui, par le biais d’un rôle, interagissent physiquement dans un monde fictif (c’est pas moi qui le dit, c’est la Fédé).
Je voulais aussi qu’on utilise le lieu en mode “what you see is what you get” (ce que tu vois est ce que tu as). J’avais choisi un des dortoirs du gîte, qui se prête aux cabanes de couette comme aux invasions zombies : un long couloir qui donne sur des chiottes, et plein de box de deux à cinq lits chaque.
De plus, je m’étais donné une contrainte créatrice : tout le monde devait « perdre » dans ce jeu en acceptant la mort de son personnage. Un jeu résolument narrativiste pour déconstruire les habitudes de certains joueurs. Le GN Zombie me parut être une bonne idée, car la mort du personnage le fait renaître sous une nouvelle forme.
Enfin, ce qui me semblait essentiel dans ce jeu, c’était de retrouver un rapport au jeu proche de l’enfance. Je m’explique : lorsque nous étions petits, il n’était pas rare que nous fassions du jeu de rôle, de façon spontanée et libre. La liberté, la spontanéité et la créativité étant des états indispensables au bon déroulement de LaboGN, je voulais que les joueurs se mettent dans cette ambiance.
Une influence notable pour l’organisation de ce GN fut le micro GN zombie des Gniales Aquitaine 2013 créé par Cédric Lhomond, beaucoup plus axé action que celui que vous allez découvrir dans la seconde partie de cet article, mais également très simple à mettre en place.
Le comment
D’abord, j’ai commencé par expliquer tout ce que vous avez lu plus haut aux participants, pour qu’ils comprennent dans quel délire on partait. On ne le répétera jamais assez, la communication c’est la base de ton GN, et quand tu fais confiance à tes joueurs comme c’était le cas ici, c’est 80% du GN.
Une fois qu’on a dit ça, il manque le prétexte, l’alibi en somme, ce qui permet d’interagir avec les autres de façon libre et spontanée : le rôle. J’avais décidé que les joueurs seraient des adolescents en colonie de vacances. Ouais, j’ai carrément triché : je voulais que les premiers liens que les participants créent ensemble soient ceux qui les unissent jusqu’à la fin de l’aventure LaboGN. L’adolescence, pour moi, c’est l’âge des découvertes, de l’esprit critique, des premières fois et de la refonte du monde. C’est l’âge LaboGN.
Donc, quatre groupes d’ado : les Geeks, les Sportifs, les Plastiques et les Rebelles. Chacun devait choisir son groupe avant de choisir son personnage, et ensuite, expliquer aux autres ce qu’il voulait jouer. Le groupe pouvait aider les indécis à construire leur personnage, l’idée était que tout se fasse ensemble.
Ensuite, chaque personnage choisissait un personnage avec qui il aurait une relation dans un autre groupe, cette fois-ci sans le révéler. Cette relation pourrait apparaître pendant le jeu, ou pas, c’était un levier qu’on pouvait activer ou pas. Ce jeu reposait sur l’acceptation : si à un moment donné quelqu’un arrivait et disait « merci de m’avoir couvert l’autre jour avec le mono », cette affirmation était vraie et s’ajoutait à la –maigre- backstory de votre personnage. Les autres joueurs pouvaient définir autant de choses que soi sur son personnage, et vice-versa. L’idée était que l’histoire se construise avec tout le monde, un peu comme en improvisation théâtrale.
Une fois que tout cela est défini, tout le monde va dans le dortoir et chacun choisit un box. Les zombies vont arriver, tout le monde le sait, et tout le monde attend. Les zombies, c’est deux participants volontaires qui se sont fait maquiller par BomberMarc de Trollcalibur pendant que les autres définissaient leurs personnages. Ce dernier a fait un super boulot en moins de quinze minutes.
Le débrief
Ce jeu est très simple et il a duré 1h30, ateliers compris. Je pense que personne ne s’attend à s’amuser sur un GN installé en 20 minutes et joué en 45. Un joueur a dit en terminant le jeu : « C’est pas le meilleur GN que j’ai fait, mais c’est certainement pas le pire.» Il fonctionne sur des mécanismes basiques, il est court, il n’y a ni fiche de personnage, ni scénar, ni compétence… et pourtant, force est de constater que la plupart des joueurs s’est amusée. J’ai fait exprès de ne pas faire arriver les zombies tout de suite pour laisser les joueurs mariner, du coup ils ont construit des barricades de matelas pour se protéger.
Les joueurs savaient très bien que ces barricades ne seraient d’aucun secours, mais leurs personnages étaient désespérés. Les joueurs savaient très bien que la mort rodait, et pourtant les personnages se sont battus jusqu’au bout. Aucun enjeu sinon celui de partir en beauté, de donner la fin la plus crédible et fun à leur personnage.
L’an prochain, rebelote. Je ne sais pas quel alibi je trouverai cette fois-ci, les zombies mettent la barre très haut, mais ça sera encore plus fort, encore plus fun ! J’espère que cet article vous aura donné envie de venir jouer avec nous l’an prochain.
Lila CLAIRENCE
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Un vrai kif 🙂
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Braiiiiiiiinnn !
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De beaux souvenirs !
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Vivement que je teste ce Proof Of Concept