Last Will est un GN international dont la première session s’est récemment tenue à Stockholm. On y joue des esclaves dans une écurie de gladiateurs futuriste (le contexte du jeu – univers, personnages, etc. – est détaillé sur le site officiel www.lastwilllarp.com). Ce qui suit est un aperçu de ses caractéristiques remarquables du point de vue du GN français.
AVANT LE JEU
Avant tout, les organisateurs communiquent clairement l’approche du jeu : la priorité doit être donnée à l’intérêt dramatique, plutôt qu’à la compétition ou à la cohérence (approche narrativiste en langage GNS). Ceci permet d’éviter tout malentendu entre participants.
Des méthodes sont aussi indiquées pour aider au roleplay déshumanisant : par exemple, parler des esclaves de statut inférieur devant eux, comme s’ils n’étaient pas là, ou ne pas prendre en compte leur avis.
Ensuite, les joueurs reçoivent une description relativement succincte de l’univers et des personnages. Seuls les éléments fondamentaux sont détaillés. Les joueurs sont explicitement encouragés à définir tout le reste eux-mêmes, en collaboration les uns avec les autres. Cette coopération est facilitée par la transparence entre joueurs promue par les organisateurs concernant les personnages. Connaître les secrets des autres participants de son groupe permet de garantir qu’ils seront utilisés à bon escient en jeu.
Un autre point remarquable est que chaque personnage a une destinée : un acte à accomplir dans la mesure du possible pendant le jeu (comme par exemple agresser tout personnage qui s’intéresserait aux exactions passées du mien).
Enfin, les personnages sont presque tous bisexuels et sans sexe défini. Ils sont donc tous accessibles aux participants des deux sexes.
LES ATELIERS PRE-GN
Le jeu est précédé d’une demie journée d’ateliers préparatoires.
Une partie importante est consacrée à l’apprentissage et à l’entraînement de deux méta-techniques : ars amandi et ars marte. Celles-ci permettent de jouer des scènes de sexe et de combat à mains nues avec du roleplay et une implication émotionnelle et physique, mais un risque minimal.
Une seconde partie des ateliers est destinée à permettre aux joueurs de faire connaissance avec les autres joueurs, ainsi qu’avec les autres personnages, et à affiner les relations entre personnages. Il peut s’agir par exemple de se placer le long d’une ligne en fonction de l’opinion de son personnage sur un thème du jeu. Ou encore de regrouper les joueurs par profession de leur personnage pour qu’ils discutent de leurs relations et de comment ils vont simuler leur métier en jeu.
Enfin, les derniers ateliers pré-GN servent à établir l’atmosphère du jeu. Certains jouent sur le manque (par exemple : on joue des singes qui se réveillent et il n’y a pas assez de fruits pour tous). D’autres sur la hiérarchie : par exemple, on lave ses sous-vêtements par ordre de statut. D’autres enfin sur la déshumanisation : par exemple, on fait un rapport sur un autre personnage devant lui, en s’adressant à un administrateur.
Comme toujours, un intérêt de ces ateliers est qu’ils permettent de ressentir certaines interactions ou réalités beaucoup plus fortement que lorsqu’elles sont décrites dans une fiche de personnage.
À noter que certains ateliers sont expliqués sur une feuille de papier et autogérés en petits groupes par les joueurs, permettant à quelques organisateurs de superviser un grand nombre de petits groupes.
PENDANT LE JEU
Le jour, chacun s’occupe des combattants (entraînements, sexe, examens médicaux ou psycho, discussions avec le coach media, etc.). Il y a aussi des intrigues a gérer (amour, vengeance, secrets, etc.). Le tout dans une ambiance de prison. Ces journées sont ponctuées par des combats, qui se passent hors-jeu (les personnages suivent le combat à la radio, puis voient revenir les combattants couverts de sang). La nuit c’est couvre-feu.
Au niveau de l’espace, tout se passe dans un vrai dojo, avec des punching bags, des haltères, un ring de MMA, etc. Des tentures en plastique définissent l’espace de vie (réduit) de chaque équipe. On dort sur les tatamis. Il y a un espace de bureaux pour l’administration et des douches et des sanitaires.
Les organisateurs ont mis en place un fonctionnement où les personnages n’ont que très peu de contrôle sur leur sommeil, nourriture, vie sexuelle et autres activités (entraînements, convocations médicales…). Des colliers servent d’identification et de matériel de sécurité. L’ensemble s’inscrit clairement dans un cadre d’oppression et de déshumanisation des personnages.
Les organisateurs interviennent eux-mêmes très peu dans le jeu, avec quasiment aucun événementiel. Leur rôle consiste essentiellement à gérer la logistique, et notamment la préparation de la nourriture (végétarienne et sans gluten pour tous). Ils sont également explicitement à la disposition de joueurs éprouvant tout type de problème, ou ayant besoin de repos/nourriture/réconfort.
Il en résulte un fort sentiment de responsabilité partagée par tous de la réussite du jeu, et notamment de la qualité du jeu offerte aux autres. Les joueurs sont d’ailleurs encouragés à faire le point hors-jeu deux fois, par petits groupes, afin de discuter de leurs besoins éventuels.
Pour finir, notons la mise à disposition d’une black-box pour jouer des scènes ne se déroulant pas dans le présent du jeu, et l’utilisation des mots de sécurités “brake” et “cut”.
APRÈS LE JEU
L’après-jeu est consacré à trois choses : la sortie ritualisée du personnage, le debriefing en petits groupes, et le message politique (l’esclavage contemporain). Dernière chose avant le départ : on assigne à chaque joueur un binôme avec lequel débriefer une semaine après le jeu, afin de vérifier que chacun s’est bien remis du jeu.
En conclusion, parmi tous les points évoqués ci-dessus, je retiens deux aspects particulièrement réussis et “reproductibles” de ce GN :
– une vision clairement exprimée des fondamentaux du jeu, avec des règles, des ateliers et une structure de jeu au service de ces fondamentaux ;
– le fort sentiment de responsabilité de chacun envers les autres participants.
Hoog
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1 septembre 2014 at 10 h 01 min
“la priorité doit être donnée à l’intérêt dramatique, plutôt qu’à la compétition ou à la cohérence (approche narrativiste en langage GNS)”
Euh, ils estiment qu’une bonne narration, c’est faire du “drama” avant de se soucier de la cohérence interne du jeu ? Tout en forçant des objectifs de jeu basiques?
On doit vraiment pas avoir la même conception de l’approche narrativiste pour un gn “sérieux”.
Et ils estiment que la compétition n’est pas pour ce gn un moteur (En jeu) de la narration ?
Pour un jeu sur des gladiateurs, c’est un peu aberrant non ? (Bon ca montre aussi les faiblesses du modèle gns mais je reviendrais pas dessu)
On parle de techniques pour gérer les combats et les rapports sexuel mais on ne les décrit pas, comment fonctionnent t’elles ?
Qu’elle est la plus value pour ce gn de mettre des scène de sexe (Vu le cadre, il y a des viols simulés je suppose ?) Que font t’il pour limiter les risques de dérapages. (Qui peuvent toujours arriver d’une manière ou d’une autre)
Sinon quel est le message politique de ce gn ? ( à part le fait que traiter les gens en esclaves et les deshumaniser, c’est pas bien)
1 septembre 2014 at 11 h 26 min
C’est pas du GN, voyons ! 😉
Blague à part, je crois que c’est une bonne illustration de la grosse différence, voire de la fracture, avec le GN classique.
La transparence des personnages entre eux, censée assurée une bonne utilisation des secrets dans le jeu me fait plus penser aux gros GNs d’il y a 15-20 ans pour lesquels les joueurs écrivaient leur background “Et on dirait que je serais le fils caché du roi qui reviendrait pour reprendre le Trône Ancestral au vil usurpateur”.
Alors pour titiller le Hoog, est-ce que, sous prétexte de favoriser la narration et la responsabilité commune, l’aspect succinct des personnages écrits n’est pas l’expression d’une certaine flemme des orgas ? Si certains ateliers semblent être pertinent, d’autres ont l’air de n’avoir comme utilité que le fait de pallier les lacunes de travail en amont.
J’ai l’impression que ce modèle de GN, avec en plus un rythme quelque peu brisé par les black-box et autres introspections hors-jeu, tourne le dos aux trois composantes GNS pour se focaliser sur la délivrance d’un message par la performance.
D’ailleurs, pour finir, j’ai aussi comme l’impression que l’aliénation est une bonne grosse névrose nordique. Le carcéral nordique sera-t-il le Med-bour des années 2015-2020 ? 😉
1 septembre 2014 at 11 h 46 min
D’un autre coté, le concept est très intéressant si on le creuse et l’étoffe un peu (je crache jamais sur une bonne vieille dystopie)
Il le serait d’ailleur encore plus si il y avait des joueurs incarnant des “privilégiés” pariant leur argent sur les gladiateurs tout en n’ayant pas ou peu de contacts directs avec eux.
1 septembre 2014 at 14 h 48 min
Je n’ai pas joué ce jeu mais je dois pouvoir répondre à quelques interrogations générales. Hoog pourra compléter pour ce jeu en particulier.
“On parle de techniques pour gérer les combats et les rapports sexuel mais on ne les décrit pas, comment fonctionnent t’elles ?”
=> Pour le sexe c’est l’Ars amandi : caresses sur certaines parties du corps (en général les bras, parfois une partie du torse, le cou) + regard + sons. En quelque sorte l’ars amandi ressemble aux préliminaires d’un véritable acte sexuel.
“Que font t’il pour limiter les risques de dérapages [des scènes de sexe]. (Qui peuvent toujours arriver d’une manière ou d’une autre) ”
=> Plusieurs outils :
– les mots de sécurité: ‘brake’ pour exprimer que l’on s’approche ou que l’on vient de dépasser ses limites et qu’on souhaite descendre en intensité; ‘cut’ pour passer hors-jeu immédiatement : ça concerne toutes les personnes qui entendent le mot – ça peut aussi servir en cas d’accident par exemple)
– atelier pre-GN : un but important des ateliers est de créer la confiance nécessaire pour que les joueurs puissent jouer par la suite des scènes délicates, les aider à communiquer, etc. Certains exercices d’ailleurs ne servent qu’à ça (c’est souvent le cas des premiers exercices en début d’atelier pré-GN dont le but est en général juste de briser la glace). Pour le sexe en particulier, il y a donc cette technique, l’ars amandi. Vu de l’extérieur, la méthode peut sembler casse-gueule (des caresses) mais ne pas proposer de méthodes le serait encore plus et l’ars amandi est encadrée. Déjà parce qu’on ne va jamais supposer que l’ars amandi est connu. On va le faire pratiquer aux joueurs avant le jeu même si ceux-ci le connaissent déjà (il y a souvent de petites variations d’un jeu à l’autre). En plus d’être sûr que la technique est maitrisée (qu’on comprenne bien par exemple quelles sont les limites physiques à ne pas dépasser), ça concourt à créer la confiance.
– le concept de consentement : je ne sais pas comment c’était (et si ça a été) présenté sur ce jeu mais les nordiques du fait des jeux qu’ils font ont pas mal réfléchi à toutes ces questions et par exemple à la pression sociale qui peut exister dans un jeu (et qui peut faire accepter quelque chose qu’on ne veut pas faire en réalité). Ils ont formalisé la notion de consentement. L’idée est que l’on peut toujours le retirer, le modifier à tout moment et que c’est normal et n’a pas à être justifié. Ça peut sembler une protection fragile mais lorsqu’on est dans cette communauté, ce sont des notions dont on entend parler souvent, dont on discute, etc. Ça concourt aussi à créer une culture de sécurité commune sur ces sujets.
“Alors pour titiller le Hoog, est-ce que, sous prétexte de favoriser la narration et la responsabilité commune, l’aspect succinct des personnages écrits n’est pas l’expression d’une certaine flemme des orgas ? Si certains ateliers semblent être pertinent, d’autres ont l’air de n’avoir comme utilité que le fait de pallier les lacunes de travail en amont.”
Procès d’intention. Les backs écrits à l’avance par des orgas ne sont pas le passage obligé vers une bonne expérience de jeu. Ça dépend des jeux. Pour Last Will en particulier, je laisse Hoog répondre.
Sinon, je trouve très positif qu’il existe maintenant toutes ces variétés de jeu (classique, nordique, à scènes ou joué en continu, avec ou sans backs, d’une heure ou d’une semaine, etc.)
1 septembre 2014 at 15 h 25 min
Je ne pensais pas uniquement à des dérapages dans ce sens mais aussi dans l’autre.
Bon ce sont des adultes majeurs et vaccinés, mais faudrait pas que le gn se transforme en lupanar. (Si ce n’est pour la réput déja sulfureuse de notre activité et pour éviter les disputes de conjoints exclusifs, qui pourrissent déja assez de gn)
Et effectivement, la pression sociale est une question très pertinente surtout dans des rapports homme/femme non déconstruit. C’est pernicieux.
Par exemple, est ce qu’une personne peut refuser à 100 pct l’ars amandi. Ou à 100 pct avec certaines personnes ? Et si oui comment elle sera considérée par la communauté ? Ca n’a pas l’air d’être un truc vraiment “optionnel” (Corrigez moi si je me trompe)
Et quel est la plus value en jeu de l’ars amandi, est ce qu’une pratique érotique apporte vraiment une plus value au jeu ? (Surtout qu’ici, elle semble “plaquée” au jeu sans raison, que du contraire (Si on veut se faire battre deux personnes entre elles, on va éviter d’en faire des amants hein… )
Y a t’il d’autre motivations occultes derrière cette pratique ? (un peu comme le jeu de la bouteille quand on est ado si vous voyez ce que je veux dire…)
1 septembre 2014 at 19 h 11 min
Si c’est fait correctement, l’ars amandi (de même que toutes les règles et éléments qui vont plus loin que l’ordinaire d’ailleurs) doit être annoncé et expliqué avant l’inscription.
L’ars amandi peut troubler et c’est normal. Toucher n’est pas anodin. En ce qui concerne la gestion de ce trouble, c’est à la responsabilité des participants, qui se sont inscrits volontairement au jeu. Les orgas peuvent aider en expliquant le bleed et en ménageant un moment après le jeu pour le debriefing émotionnel.
Après, on ne peut empêcher que le trouble naisse parfois et ce n’est même pas souhaitable de vouloir l’empêcher car la contrepartie est une technique qui peut être belle et porteuse d’émotions, ce que recherchent certains joueurs.
Si on est jaloux ou simplement inquiet quant aux conséquences possibles, il vaut mieux éviter de s’inscrire à un jeu qui propose cette méthode et dont on anticipe que le sexe peut apparaitre dans sa propre histoire.
En pratique, la possibilité que l’on commence par l’ars amandi et qu’on aille jusqu’au sexe est minime. Cela voudrait dire que les deux joueurs le souhaitent, qu’ils acceptent aussi de sortir du jeu voire de contrevenir aux règles du jeu (qui peut demander de ne pas le faire)et qu’ils trouvent l’endroit et le moment adéquat.
Par ailleurs, on peut très bien faire l’ars amandi sans avoir la langue pendante. C’est une technique qui est mi-chemin entre l’immersion (créer l’émotion) et la narration (permet de représenter l’acte sexuel de manière symbolique). Je l’ai plutôt vu pratiquer de la deuxième façon.
D’ailleurs, c’est l’intérêt de cette technique dans un jeu. Le sexe fait partie de la vie, c’est même un élément très important. Il est légitime que certaines histoires qu’on raconte en GN parlent donc aussi d’amour, de sexe. Pour le cas particulier de Last Will, je ne peux répondre par contre mais ça me choque pas que ça apparaisse dans le contexte d’une communauté qui vit ensemble.
Quant aux motivations occultes… La technique n’a pas été créé pour permettre aux joueurs d’assouvir des besoins sexuels (l’optique était narrativiste à la base avec la volonté de montrer qu’on pouvait faire des jeux autour de notions positives dont l’amour) pour autant en ce qu’elle génère des émotions et potentiellement de l’érotisme, cela peut constituer une raison de s’y prêter pourquoi pas. Je ne suis pas convaincu que ce soit en soi un problème, il faut voir au cas par cas. Il y a souci si ça fait faire des choses absurdes par rapport à l’histoire, si ça nuit aux autres joueurs, etc.
1 septembre 2014 at 19 h 28 min
Je fais un petit complément à ma réponse ci-dessus.
Perso, je ne préconiserais pas l’ars amandi pour tous les jeux. Il est légitime pour les orgas de vouloir cette technique sur leur jeu si c’est leur choix, parce qu’ils veulent une certaine esthétique, n certain degré d’émotion, etc.
Il est tout aussi légitime de ne pas y recourir (ou éviter que le sexe apparaisse dans les histoires possibles) de manière à permettre aux personnes qui ne souhaitent pas ce genre d’intimité de participer, si l’ont veut un jeu plus léger ou family friendy.
Si je suis là juste pour m’amuser entre potes, l’ars amandi peut être une gêne pour moi par exemple j’imagine. 🙂
1 septembre 2014 at 21 h 30 min
Pour l’Ars Amandi, je crois aussi qu’il faut pratiquer en atelier, mais aussi qu’il faut l’annoncer bien en amont du jeu. Sans obligatoirement être un campeur costumé, le contact tactile peut gêner des gens, d’autant plus dans un contexte de sensualité.
Stef R. : Ce n’était pas un procès d’intention, tout au plus une gratouille pour Hoog… Mais je m’interroge vraiment sur l’intérêt de laisser des joueurs décider des interactions entre leurs personnages et de leurs histoires respectives. Autant je vois de la valeur à des propositions de thèmes avant le jeu, autant je trouve de l’intérêt aux ateliers qui servent à préparer comment (et non pas quoi) on jouera certaines relations particulières (couples, fratries, haines), je trouve dommage, en tant que joueur, de se priver de la notion de découverte (des autres, des passés, etc.) en jeu. L’argument consistant à ainsi favoriser l’interprétation de ces relations ne me semble pas très justifié, sauf si on favorise la prestation (potentiellement empreinte de cabotinage) au vécu.
1 septembre 2014 at 21 h 46 min
@MoZ : venant de celui qui a fait l’un des premiers GN Carcéraux de ma connaissance (il y a 7 ans, au moins, non?) 😉
Sur l’Art Amandi : certains GN incluent des règles pour la sexualité, d’autres non, parfois par sécurité, parfois parce que la thématique le justifie. D’autres GN interdisent la simulation de la sexualité parce que la thématique du jeu ne le justifie pas.
L’intérêt de l’Ars Amandi par rapport à d’autres modes de simulation (cartes, dés, p.ex) est d’offrir un moyen de simulation qui implique un minimum le joueur physiquement tout en étant clairement cadrée (tout contact hors de la zone bras-cou-épaule définie étant interdit)
Il y a un véritable intérêt à une approche de ce genre pour un GN dont le thème impose de questionner la place et le rôle de la sexualité dans l’univers concerné, surtout comme instrument d’aliénation (comme dans l’exemple mentionné)
Le potentiel de dérive en GN existe, des liaisons sur des jeux ou des ruptures de couple après-jeu, il y en a, clairement. Mais pour moi ce n’est pas lié à l’utilisation d’une méta-technique plutôt qu’une autre (voire même, à titre personnel, je trouve un système de fortement cadré comme l’Ars Amandi plus sûr car laissant moins de place à l’ambiguité)
Quant à la question du consentement, les jeux qui intègrent un système approfondi de ce genre, ont souvent également une communication très claire à ce sujet, sur le fait que ce choix de meta-technique existe dans un univers possédant une composante sexualisée marquée. Conclusion, si l’on est embarrassé par le procédé, on la thématique… on le sait pour décider de ne pas s’inscrire. La meta-technique ne s’impose qu’à partir de l’instant où les joueurs sont assez bien informés pour décider de manière informée s’ils souhaitent participer au jeu ou non.
1 septembre 2014 at 23 h 43 min
Il y a des fois où je me demande si je fais le même loisir que les autres géhénistes. Bon ok, c’est du GN venu du froid et déjà, c’est un signe (pourtant, ils font de bon polars…).
La question n’est peut-être pas “est-ce du GN” mais plutôt “est-ce du jeu”?
Je suis un bouseux, du centre de la France et plus bas, c’est la Creuse (pour dire), mais cheu nous, la définition d’un GN est encore autour de “un truc sympa pour s’amuser et courir dans les bois avec des épées en mousse” et oui, je caricature.
Donc voir un “jeu”, où il faut des ateliers de préparation, des avertissements sur la compréhension d’un système simulant des attouchements sexuels et pour finir des relations de soutien pour savoir si vous vous êtes remis du truc…
On atteint un sommet dans la branlette de mou, non ?
Mais ce doit être bien, vu que c’est pas français…
Oui je sais, je suis un peu simpliste des fois… (souvent ?)
Attention : je n’enlève rien à la qualité de l’expéro-performance artistique du truc hein… C’est juste que “est-ce un jeu ?”.
2 septembre 2014 at 9 h 38 min
Concernant l’aliénation, dans une société de type ‘brave new world’ je peux comprendre (Ou les masse sont abrutie dans la jouissance) mais dans un fonctionnement totalitaire ou les joueurs sont des esclaves, j’ai du mal de voir la fonction.
Faut voir le contexte, les joueurs sont obligé de le faire ? Cela se passe sous l’oeil des “maton” ? Y’a t’il des rapports de soumission esclave inférieur/supérieur, des viols simulés ou des violences ? Est ce que, en depit de la randomisation des echange, cette intimité contrevient justement à l’aliénation qui est mise en place.
Pour en revenir à la pression sociale, c’est bien ce que je pensais elle semble énorme: tu joues l’ars mundi ou tu participes pas à l’activité.
Et donc si tu souhaites vraiment jouer, tu te laisse toucher même si tu n’aimes pas ça. So fun….
Notez qu’ici, rien n’empêche de créer un back ou le personnage aggresses mortellement toute personne voulant le toucher,quitte à en mourir.
Je me demande comment ces orga réagiraient à ce genre de back qui est tout sauf atypique en soit en milieu carcéral.
(le fantasme de tout le monde se laisse faire et va avec tout le monde est assez foireux et comme je le disais plutot louche comme démarche, ca me rappelle de mauvaises fan-fictions érotique ^^)
2 septembre 2014 at 11 h 21 min
Est-ce un jeu ? La question est juste.
Par contre, si la réponse est ‘non’, est-ce un problème ?
Le GN est une activité qui à l’origine était exclusivement un jeu.
Mais, c’est un héritage de son histoire.
Rappel rapide : wargame tactique => wargame à l’échelle du personnage => jeu de rôles sur table => jeu de rôles grandeur-nature
Ainsi est née – en simplifiant – cette activité ludique qu’est le GN… sauf que comme tous les loisirs populaires (bande dessinée ou jeu vidéo par exemple) il se complexifie, s’enrichit et que certains auteurs dans leurs parties minimisent puis finissent par faire disparaitre les éléments ‘gamistes’ et se concentrent sur l’histoire, empruntent des techniques à d’autres formes de narration (décor minimaliste, jeu à scènes, etc. tous empruntés ou réinventés du théâtre). C’est toujours du GN, ça n’est plus en effet un jeu.
On peut s’en étonner ou le regretter mais c’est une évolution naturelle de ce média qu’est le GN. Et c’est une addition, ça ne fera pas disparaitre le GN ‘ludique’ qui restera sans doute – et de loin – le plus fréquent.
A noter qu’on aurait pu manquer totalement la dimension ludique du GN s’il avait évolué à partir du théâtre ou du psychodrame par exemple. On l’appellerait théâtre interactif, psychodrame 2.0 ou autre nom du genre et ça n’intéresserait que très peu de personnes. Au final, on a de la chance. Soyons ouverts aux pratiques des uns et des autres.
“Pour en revenir à la pression sociale, c’est bien ce que je pensais elle semble énorme: tu joues l’ars mundi ou tu participes pas à l’activité.
Et donc si tu souhaites vraiment jouer, tu te laisse toucher même si tu n’aimes pas ça. So fun….”
Je pense que je suis un peu responsable de la dramatisation autour de l’ars amandi en l’ayant comparé à des préliminaires dans ma description. Oubliez le terme et pensez ‘danse contemporaine’ par exemple (n’oubliez pas non plus que ça se limite surtout aux bras et aux mains). Ça ne change pas le fond (du contact, des caresses, des frôlements) mais peut-être que ça aidera à prendre un peu de distance.
En effet, pour participer à Last Will tu acceptes cette règle. Elle est annoncée à l’avance, où est le problème ? Si tu ne supportes pas le contact, tu ne peux exiger des autres qu’ils s’en privent, si eux trouvent un sens à l’usage de cette technique.
Last Will c’était quelques dizaines de joueurs, il se fait des dizaines – peut-être des centaines – de GN chaque week-end dans le monde sans l’ars amandi, ça laisse du choix. 🙂
“(le fantasme de tout le monde se laisse faire et va avec tout le monde est assez foireux et comme je le disais plutot louche comme démarche, ca me rappelle de mauvaises fan-fictions érotique ^^)”
Tu évoques sans doute la bisexualité des personnages de Last Will. Je n’ai pas le courage de détailler ici, alors je vais me limiter à deux points qui ne sont pas une argumentation en soi mais deux éléments pour montrer qu’il y a peut-être d’autres fondations à ce choix.
D’une part, la communauté du GN nordique est très inclusive sur les sexualités non-hétérosexuelles et assez engagée sur les questions de genre au point par exemple d’accepter que des joueurs puissent jouer des rôles féminins et inversement (notamment en Suède il m’a semblé) ou encore de penser le design des jeux pour que les personnages féminins aient autant d’opportunité d’occuper des fonctions de pouvoir que les personnages masculins.
D’autre part, l’ars amandi a été inventé pour un jeu dont l’auteure voulait questionner les différences traditionnelles de genre (style les filles sont douces et sensuelles, les hommes durs et analytiques; juste un exemple simplifié). Elle avait pour cela inventé d’autres genres : les gens du matin et ceux du soir. Il y avait des hommes et des femmes dans chacun de ces deux groupes mais dans ce monde ce n’était pas le critère le plus important.
Voilà, je m’arrête là mais la réalité est peut-être plus compliquée et honorable que l’interprétation hâtive qu’on peut se faire à distance. 😉
2 septembre 2014 at 11 h 22 min
Je vais essayer de répondre à toutes les remarques et interrogations ^^
Tilleul :
En participant au jeu, tu en acceptes les règles. Donc si tu ne veux pas faire d’Ars Amandi, tu ne t’inscris pas. Je ne vois vraiment pas le problème.
Pour faire un parallèle : si je n’ai pas envie de participer à une fusillade, je ne m’inscris pas à une partie de paintball.
Maintenant pour nuancer un peu, il y a plusieurs choses qui permettent à un joueur de diminuer son “exposition” à l’Ars Amandi, s’il le souhaite. Déjà, il peut sélectionner des rôles moins exposés (plutôt administrateur que pute, par exemple). Ensuite, il peut indiquer son souhait aux orgas. Puis, il peut en parler aux autres joueurs. Il peut également orienter son jeu pendant le GN pour éviter les scènes de sexe. Et enfin, si vraiment il se retrouve pris dans une de ces scènes, il peut tout simplement utiliser “brems”.
Point suivant : pourquoi des règles de sexe dans ce GN ?
Dans un contexte d’oppression et de déshumanisation, ça donne aux joueurs une large palette d’options d’interaction, allant de la tendresse au viol.
Concernant les dérapages :
N’y a-t-il pas plus de risque de dérapage si on ne met pas de règles du tout ? Et franchement, si tu couches avec moi après que je t’aie touché les bras en GN, c’est que tu le veux bien, non ?
De manière générale, je recommande à tous d’essayer cette méthode _en_GN_ pour se faire un avis pertinent.
Concernant le GNS et le narrativisme, je vous oriente vers les articles expliquant cette théorie, tout est expliqué là-bas.
Et le message politique, c’est de prendre conscience de la réalité et de l’ampleur de l’esclavage contemporain.
Nicolas :
Je pense que “est-ce que c’est du GN” est un combat d’arrière-garde. Le GN évolue, s’élargit, et je ne vois pas en quoi ça pose un problème. Chacun est libre de pratiquer ce loisir comme il le souhaite, s’il y trouve son compte. Et justement, différentes personnes recherchent différentes choses en GN. Certains sont à la recherche d’une expérience physique ou émotionnelle extrême. D’autres aiment meuler dans les bois et boire des coups. Certains aiment les costumes hyper-chiadés, alors que d’autres jouent sans aucun costume. Et il y a mille autres déclinaisons. Donc chacun ses goûts, et ayons l’esprit ouvert et respectueux.
Concernant le terme “jeu”, il est ambigu. Il n’a pas le même sens dans “jeu de plateau” et dans “jeu d’acteur”, par exemple.
Moz :
Ce n’est pas parce qu’il y a transparence et discussion qu’il n’y a pas de surprise et de découverte. On se met d’accord pour s’engueuler en jeu, mais je ne sais pas ce que tu vas faire quand on s’engueulera, ni quelles conséquences ça aura. Et je rappelle que dans ce jeu, chaque personnage avait un “destin”.
L’utilité de la transparence ne me semble pas pouvoir être contestée dans l’approche narrativiste. Si je sais que ton personnage a un terrible secret, ça facilite quand même grandement sa “découverte” en jeu, et donc l’exploitation du potentiel dramatique associé.
Un exemple pour illustrer le cas inverse :
Dans un jeu récent, nous nous étions mis d’accord avec un autre joueur pour que nos personnages se livrent une lutte sans merci. Mais comme tout était secret, nous ne savions pas où appuyer pour faire mal à l’autre. Résultat : moins de conflit, sauf là où nous avons fortement tordu le réalisme.
Concernant la flemme des orgas :
Déjà, vu le boulot monstrueux fourni par les orgas du jeu, voilà quoi… :). Ensuite, les orgas créent des relations entre personnages avec un gros potentiel dramatique. Le gros du travail de réflexion des orgas se trouve là. Ils donnent aussi quelques éléments de contexte pour relier chaque personnage au monde du jeu. Le fait que chaque joueur complète cette base lui-même avec des éléments secondaires lui permet de s’approprier son personnage. Essayez, vous verrez comme c’est efficace !
Et merci Stéphane pour ton aide !
2 septembre 2014 at 11 h 35 min
Mon message à 11h21, le tien à 11h22. C’est un signe.
Hoog, retrouvons-nous pour une séance sans tabou d’ars amandi.
Ton lieu, ton heure, mes bras ! ^^
(désolé, pas pu résister, on peut reprendre la conversation)
2 septembre 2014 at 13 h 08 min
🙂
Pour revenir sur ce point :
« (le fantasme de tout le monde se laisse faire et va avec tout le monde est assez foireux et comme je le disais plutot louche comme démarche, ca me rappelle de mauvaises fan-fictions érotique ^^) »
D’où vient cette interprétation ?! Parce que sur Last Will ce n’était pas du tout une “partouse Ars Amandi”.
2 septembre 2014 at 17 h 21 min
J’ai peu être été un peu loin et peu clair dans mes propos concernant le “tout le monde b… avec tout le monde) , ces propos concernaient l’univers en jeu et toutes les relations interhumaines forcées, sans distinction de genre (ça je m’en fous). Pas les joueurs.
C’est juste que j’arrive pas faire coller cela avec le reste de la dystopie.
(pas le fait d’avoir la possibilité d’avoir des relations sexuelles mais qu’elles soient systématisées pour des gladiateurs qui se battront entre eux (si c’est bien cela)
D’ailleur, hoog, tu parles de tendresse possible,ca va pas du totu dans le sens de la déshumanisation. Pourquoi permettre aux esclaves de créer ce genre de lien ? Ca colle pas.
J’ai sans doute une vision déformée mais j’ai l’impression qu’on a mis ces rapports de manière obligatoire pour le plaisir de les mettre et d’utiliser au max le joujou de l’ars amandi.
Sinon sur la simulation de viol en gn en jeu, c’est une approche très hardcore que je n’ai pas envie de voir en nos contrées. (Surtout si certains joueur la vivent comme une power fantasy, et j’en ai connu en gn qui y prenaient plaisir et pas seulement de manière potache)
J’ai pas envie de créer du stress post traumatique chez mes joueurs (auteur et victime), peu importe qu’ils aient des safe word à leur disposition.
Quand on fait de l’airsoft, il y aura forcément des répliques et des tirs, quand on fait un gn carcéral, la règle des contacts et/ou la simulations des relations est une régle qui ne s’impose pas par défaut (Et ce n’est pas pour rien que pas mal d’orga s’en passent)
Mais tu as raisons sur le fait que c’est leur choix, c’est une fictions et c’est leur jeu, ils font ce qu’ils veulent et invitent qui ils veulent, qui suis je pour nitpicker la dessus a part dire que je ne me retrouve pas du tout la dedans.
2 septembre 2014 at 20 h 16 min
Je préfère “vieille garde” à “arrière garde”, j’y met le sens des sages veillant à ce que les ptits cons ne se fassent pas péter leur loisir à la tronche…
Alors pour moi qui fait du Jeu de Rôles en Grandeur Nature, la totalité des termes nommant ce loisir est un tout indissociable et qui, en plus, résume et rappelle la chose. Oui, j’ai honte, je ne fais que du jeu et je n’y cherche rien d’autre. Pour une introspection spectro-anale, je vais voir ailleurs.
Après la parabole du restaurant, je propose celle de la bière :
Il y a des tas de bières, boisson universelle s’il en est. De toutes les couleurs, de tous les pays et pour tous les goûts. Mais une chose est certaine, dès qu’il y a du houblon (ou tout autre palliatif pauvre), de l’eau et de la fermentation, on obtient bien une bière, de la meilleur au truc infâme.
Par contre, quand on ajoute des trucs, de la limonade, de l’alcool ou encore des chips, curieusement, alors que la bière est l’élément de base de la boisson créée, on ne nomme plus ça de la bière. Ce sera un panaché, un pré-mix ou un truc dégueu…
Quand on utilise le nom bière, c’est pour tromper les gens et les non connaisseurs.
Tout ça pour dire que au final, un jeu de rôles en grandeur nature qui n’est plus fait pour avant tout passer un moment ludique mais devient un truc pour s’introspecter le boyau du haut ou pour interpeller sur un questionnement existentiel et sociétal de préférence, MÊME s’il y a encore des bouts de GN dedans, c’est p’t’être plus du GN et qu’il faudrait voir à changer le nom de la
2 septembre 2014 at 20 h 35 min
…Chose.
Reeesssspiration et raccourci clavier intempestif.
Non ?
Car à vouloir mettre dans le déjà grand fourre tout GN des trucs aussi barrés (sisisi), on risque d’avoir une visibilité qui dérape. Exemple : je sors d’un stage initiation GN que je mène avec une dizaine de jeunes chaque été (les pauvres, ils font du vieux gn tout pourri d’arrière garde). Et ce site fait parti avec quelques autres (rares) dont je recommande la lecture et les visites régulières.
Imaginez la tronches des parents (s’intéressant à la question et au loisir de leur têtes blondes) tombant sur des articles décrivant ces jouissives séances de GN “autres”.
N’avons nous pas eu assez de problèmes ? Voulons nous vraiment être des artistes maudits du loisir ? Ou discutons nous de la pertinence de garder à ce style d’expérimentation le nom de JDRGN ?
Les jeunes que j’encadre ont déjà comme préambule au surf sur Electro-GN un humoristique “faites gaffe, c’est des articles sur du GN d’intello”. Devrais je ajouter “et surtout, le montrez pas à vos darons !” ?
Je suis pour tout style de loisir, du plus simple autour d’un ballon au plus barré avec des ailes de chauves souris en haut d’une falaise, du moment que les gens sont consentants et que l’activité soit bien identifiée. Mais là, j’ai justement l’impression qu’a force de vouloir trop en faire, le JEU dérive vers autre chose et qu’il va falloir trouver un nouveau terme ou retomber dans les problèmes…
2 septembre 2014 at 20 h 47 min
Je ne partage pas ton avis, c’est comme un film ou un bouquin, s’il peut juste avoir l’objectif de te divertir, il peut aller plus loin dans ce qu’il t’apporte.
C’est juste que la, ils touchent à un point assez tabou pour pas mal de gniste francophone : L’érotisme et si on va plus loin la simulation des agressions sexuelles en gn.
Je suis assez mal à l’aise avec cela et je me rend compte que mes réactions sont aggressives.
Il faut dire que depuis mes 12 ans, je dois lutter pour faire accepter le jdr comme un hobby sympa et inoffensif, merci à Mireille…Du coup, bonjour les mécanismes de défenses.
Sans doute que la bas ils évoluent dans une autre approche et un autre contexte. (Je serai curieux de voir le profil des joueurs)
Au fait ce gn est il considéré comme “underground” la bas ou est-il la norme.
2 septembre 2014 at 20 h 50 min
PS: Nicolas, fait gaffe à ce qu’ils ne tombent pas sur ça en jdr papier classique (qui curieusement la, ne me dérange pas le moins du monde, sans doute parceque c’est clairement estampillé “Erotique” ^^)
http://www.sden.org/magazine/reportages/presentations/article/a-ecrire-romance-erotique
2 septembre 2014 at 22 h 14 min
Oui oui, le jeu a l’air croustillant 😉
Je trouve, pour reprendre ton parallèle avec le livre (ou le film), que le “danger” est tout autre (si danger il y a, si le joueur est adulte et consentant et équilibré) avec le GN quand à flirter avec des concepts d’immersion “particuliers” : nous sommes acteurs dans l’émotion, pas juste passif…
3 septembre 2014 at 9 h 21 min
Pour ce GN, contrairement à ce que tu dis Nicolas, je pense qu’il s’agit bien “d’une activité d’ordre physique ou mental, non imposée, ne visant à aucune fin utilitaire, et à laquelle les gens s’adonne pour se divertir et en tirer un plaisir”.
Que tu ne trouve pas plaisir à la démarche est un fait. Mais que, sur cet argument, tu fasses sortir ce GN de l’univers ludique est tout autre.
C’est un peu comme si je disais que le 1000 bornes n’est pas un jeu car je m’y ennuie grandement.
3 septembre 2014 at 11 h 27 min
@ Nicolas
Le cas précis des enfants et parents qui surferaient ici est intéressant. J’y suis sensible. Non pas parce que je pense que electro-gn devraient se priver de parler de jeux “hardcore” mais parce que la prochaine fois que j’écris un article sur un jeu de ce type, j’écrirais une ligne pour bien préciser qu’il s’agit d’un jeu réservé à un public adulte (sans tomber non plus dans le peggy 18 😉 )
Aussi, ça me fait penser que ça vaudrait le coup de demander à Belarp, la fédération Belge, s’ils ont des écrits à nous passer pour faire un guide du GN à destination des familles.
3 septembre 2014 at 11 h 41 min
@Nicolas Leblanc : Salut, de mon point de vue (et de mon expérience quand j’explique le genre de GN que j’écris aux parfaits profanes) un GN extrêmement encadré en termes de communication, d’ateliers, de moments “safe” avant et après, qui développe des questionnements sérieux et/ou qui propose une démarche artistique entraîne beaucoup moins d’incompréhension voire de peur qu’un GN où les participants se battent dans les bois à coups d’armes en mousse déguisés en orcs et dont la com’ à destination d’un public plus large est sinon inexistante du moins vraiment pas assez visible.
Le problème de la mésaventure Dumas est bel et bien un problème de communication avant tout, ça n’a rien à voir avec le thème du GN. Et rappelons que le problème Dumas est français. Je sais qu’on est le centre du monde, mais il faut envisager le jeu en question dans son contexte de création.
3 septembre 2014 at 16 h 28 min
Tilleul :
On te dit quand baiser, et avec qui. Ensuite on en parle avec la prostituée en question devant toi, comme si tu n’étais pas là. Ca contribue quand même bien à te faire sentir que t’es un esclave. En même temps, malgré cet univers très dur, des histoires d’amour sont possibles, avec de la tendresse. Tout ça peut être joué via l’Ars Amandi. On voit bien que ça contribue à la qualité du GN, et que ce n’est pas pour “faire érotique”.
En ce qui concerne le viol, c’est comme la discussion ci-dessus : on ne le joue que parce qu’on a envie de le jouer. D’autres préfèrent peut-être jouer un GN carcéral où le viol n’existe pas, et c’est très bien comme ça. Chacun son trip.
Nicolas :
Désolé, mais c’est bien un combat d’arrière-garde. Last Will est un GN, que tu le veuilles ou non :). Des centaines de GN de ce type ont eu lieu. Il y a des dizaines de livres publiés sur le sujet, des articles scientifiques à la pelle. Des conférences regroupant des centaines de participants.
Le GN s’enrichit et c’est stérile d’essayer de l’empêcher. Maintenant, ça n’enlève rien, mais alors rien du tout, aux formes de GN pré-existantes. Mais prétendre le contraire serait comme dire que les GN avec autre chose que du combat (parce que c’était quand même ça au début) ne sont pas du GN. Et je clarifie, car il y a visiblement ambiguïté : c’est le débat qui est d’arrière-garde, pas telle ou telle forme de GN.
Concernant les enfants, j’espère que ceux qui s’intéressent au GN liront Electro-GN et se pencheront sur les différentes formes de GN. Après, libre à aux de choisir ce qui leur plait. Et naturellement, tous les thèmes ne sont pas adaptés à tous les âges, ça va de soi. Mais ce n’est pas une raison de refuser d’explorer la sexualité ou des thèmes durs via le GN. Pour ceux qui le souhaitent, bien entendu.
Electro :
Autant je suis d’avis qu’il faut interdire la participation à des jeux comme Last Will aux enfants, autant la lecture de ce type d’article, je ne vois vraiment pas le problème.
3 septembre 2014 at 20 h 52 min
Ha bin oui en fait. Désolé. Pardon… Je le referais plus.
(Retourne se curer le nez et écrire des GN avec épées boudins…)
4 septembre 2014 at 8 h 34 min
Ok, les choses sont plus claire comme cela et dans ce contexte, cela se justifie en effet 🙂 Pour répéter ma question, est ce que tu sais si ces gn “dur” sont très courant et pratiquement mainstream ou si ce sont des cas un peu à part ? Dans quel mesure l’ars amandi est répandu la bas ?
4 septembre 2014 at 10 h 04 min
Nicolas :
Je regrette que tu sois vexé.
Tilleul :
A ma connaissance, les jeux avec des thèmes durs sont plus communs en “Nordie” que chez nous, mais restent une minorité par rapport aux medfans classiques, par exemple. Cela dit, même quelques medfans commencent maintenant à utiliser des ateliers, black-box et compagnie là-bas.
Concernant l’Ars Amandi, c’est pareil : plus répandu que chez nous, mais pas mainstream.
A noter que dans les GN nordiques en anglais, les thèmes durs et l’Ars Amandi sont sur-représentés, et même je pense majoritaires.
9 septembre 2014 at 18 h 21 min
Bon, après relecture du site, je lis que – You need to be OK with the game containing elements and mentions of mental, physical and sexual abuse. You do not have to experience this first hand if you don’t want to, but you do need to accept that it will occur in the game.
Donc,a priori, l’ars amandi est optionnel sur ce gn. 😉
9 septembre 2014 at 19 h 27 min
Oui. Si tu ne voulais pas participer aux scènes de violence sexuelle, et que tu ne voulais pas non plus jouer de relations sexuelles consensuelles sur le jeu, tu pouvais tout à fait ne jamais utiliser l’Ars Amandi pendant le GN. La participation à l’atelier d’Ars Amandi était fortement encouragée, mais je pense que si quelqu’un avait refusé d’y prendre part ça n’aurait posé aucun problème.
24 février 2015 at 18 h 08 min
Question:
Tu evoques à la fin de l’article ” Dernière chose avant le départ : on assigne à chaque joueur un binôme avec lequel débriefer une semaine après le jeu, afin de vérifier que chacun s’est bien remis du jeu.”
Que ce passe t’il si un joueur ou une joueuse ne se remets pas parce que quand la personne a dit brake ou cut,c’etait une seconde trop tard pour elle?
28 février 2015 at 10 h 42 min
Dom: des articles existent déjà sur la difficulté, parfois, d’utiliser les safewords au bon moment ou à bon escient (prise de conscience de la situation par le joueur, réticence à interrompre une scène, etc) Le système n’est donc en aucun cas parfait ou absolu, même s’il a son utilité, en particulier en créant un cadre de sécurité, et en laissant la possibilité à un joueur de sortir du jeu à tout moment, et en responsabilisant chaque participant sur les actions qu’il engage.
Sur l’autre point. Que l’on puisse ne pas (ou mal) se remettre de certaines scènes ou de certains jeux, cela arrive. On peut aussi, plus simplement, être profondément retourné ou transformé par une expérience. Le risque zéro, physique ou mental, n’existe pas. En revanche, on peut assurer au maximum sur la préparation, la sécurité et aider à la transition d’après jeu. Et parler est essentiel, d’où l’utilité d’un binôme. Si le mal est fait, du point de vue du participant, il s’en remettra beaucoup mieux s’il a la possibilité de verbaliser son malaise, de dissiper la tension avec les autres participants, de ne pas se sentir seul, de relativiser. Une fois encore, il n’y a pas d’absolu, on touche à des choses qui sont de l’ordre de l’expérience individuelle.
A titre personnel, j’ai passé le temps le plus long de l’après-jeu sur Last Will avec les joueurs avec qui les interactions de mon personnage avaient été les plus violentes, voire abusives. Nous avons échangé sur la manière dont nous avions perçu les scènes les plus dures, nous nous sommes réconfortés, nous avons réfléchi aux raisons pour lesquelles ces scènes avaient paru nécessaires. Et ces échanges ont permis d’amorcer un processus de réflexion et de les intégrer à l’expérience, et de surmonter ce qu’elles ont pu avoir de pénible au moment où on les a vécues.
2 mars 2015 at 17 h 56 min
Merci de ta réponse.
Au vu de ta réponse, je trouve que c’est beaucoup plus du domaine expérimental que du GN.
Je n’ai pas un bon ressenti quand à cette activité. Elle est trop extreme pour moi.