La semaine de Labo-GN, le laboratoire d’été du GN nous a permis de rencontrer tout un tas de GNistes intéressants avec lesquels il y a eu des échanges très fructueux. Le programme de la semaine était riche, mais les discussions informelles ont donné lieu à des tables rondes impromptues organisées par les participants. C’est comme cela que Nicolas et moi, qui ne nous connaissions pas auparavant, avons eu envie d’ouvrir une discussion qui nous intéressait sur l’intégration de danse et/ou de musique dans un GN, à la fois comme élément central du jeu, mais aussi comme méta-technique. Nous avions envie de bénéficier de l’expérience des participants en la matière et de réfléchir ensembles aux moyens permettant à n’importe qui (même un mauvais chanteur ou mauvais danseur) de participer à un jeu basé sur l’un de ces arts. Je me propose de partager ici mes notes prises lors de cette table ronde. Cela n’a donc rien d’exhaustif, alors n’hésitez pas à apporter vos lumières en commentaire de cet article.
Danse ou musique comme méta-technique
La première partie de la table ronde a servi à lister différents jeux où la danse ou la musique était utilisée comme méta-technique ou à évoquer nos idées de méta-technique utilisant la danse et/ou la musique.
- un jeu où les interactions et les conflits se résolvent en dansant le tango. Il y a plusieurs manières de danser qui correspondent à différents états d’esprits.
- la simulation des combats de kung-fu dans le jeu Afroasiatik où le joueur essaye d’attraper des bandes de tissu sur le costume du joueur d’en face permettait de donner un côté chorégraphique au combat.
- les conflits étaient résolus, sur un autre jeu, à base de battle de danse ou de air guitar, c’est le vote du public qui permettait de déterminer le vainqueur.
- l’utilisation de sons particuliers pendant les ateliers pré-GN peuvent permettre d’induire certaines émotions inconsciemment chez le joueur. À noter que si l’on conçoit des boucles de 20 minutes, le cerveau humain ne s’en rend pas compte (si les boucles sont plus courtes, les joueurs s’en apercevront).
- un jeu où la magie est basée sur la musique, l’effet du sort dure le temps que dure la musique.
Danse ou musique comme élément central du jeu
Après avoir évoqué brièvement les outils de méta-jeu utilisant la danse ou la musique, Nicolas et moi avons abordé la question qui nous intéressait le plus, à savoir comment concevoir un jeu qui se base sur la danse et la musique.
La question qui me paraît le plus importante quand on écrit un jeu qui repose sur la musique et la danse, c’est de réfléchir aux ateliers que l’on va proposer pour que tout un chacun puisse participer au GN même en n’ayant aucune base. Voici donc quelques idées que nous avons jetées lors de cette table ronde :
- inclure des moments de répétition pendant le jeu.
- donner les chansons à l’avance pour que les joueurs puissent se préparer (pour un GN comédie musicale par exemple).
- utiliser la technique du sound painting, qui fonctionne avec des signes codes permettant aux joueurs de savoir comment réagir avec leur corps ou leur instrument. Le sound painting est très efficace pour l’improvisation musicale et il pourrait certainement servir aussi pour la danse.
- apprendre des bouts simples de chorégraphie à chaque joueur, ces bouts mis ensembles produisent une chorégraphie complexe, mais chaque élément pris individuellement est très facile à réaliser par un parfait débutant.
- choisir des chansons très simples, à répétition ou à canon.
- utiliser l’air guitar ou le playback.
Le succès de la performance est aussi lié à la réaction du public
- mettre en place la règle du “on applaudit automatiquement à la fin de chaque prestation” pour rassurer le joueur performeur.
- définir à l’avance les comportements du public que va induire telle ou telle chanson.
- utiliser la technique du levier, qui indique à l’ensemble du GN à quel moment on passe en mode performance.
- définir un signe permettant au joueur/performeur de demander à ce que l’ensemble du GN l’accompagne.
Et la SACEM quand on organise un jeu avec de la musique ?
- Il existe beaucoup de sons sous licence creative commons qui peuvent être exploités.
- Quand on utilise de la musique il faut payer des droits à la SACEM et il faut noter que la SACEM nous retrouve toujours. Nicolas doit donc se charger de faire une fiche technique pour la Fédé. Nous avons par ailleurs profité de la présence de la permanente, Mélodie, pour proposer l’idée que la FédéGN lance les négociations avec la SACEM pour faciliter les démarches des assos à ce sujet. Nous verrons donc ce qu’il en ressortira.
Et puis des idées en vrac
- composer une musique pour un GN ou à l’inverse écrire un GN pour une chanson
- avoir quelqu’un spécialement pour gérer la musique sur le jeu, surtout si la musique est importante en jeu.
- le financement participatif type Ulule peut permettre de faire appel à des pros et de les payer (compositeurs par ex)
La question devrait revenir sur le tapis des GNiales Paris 2014. N’hésitez pas à venir y partager vos idées.
Lucie CHOUPAUT
Derniers articles parLucie CHOUPAUT (voir tous)
- Un pas de plus vers l’autogestion pour LaboGN 2023 - 16 janvier 2023
- Comment créer et organiser des GN antifascistes ? - 22 novembre 2021
- LaboGN 2019 : ouverture des inscriptions le 13 avril ! - 12 avril 2019
19 septembre 2014 at 8 h 16 min
Salut 🙂
“Quand on utilise de la musique il faut payer des droits à la SACEM”
Même à but non lucratif ? Et/ou dans un cadre privé ?
“et il faut noter que la SACEM nous retrouve toujours.”
J’aimerais bien savoir comment ? 🙂
19 septembre 2014 at 9 h 03 min
Salut
“Lorsque vous diffusez de la musique dans un lieu public ou privé, lors d’un événement public ou privé (soirée dansante, manifestation sportive, vide-grenier, brocante, kermesse, …), vous devez faire une demande d’autorisation et payer des droits d’auteur auprès de la SACEM.
Le code de la propriété intellectuelle prévoit que les auteurs, compositeurs et éditeurs de musique doivent donner leur accord avant diffusion publique ou privée et doivent être rémunérés.
Les soirées organisées dans un lieu public qui sortent du cercle de famille sont soumises à déclaration auprès de la SACEM. Exemple : un réveillon “entre amis” ne rentre pas dans ce cadre “familial” puisque par principe, c’est une soirée ouverte plus largement aux amis et voisins, avec participation aux frais de chacun qui implique un budget global. De même pour l’anniversaire d’une association qui réunit les adhérents et leurs amis.
D’autre part, des professionnels peuvent avoir contracté un contrat annuel. Par exemple, un restaurateur s’acquitte d’un forfait annuel, dans le cadre de son activité de banquet sur son lieu de travail, qui couvre l’ensemble des soirées de son année. Dans cet espace public vous n’aurez donc pas à vous acquitter une nouvelle fois des droits SACEM. Le professionnel l’ayant déjà fait.
Pour les associations, les entreprises, les organisations avec budget de soirée, le coût est fonction du type de soirée avec ou sans repas, avec ou sans soirée dansante, du nombre d’invités.”
Source : http://www.lekiwivert.com/part_reglementation_sacem.php
Par contre c’est faux que la SACEM nous retrouve toujours. La majorité des associations de GN en France vivent dans l’illégalité et n’ont jamais été incriminées. Ainsi que tous les mariés, la plupart des écoles, la plupart des groupes d’amis, des compagnies théâtrales amateurs…
19 septembre 2014 at 9 h 08 min
“Il n’y a pas toujours de droits d’auteur à acquitter pour la diffusion de musique au cours d’un mariage, d’un anniversaire ou d’une fête de famille. D’après la loi, pour ne pas acquitter de droits, ces manifestations doivent être privées, gratuites et limitées au cercle de famille. La notion de cercle de famille doit s’entendre de façon restrictive et ne concerne que « les personnes, parents ou amis très proches unies de façon habituelle par des liens familiaux ou d’intimité »”
Site de la SACEM…
19 septembre 2014 at 10 h 10 min
Disons que pour que la SACEM te retrouve il faut que quelqu’un qui y bosse te “dénonce”. Comme c’est pas écrit sur leur gueule, tu peux avoir de mauvaises surprises (c’est arrivé à l’école de ma mère après la kermesse).
Et maintenant je connais un GNiste à la SACEM alors je vais filer droit 😛
19 septembre 2014 at 11 h 10 min
Plus que des sons, n’existe t’il pas des musiques libre de droit en Françe ? (Qu’elles soient tombées dans le domaine public ou en licence libre)
Sinon, en Belgique, c’est la sabam l’organisme de controle, ca doit fonctionner plus ou moins de la même manière. Quelqu’un sait comment cela fonctionne en Suisse ?
19 septembre 2014 at 11 h 47 min
Si on trouve de la musique libre de droit sans problème, par exemple sur le site Jamendo.
19 septembre 2014 at 12 h 15 min
Pour compléter, voici la fiche technique actuelle sur le site de la FédéGN qui traite (entre autres) de ce sujet : http://www.fedegn.org/ressources/fiches-techniques/78-fiche-technique-017-les-droits-d-auteur
19 septembre 2014 at 12 h 28 min
je ne rebondirais sur la SACEM que par mon ressenti (pas argumenté, très subjectif): je pense qu’on a sacrément pas besoin de rajouter une ligne dans nos budgets de GN, et donc je suis pas vraiment sûr de la pertinence d’aller les voir en leur disant : coucou, on existe. Vous avez déjà contacté les auteurs dont vous vous inspirez des univers pour des droits ? Lucas art (disney…) ? etc ? j’ai peur que ça ne devienne un facteur très limitant.
Le sujet qui me fait plus poser question ici, c’est : des répétitions en jeu ? La, on tombe dans un domaine auquel j’ai un peu plus réfléchi, pour les différents jeux où il a fallu que j’interprète de la musique.
Quand un orga demande à un joueur de réaliser une représentation, il est intéressant que ce soit le personnage qui fasse la représentation. Or, quand on travaille un morceau (dans mon cas), on ne peut pas être le personnage. On se sert de beaucoup de choses que le joueur connait. c’est pour ça qu’on le travaille en amont. Si on doit répéter à plusieurs, les personnages sautent toujours, et ça devient (de mon expérience personnelle, et ce dans 100% des situations) des joueurs qui répètent entre eux. En musique, il y a une fausse note, une perte du rythme, un décalage, c’est le musicien qui s’en rendra compte en premier (et souvent le plus expérimenté) qui va tout arrêter, expliquer où ça a foiré, utiliser des techniques de travail qu’il connait pour améliorer tout ça, compter à voix haute, etc pour tout caler, et ce quel que soient les rangs/classe/niveau supposé des personnages en face.
Je n’ai pas l’expérience de la danse, mais je crains que ça ne soit tout pareil. L’apprentissage d’une compétence de joueur n’est, à mon avis, et dans ce domaine, pas réalisable en jeu, sous peine de sortir du jeu soit celui qui apprend (mais dont le personnage est sensé savoir faire), soit le celui qui maitrise mieux, qui sera obligé de se rappeler dans quelle circonstance il a rencontré le genre de problème à corriger, quand et avec qui il a appris tel ou tel pas,etc.
donc les répétitions avant le jeu, super cool (en atelier). les répétitions pendant le jeu, je n’y crois pas. Pour l’anecdote, quand je mets sur une fiche d’inscriptions que je joue d’un instrument, je mets à côté que je n’accepte de venir avec que si je n’aurais pas à répéter en jeu. et c’est (quasiment) non négociable (si je suis joueur, si je suis PNJ, c’est une autre affaire)
voilou voilou, article intéressant!
19 septembre 2014 at 14 h 16 min
Stricto sensu, il faudrait éteindre télé, radio, lecteur CD ou MP3 dès qu’un ami passe la porte de mon domicile. Mouaif…
Je ne pense pas que la SACEM cible l’anniversaire de tonton René avec ses copains d’Algérie à la salle paroissiale, ni la boum des 13 ans de Kevin dans le garage familial. Ca reste à voir pour le GN. Pour vivre heureux…
22 septembre 2014 at 23 h 41 min
Il y a des précédents.
Il suffit d’un journaliste qui écrit “Born to Be Wild des Steppenwolf. C’est le mélodieux son des enceintes réparties sur le camp que “Radio Forces Armées” réveille les troupes de joueurs dont le week-end est inspiré des films Good Morning Vietnam ou Platoon”.
C’est du vécu, et ça fait mal au c..
23 septembre 2014 at 12 h 56 min
Très intéressant sujet, qui revient effectivement, amha, à “comment intégrer en-jeu des compétences/savoir-faire forcément hors-jeu”, et qui revient au final à “immersion vs évasion” .
Ceci dit, on peut aussi parler des chansons dont les textes servent d’indices pour faire avancer l’intrigue (fait entre autres sur le Rêve de Dragon II et le Malaterre III), technique permettant une intégration très “en-jeu” de la musique dans un GN dont ce n’est pas le thème principal…
…concernant la Sacem, je préfère ne pas commenter, renseignez-vous par vous-même sur son fonctionnement et vous comprendrez. Sachez cependant que de plus en plus de petits lieux de diffusions refusent désormais de faire jouer des gens qui y sont inscrits, et préfèreront diffuser des auteurs inscrits sous d’autres licences (genre CC) !
Enfin, pour info, le groupe de musique médiévale “Les Goliards” est actuellement à la recherche d’un GN med histo ou med-fan au printemps, afin d’y proposer (bénévolement) ses services en tant que joueurs ou semi-pnjs, car cela leur semble un très bon moyen de travailler leurs personnages pour leurs futures prestations…
…de l’utilité du GN comme support de travail d’impro ! 😉
@+,
Schlopsy
26 septembre 2014 at 22 h 15 min
Je vais tester certainement de faire faire des chorés aux joueurs sur un thème “dance dance revolution”.
Pas d’écran ce sera ma petite personne.
je vous tiendrai au jus si ça a marché.
Euh…Je fais beaucoup de fitness hein je sors pas cette idée de mon chapeau ! 🙂
28 septembre 2014 at 19 h 32 min
C’est curieux cette manie de chercher par tous les moyens à alourdir le budget des GNs, ici en voulant payer des droits à la SACEM. Bientôt il faudra une licence 2 pour l’auberge, respecter des normes drastiques d’hygiène et de sécurité pour les repas, installer des sanitaires, un parking, un accès handicapé…
Il est bien loin le temps où on s’amusait à gueuler en costume dans la forêt autour d’un feu de camp en buvant quelques bières. A croire que plus personne ne pense au but premier de l’organisation, faire passer un bon moment au joueur à moindre coût.
29 septembre 2014 at 12 h 30 min
En dépit des commentaires assez négatifs de cet article, je salue bien bas l’idée: elle est juste géniale. Je vais réfléchir à l’idée des rubans, et à celle des duels en musique… Merci!
9 octobre 2014 at 11 h 43 min
“Quand on utilise de la musique il faut payer des droits à la SACEM et il faut noter que la SACEM nous retrouve toujours. Nicolas doit donc se charger de faire une fiche technique pour la Fédé. Nous avons par ailleurs profité de la présence de la permanente, Mélodie, pour proposer l’idée que la FédéGN lance les négociations avec la SACEM pour faciliter les démarches des assos à ce sujet. Nous verrons donc ce qu’il en ressortira.”
Pour ne parler que cette partie là du contenu de l’article :
S’il vous plait, n’allez pas attirer exagérément l’attention sur nous (les organisateurs de GN). Nous n’en avons pas besoin, nous n’en avons pas envie. Là, en vous présentant en plus comme la FédéGN, vous allez tous parler pour nous implicitement puisque vous êtes une des rares vitrine nationale, même pour les asso qui ne sont pas fédérées. Épargnez nous la SACEM par pitié, et n’allez pas chercher le bâton qui pourrait nous battre.