Un compte rendu de la convention belge de GN par Beus, avec quelques interventions en bleu de Lila Clairence.
Samedi 18 janvier avait lieu en Belgique la deuxième édition de Beta LARP, convention d’échanges et de rencontres autour de notre bon vieux loisir organisée par la Belgian Larp Federation (ou Fédé Belge). Quelques courageux français avaient fait le déplacement.
Réveil 6h. Départ 7h. Et lever de soleil sur l’autoroute A1. Rendez-vous à la Masure 14 à Tournai, une maison de jeunes au cœur de la ville.
Accueillis avec le sourire et par un bon café, Gilles Masy le coordinateur de l’événement nous fait un petit discours d’introduction pour nous expliquer le fonctionnement de la journée. Rien de déroutant pour un habitué des GNiales que je suis : trois espaces dédiés à des ateliers, conférences ou tables rondes selon le programme. Le thème de la convention GN et communication !
La particularité cependant est que toutes les conférences et tables rondes sont enregistrées par du matériel sono, Beta LARP souhaitant conserver les échanges de la journée. Excellente initiative !
Une dernière gorgée de café et c’est parti.
Je suis allé dans un premier temps écouter La Chuff méthode, méthode d’écriture scénaristique présentée par Alexandre Chuffart élaborée par ses soins durant plus de vingt années d’expérience. Alors entendons nous bien, elle ne se veut pas universelle et est adaptée à un certains types de GN que pour ma part j’appelle les GN à quêtes. Mais Alexandre du haut de ses nombreuses années de pratique, nous certifia son efficacité et que son gros avantage est qu’en la suivant, on ne risquait pas d’oublier quelque chose le jour J. Grosso modo, elle fonctionne sur la segmentation de l’histoire de base en lignes scénaristiques et sur le partage des tâches entre organisateurs, scénaristes et PNJ. Alexandre nous montra ses fichiers Excel où tout était répertorié et je dois dire qu’on pouvait admirer son sens de l’organisation. Sa méthode mériterait sans doute un article complet dans ce blog.
Puis, j’ai assisté à la conférence sur Les ateliers pré-GN de Baptiste. Sujet maintes fois abordé dans les pages d’Electro-GN mais prêcher c’est répéter ! S’en est suivi un échange intéressant devant une bière avec un GNiste belge aussi professeur de théâtre d’improvisation qui découvrait cette notion d’atelier. Il trouvait que cela pouvait être un formidable outil pour préparer son rôle en GN et nous lui avons confirmé !
La pause repas a permis à certains aventureux de découvrir une spécialité locale, la mitraillette.
On pourrait penser qu’une découverte culinaire n’est pas le point culminant d’une convention ludique, mais il est clairement d’une journée belge. Et la mitraillette fut, pour moi, un moment hors du temps et de l’espace. Je ne sais même pas quelle était la viande que j’ai mangé, son goût était épicé, croustillant et fondant à la fois, un vrai bonbon salé. Et les frites… J’ai entendu des débats sur les ondes « quelle est la meilleure frite, belge ou française ? ». Franchement, les gars… la question ne se pose pas. Une cuisson parfaite, le sel qui aiguise la langue pour recevoir une frite chaude, craquante au début, puis soudain moelleuse dans la bouche, délicieux.
J’ai préféré plus modestement profiter des sandwichs mis à disposition par l’organisation.
L’après-midi, j’ai basculé dans l’autre salle. Celle des tables rondes qui ressemblait à un studio de radio avec des micros installés le long d’une table.
La première animée par Benjamin Anciaux GN Belge et Français : un loisir, de nombreux styles de jeux se voulait un échange sur la vision des GNistes des deux pays sur la pratique de leurs voisins. Et faire tomber quelques clichés ! Non, le GN français n’est pas composé uniquement de GN « Romanesque » et il s’y pratique majoritairement des jeux médiévaux qui sentent bon la fight comme on l’aime outre-Quiévrain. Nos amis belges nous ont aussi parlé de la difficulté que des associations néerlandophones rejoignent Be Larp.
La seconde table ronde toujours animée par Benjamin Peut-on faire confiance aux joueurs ? fut celle qui m’intéressa le moins. Sans doute parce qu’elle ne me parlait guère dans ma pratique. On a échangé autour des tricheries et des arbitres dans les jeux de bastons collectives.
Après une petite pause, je me suis rendu dans la salle de conférence pour assister à l’interview de Sébastien Kapp par Gilles Cruyplants (fondateur d’Avatar). Qui est Sébastien Kapp ? Un universitaire qui a fait une thèse d’anthropologie / sociologie sur le GN en allant à la rencontre des joueurs belges.
Sa principale problématique tourne autour de l’immersion dans la fiction et des spécificités du GN par rapport à d’autres médias comme le livre ou le cinéma. L’échange fut très intéressant mais difficile à reproduire de mémoire dans ses lignes. J’ai aimé que le ton ne soit pas complétement consensuel permettant à Sébastien surnommé affectueusement « Docteur GN » de bien exprimer son point de vue. À plusieurs reprises Gilles Cruyplants lui a reproché d’avoir occulté dans son travail la dimension organisateur et associative pour ne se concentrer que sur le joueur.
Sébastien a répondu à une interview de Radio GN qui sera mise en ligne un jour ou l’autre.
Pendant que Beus nourrissait son esprit, je me trouvais entourée d’adolescents habitués de la masure pour un atelier sur le langage non verbal animé par un conteur. Qui de mieux qu’un conteur pour nous enseigner la puissance de la posture, de l’allure et de la mimique dans l’interprétation d’un personnage. Un des exercices que nous avons fait ensemble résume bien l’enseignement de cet atelier : nous nous sommes assis en cercle et Karl a chuchoté dans l’oreille de deux participants un chiffre compris entre 1 et 10. Le chiffre symbolisait un état de confiance en soi, 1 étant la timidité extrême et 10 la témérité absolue. Les deux participants devaient ensuite déambuler au milieu du cercle, et n’interagir qu’à l’aide du regard. Et les autres devaient deviner quel chiffre avait été soufflé à chacun des deux.
Cet exercice permet de pacifier son jeu, de capter et d’analyser les signes du jeu de l’autre, et même, de jouer avec l’autre, car lorsque les deux ont compris le chiffre de l’autre, s’installe un jeu de « je suis le plus fort », accepté par le chiffre faible car quoi de plus arbitraire qu’un chiffre ? Il ne s’agit pas ici d’imposer son jeu, mais bien d’accepter que le chiffre de l’autre soit plus élevé, et de faire de cette « faiblesse » une richesse, un enjeu.
Puis il fut temps de dîner autour d’une pizza. Et de retrouver les joies de la bière belge.
La soirée, j’ai participé à un atelier Leadership animé par Gilles Masy. Qui consistait à construire des bâtiments en Lego en trois phases. La première avec des chefs très directifs, la seconde sans chef et la troisième avec des chefs enthousiastes. Ces exercices furent suivis d’un débriefing afin que chacun réfléchisse à son rapport à l’autorité, à la notion de chef et à sa place au milieu des différents types d’organisation. Si j’ai trouvé cela intéressant à faire, j’ai trouvé qu’il manquait un peu un lien avec le GN.
Il commençait à se faire tard et les adieux approchaient. Même si Gilles Masy s’est pris dans les pieds dans le tapis lors du débriefing en annonçant la fin des GNiales provoquant l’hilarité générale, la seconde édition de Beta LARP se termina dans la bonne humeur et n’avait pas à rougir de la comparaison avec son homologue française, tous les participants se donnant rendez-vous pour l’an prochain en promettant de faire venir plus de monde !
Puis alors que tout le monde commençait à plier les gaules, Baptiste proposait de faire jouer à quelques volontaires, un scénario en mode « Black Box ». Ce filou était allé dans l’après-midi faire le nombre dans une initiation au GN créée par Benjamin Anciaux, mini-scénario pour faire découvrir le loisir à de complets débutants. Il avait récupéré et voulait tenter l’expérience de nous le faire jouer en utilisant les spécificités d’une black box. Un inspecteur et son subordonné enquêtaient sur un crime qui s’était déroulé la veille dans une maison de campagne et seuls quatre suspects pouvaient être l’assassin. Disposés sur des chaises aux quatre coins de la black box, les joueurs allaient être cuisinés par une police prête à tout pour trouver le coupable. Je jouais l’un des suspect et force est de constater l’efficacité de la mise en scène. Car lorsque que l’inspecteur utilisait la lumière au dessus de ma tête pour m’interroger spécifiquement, il faut bien admettre que je ne faisais pas le malin…
Pour un jeu organisé à l’arrach’, nous avons réussi à nous en tirer fort honorablement.
Retour sur Paris à 4h du matin. Beaucoup de fatigue. Beaucoup de joie d’avoir participé et d’avoir été aussi sympathiquement accueillis.
À l’année prochaine !
Beus
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4 février 2014 at 13 h 31 min
N’occultons pas Laurent De Greef qui interviewa également Sébastien Kapp.
4 février 2014 at 14 h 36 min
Merci à vous pour votre présence, énergie et bonne humeur !
Avec Fabrice, nous rassemblons les différentes présentations (PowerPoint) et interventions (fichiers audios), afin de les faire partager au plus grand nombre ! Stay tuned !
Quant à l’atelier sur le LeaderShip, l’objectif était de faire prendre conscience
– de votre mode de leadership préféré et détesté, subi ou administré
– des avantages et inconvénients de chaque méthode
Afin que lorsque vous serez responsable d’un groupe, vous puissiez vous positionner.
Ça me semblait autant utile pour un scénariste devant animer son équipe de PNJs, que pour un joueur qui se voit propulser chef.
4 février 2014 at 14 h 36 min
Merci à vous pour votre présence, énergie et bonne humeur !
Avec Fabrice, nous rassemblons les différentes présentations (PowerPoint) et interventions (fichiers audios), afin de les faire partager au plus grand nombre ! Stay tuned !
Quant à l’atelier sur le LeaderShip, l’objectif était de faire prendre conscience
– de votre mode de leadership préféré et détesté, subi ou administré
– des avantages et inconvénients de chaque méthode
Afin que lorsque vous serez responsable d’un groupe, vous puissiez vous positionner.
Ça me semblait autant utile pour un scénariste devant animer son équipe de PNJs, que pour un joueur qui se voit propulser chef.
4 février 2014 at 15 h 25 min
@Gilles C : effectivement ne l’oublions pas ! Merci pour la précision
@Gilles M : je pense que tu aurais dû insister sur tes intentions car pour moi cela n’a jamais été clair durant l’atelier.
Mais peut-être l’as-tu fait et que je dormais… Je n’écoute jamais les chefs 😉
4 février 2014 at 19 h 18 min
“BEta Larp comme si vous y étiez” il ne manque que la photo de la mitraillette et l’article aurait été vraiment parfait 😉
4 février 2014 at 23 h 12 min
Merci pour cet article.
Au-delà du fait que la Belgique occupe une place particulière dans mon cœur, j’apprécie cet effort d’aller voir comment on pratique le GN ailleurs pour ramener des idées neuves.