Plan Social
Un jeu de rôle Grandeur Nature de l’association eXpérience pour 3 joueurs en 4 heures téléchargeable ici : http://www.murder-party.org/sc%C3%A9narioth%C3%A8que/experts/plan-social/
Une critique du jeu (extrêmement positive) sur www.murder-party.org
Les citations en bleu sont des retours de joueurs. Retrouvez le retour complet de Matthieu Nicolas (joueur sur la quatrième session) à la fin de cet article.
Plan Social est un jeu de rôle Grandeur Nature écrit et organisé par l’association eXpérience. Ce texte est moins une critique du jeu qu’un retour d’expérience puisque je suis l’un des auteurs du jeu. L’objectif est de présenter un GN atypique tant par son thème que par sa structure. Je pense que la structure du jeu possède des avantages certains qui pourrait être réutilisés dans d’autres GN, y compris sur des thématiques totalement différentes.
Le jeu raconte l’histoire d’un plan de licenciement collectif dans une usine à Saintes en Charente-Maritime. L’histoire se déroule en quelques mois et est présentée du point de vue de plusieurs personnages. On verra l’évolution et les choix des ouvriers, des cadres et d’un jeune homme responsable de l’audit de l’entreprise.
“Un exercice de style intéressant dans lequel on se concentre sur le personnage et sa position morale ; un drame émouvant et réaliste dans lequel on s’implique exceptionnellement, bien plus fortement que dans un GN conventionnel, tant du point de vue des “objectifs” que des émotions.” – Vincent
Parler de société en GN
Nous avions envie depuis longtemps d’utiliser le GN pour parler d’un sujet de société. Les licenciements, les délocalisations sont un sujet qui en France fait couler beaucoup d’encre. Nous avons une représentation assez importante des images de luttes ouvrières au cinéma dans notre pays. Elles sont fortement médiatisées et chacun a immédiatement en tête de nombreuses images lorsqu’on parle de grève, de fermeture d’usine, de délocalisation. Le GN peut permettre aux participants de faire l’expérience de l’épreuve humaine que représente un tel bouleversement dans une entreprise. Au travers du jeu, nous voulions raconter une histoire réaliste et permettre aux joueurs de se retrouver face à des choix et des dilemmes difficiles à appréhender si l’on n’en a pas fait l’expérience soi-même.
Nous avons lu plusieurs dossiers et articles pour prendre des informations sur la façon dont se déroulait un plan social (hauteur des primes de licenciements, façon de communiquer la nouvelle), mais nous avons aussi pioché dans des références fictionnelles comme les films « Ressources humaines » ou « Violence des échanges en milieu tempéré ».
Nous avons voulu éviter de tomber dans une caricature et parler de personnages ayant des statuts et des ambitions différentes sans jamais les déshumaniser.
“J’ai aimé le jeu : la vitesse d’exécution, le cut, la variété des situations, la concision des personnages et leur potentiel de développement.” – Gilles
Un GN à arborescence
Le jeu a été conçu avec la méthode eXpérience. Nous avons d’abord posé un réseau de personnage et leurs désirs, puis envisagé les situations de jeu qui nous semblaient les plus intéressantes. Nous voulions que chaque scène ait un enjeu fort pour les personnages et l’histoire.
Dans Plan Social, les joueurs vont jouer une trentaine de scènes différentes. Avant chaque scène, chacun va recevoir une fiche d’informations courte, résumant ce que son personnage fait là et ses éventuels objectifs.
Un narrateur va ensuite présenter la situation et les joueurs vont commencer à interpréter leur personnage. Chaque scène dure entre 2 et 10 minutes et se termine lorsque l’organisateur lance une musique. Les joueurs s’immobilisent alors puis sont positionnés pour la scène suivante et reçoivent de nouvelles informations. La musique s’arrête, le narrateur reprend la parole et la scène suivante commence.
“L’ici et maintenant, la sensation d’expérience optimale, c’est vraiment un truc que je recherche de plus en plus en GN, et Plan Social te permet de l’expérimenter.” – Beus
Les personnages face à des choix importants
Vers le milieu du jeu, les personnages sont mis face à des choix importants. Selon leur décision au cours d’une scène, l’histoire prendra une direction différente. Un peu à la manière d’un livre dont vous êtes le héros.
Il existe donc plusieurs embranchements possibles, tous conduisant à des fins différentes. Les joueurs sont donc en permanence dans une incertitude par rapport à la scène suivante et ce qu’elle contiendra, mais aussi dans l’expectative de savoir si leurs choix ont été les bons.
L’histoire du licenciement collectif est toutefois relativement inéluctable et le happy end n’existe pas, aucun des personnages n’ayant moyen de sauver tout le monde, quels que soient ses choix.
Interpréter 30 rôles avec 3 joueurs
Le jeu est un challenge pour les joueurs. Durant 4 heures, ils vont interpréter jusqu’à 10 rôles chacun. En effet, ils retrouveront régulièrement leur personnage principal, mais interpréteront également d’autres personnages clefs de l’histoire.
Parfois, certaines fiches remises avant une scène contiendront des directives particulières. Il peut s’agir d’une instruction de mise en scène ou d’un méta-objectif. Par exemple « Vous devez pousser le personnage en face de vous à vous dire la vérité ».
En raison de ce challenge d’interprétation, ce sont les joueurs qui décident de la durée du temps accordé entre chaque scène. C’est à leur signal à tous que la scène sera lancée par le narrateur.
Un jeu très directif et très intense
Au final, le format du jeu à arborescence est excellent pour raconter une histoire à ce point scriptée. Les joueurs gardent énormément d’incertitude et une grande part de jeu, mais l’histoire complexe reste sur des rails établis par les auteurs.
Le jeu est passionnant à organiser car l’organisateur doit rester en permanence à l’écoute des joueurs pour pouvoir comprendre leurs choix et orienter l’histoire en fonction. Il lui incombe aussi de couper les scènes au bon moment pour que l’histoire soit lisible et fluide et sans couper les joueurs dans leur élan.
Les retours des 4 premières sessions sont bons et nous avons parfois ajouté quelques ateliers et conseils avant le jeu pour des joueurs peu familiarisés avec ce genre de format ou peu familiarisés avec le monde de l’entreprise, mais je crois que Plan Social reste accessible tant pour des joueurs que pour des organisateurs et il devrait être organisé de nouveau à l’occasion de la prochaine édition de Studio-GN et faire l’objet d’une traduction en anglais rapidement.
Le retour de Matthieu Nicolas sur le jeu
J’ai un peu bleedé en jouant ce gréviste malgré lui pendant une poignée d’heures. J’ai bleedé pour toutes les fois où j’ai pu voir ces choses se faire, et où tant de fusibles ont été mis en place que vous ne savez plus à qui vous en prendre. Pour toutes les fois où ces effets de système, parfois savamment mis en place, vous envoient ce message en lettres clignotantes : “Ça n’a rien de personnel”. Pour calmer la bête… Putain de merde, bien sûr que c’est personnel, enfoiré !
La table de mixage de Plan Social
Derniers articles parBaptiste CAZES (voir tous)
- La méthode aXiome – écrire un scénario d’enquête - 21 décembre 2015
- Nouveauté Electro-GN : Les soluces de GN - 1 avril 2015
- Blackbox, exemples d’utilisations sur Mad About The Boy - 6 mars 2015
11 mai 2014 at 21 h 41 min
Joué hier soir. Vraiment un très bon jeu. Merci aux auteurs.
12 mai 2014 at 12 h 44 min
J’ai passé un excellent moment avec ce GN et un casting de rêve:)
C’est vrai qu’il n’y a pas de monstres à taper, qu’il n’y a pas de fiche de personnage et que le thème ne fait pas rêver aux premiers abords.
On pourrait aussi s’offusquer d’enchainer des scènes que l’on doit préparer.
Mais bon dieu que ce GN est intense et efficace!
Plus intense que de taper sur un monstre de carton pâte, plus efficace que les fiches de personnages que j’ai pu lire ou écrire.
Pour jouer ce GN en laissant de côté pour 4 heures ses habitudes et ses a priori.
Il sera bien entendu organisé sur Nantes car il a deux qualités rares dans notre loisir : il est facile à mettre en place et ne demande pas de budget pharaonique.
Merci à mes camarades de jeu et à l’orga.
12 mai 2014 at 23 h 37 min
J’y suis allé sans a priori même si le thème peut paraitre polémique, cependant, tout au long du jeu, je me suis laisser happer par un scénario et une mise en scène très bien penser.
Il s’agit là d’un jeu d’une rare intensité où les personnages proposés ont été écrit avec justesse.
C’est bien la première fois que je joue 4 heures d’affilée sans hors jeu ( les séquences de jeu alternent scènes et petits moments de préparations qui permettent tout à la fois de se concentrer et de souffler, mais l’idée de faire du Hors-Play ne m’ait pas venu ).
Bien sur je ne le conseille pas à quelqu’un chez qui “Plan social” pourrait entrer en résonance avec une expérience de ce type malgré tout je le conseille car il explore bien des aspects de notre humanité ( ni les meilleurs ou les pires et c’est une des forces de ce jeu ).
Bref, c’est un excellent jeu, bravo aux auteurs.
Merci à mes partenaires d’avoir partager ce jeu.
Que Catherine, Edouard et Sebastien connaissent le plus de visage possible car ils le méritent.
“Plan Social” c’est un bon plan !!!
15 mai 2014 at 9 h 35 min
Ca donne vraiment envie 🙂