Le champ de bataille permanent. Le combat ultime. L’apocalypse sur terre. C’était ça que les organisateurs avaient promis à Serge. Un GN où il n’y aurait probablement aucun survivant. C’était mal connaître Serge. La plupart des joueurs ne se préparaient pas assez, et ils finissaient toujours par se faire avoir. Lui, il n’allait pas mourir.
Il avait appris les quarante pages de règles de combat par cœur. Il avait optimisé le nombre de flingues qu’il pouvait avoir sur lui, et maximisé leurs dégâts en les customisant. Il avait pris toutes les compétences autorisées pour qu’on ne puisse pas le surprendre en arrivant derrière lui. Aucun coup spécial pour l’assommer ou l’égorger ne pouvait fonctionner sur son personnage. Serge était un super guerrier.
Il avait eu raison, le GN se transforma rapidement en véritable boucherie. Serge trucidait les autres joueurs en se moquant d’eux. S’ils avaient un peu étudié les règles, ils ne se seraient pas fait tuer aussi bêtement. Comme c’était un jeu avec du surnaturel, les joueurs morts passaient un moment à l’écart, puis revenaient dans le jeu, toujours avec les mêmes personnages, mais un peu changés. Des sortes de zombies peut-être. Serge ne savait pas trop. Ce qu’il savait par contre, c’est qu’il pouvait les tuer à nouveau.
Apparemment les organisateurs voulaient que tous les personnages se fassent tuer, pour aller dans l’au-delà et en revenir. Ça avait l’air important dans leur scénario. Serge était fier, personne n’avait réussi à l’assassiner. Il était le dernier joueur dans ce cas-là. La fin du GN approchait, et Serge était sûr d’arriver au bout en restant en vie.
À un moment, les organisateurs rassemblèrent tous les joueurs dans une salle. Ils allaient expliquer la suite du scénario. L’organisateur principal leur décrivait une lumière que tous se mettaient à voir, et une sorte d’entité qui leur parlait. Content de lui et voyant que ça allait être son moment de gloire, Serge se permit d’interrompre l’organisateur, le sourire aux lèvres : « Ah je pense que tout ça ne me concerne pas. Pour info, je ne suis toujours pas mort ! »
À côté de lui, son copain Raoul qui était joueur également, le regarda d’un air impassible. Il actionna la tronçonneuse en latex qu’il avait à la main et la passa au travers du corps de Serge. Serge n’avait pas réagi, il pensait que Raoul était hors-jeu.
L’organisateur reprit la parole : « Bon ben maintenant c’est fait. Reprenons. »
Serge se dit que de toute façon, il resterait le meilleur guerrier parmi les zombies.
Illustrations : Emilie Goudin
Les anecdotes de Serge sont TOUJOURS vraies.
Si vous voulez raconter votre anecdote à Serge, écrivez à contact@electro-gn.com
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