Les 8,9 et 10 mai 2009 a eu lieu la première édition du GN « ça va jazzer à Chicago ». Dans les conversations, le titre retenu par la majorité des gens a été « Chicago » tout court, la première partie du titre ayant été occulté par beaucoup. Et pourtant, nous verrons qu’elle avait amplement mérité son existence.
L’association Rôle (Pour une poignée de Koyots, Cosmos 3000, l’aventure Fabuleuse, Carnet de Bal) est une association parisienne qui regroupe de nombreux scénaristes. L’équipe du « Chicago » regroupe des auteurs ayant commis plusieurs jeux mais dont peu avaient véritablement eu l’occasion de travailler ensemble. L’association a une vocation Fédérale et encourage en effet beaucoup de scénaristes venus de divers horizons dont plusieurs ont été recrutés pour cette superproduction.
Annoncé plus de 1 an et demi à l’avance, le GN Chicago a tout de suite été présenté comme un challenge par les deux coordinateurs de l’équipe, Ma rie-Claire Art aud et Edo uard Pin eiro. La vitesse à laquelle les préinscriptions au jeu ont été remplies ne laissant aucun doute sur le fait que les places seraient très chères. 120 joueurs au final avec une PAF à 100 euros, une barrière psychologique franchie pour l’association qui a pour habitude de proposer des jeux a des budgets plutôt abordables.
Pendant plusieurs mois, l’équipe va donc faire parler d’elle. Tout le monde veut savoir ce qui se passe lors des réunions, quelles sont les surprises qui attendront les joueurs ? Et peu à peu les infos tombent. L’association Topik s’occupera de la logistique sur le jeu. Bonne nouvelle, puisque cette association est connue pour ces brillantes réalisations sur des jeux comme « la Faille » d’Anachrone ou les « Jedi Knight » du WARGS. On parle déjà de la mise en place d’un système téléphonique permettant de relier divers endroits du site de jeu, qui représentera de nombreux endroits de la ville de Chicago.
Après quelques mois, l’un des scénaristes quitte l’équipe, à cause d’un différent sur la thématique même du jeu. Comme beaucoup de jeu de l’association, l’équipe recherche un jeu « Fun » avant tout. Chicago sera une Uchronie et de nombreuses libertés seront prises avec l’Histoire. Plusieurs autres scénaristes rejoindront l’équipe en cours de route.
Pendant plusieurs mois, la rumeur commence à émettre des doutes sur l’avancée du GN. On parle de plusieurs tensions entre l’équipe de scénaristes et Topik. L’équipe s’est partagé le travail par pôles. Les flics, les musiciens, les gangsters italiens, etc… Si on s’inquiète peu du travail de certains organisateurs habitués à travailler sans trop se soucier de la coordination générale comme Armelle et Edo uard Pin eiro, on se pose des questions sur la façon dont l’équipe va réussir à marier les divers pôle et les centaines d’intrigues du jeu. L’équipe souffre des rumeurs qui vont bon train mais l’opinion publique continue de soutenir le projet et oblige l’association à faire valider les préinscriptions plusieurs mois à l’avance. En moins de quelques jours, le jeu affiche complet.
Comme pour beaucoup de GN en France, la date est annoncée longtemps à l’avance et le site est réservé alors que le travail des scénaristes n’est pas encore terminé. Ecueil classique qui force tous les organisateurs, PNJs, Techniciens à travailler d’arrache-pied pour que tout soit prêt le jour J. Au final, les fiches de personnages arriveront moins d’une semaine avant le jeu. Les avis sont partagés. Les joueurs ont, pour certains, fait des demandes particulières aux organisateurs lors de leurs préinscriptions. Les demandes n’ont pas toujours été comprises ou respectées. Sur Facebook, les forums ou les boîtes mails, les joueurs échangent leurs avis sur les fiches de personnages. On voit de tout, ce qui n’est pas très étonnant étant donné que l’équipe comprend énormément d’auteurs différents. On va de « la meilleure fiche jamais reçue » à « Une fiche creuse et incompréhensible ». Globalement, beaucoup de fiches semblent très (trop) riche en informations et la rédaction de l’ensemble assez peu travaillée. Pressé par le temps, les auteurs n’ont pas toujours pu relire leur travail autant de fois qu’ils l’auraient voulu et le résultat manque parfois d’âme. Les informations sont là mais il manque le point de vue du personnage sur les scènes auxquelles il assiste.
Moins de 5 jours avant le jeu, tout les joueurs s’accordent à dire qu’il va falloir s’y mettre sérieusement. L’heure est aux révisions pour les joueurs soucieux de profiter à fond du jeu, en maîtrisant leur personnage. De leur côté, les organisateurs ne dorment plus. Il reste très peu de temps pour tout boucler avant de partir pour le site qui se trouve dans la région de Lyon. Le jeudi matin, le convoi parisien prend la route. Les marseillais de Topik et les Nantais de A3DL et Mondes Parallèles venus donné un coup de main les retrouveront sur place.
Le vendredi soir, les 120 joueurs sont là. L’organisation a du retard. Divers aides de jeu manquent. Des agendas doivent être remis à chaque joueur avec les rendez-vous de leur personnage pour les 3 jours de jeu. Une bonne idée qui permettra d’éviter un écueil fréquent en GN. Les personnages n’auront pas à se courir après en permanence sur le site de jeu car ils ont des rencontres fixées à l’avance qui aideront les intrigues à se dénouer. Il leur sera bien sûr possible de prendre de nouveaux rendez-vous avec d’autres personnages durant le jeu. Les événementiels sont déjà planifiés et les personnages intéressés connaitront l’horaire et le lieu qui leur permettront de participer. Malheureusement, les agendas arriveront le lendemain, parfois assez tardivement et le retard sur l’horaire créera assez vite un décalage entre les heures fixées sur le papier et les heures réelles. La bonne idée tombe à l’eau.
Le jeu du vendredi soir ne ressemble cependant pas du tout à une partie de chat entre joueurs. Le jeu se déroule sur deux sites séparés l’un de l’autre. Deux voitures d’époque font la navette entre les deux régulièrement. Chaque personnage est placé en début de jeu dans une situation de départ, bien souvent avec les personnages de son pôle. Les mafieux avec les mafieux, les incorruptibles avec les incorruptibles. Les situations de départ permettent à chacun de mieux faire connaissance avec les personnages qui sont décrits dans sa fiche. Peu de rendez-vous sont prévus pour le soir et les joueurs en profitent donc pour explorer les divers liens qu’ils ont avec leur famille/amis en jeu. Beaucoup de relations qui vont porter le jeu durant trois jours.
Quelques heures plus tard, un premier événementiel réunira plusieurs mafieux et les forces de l’ordre autour de la récupération d’une cargaison d’alcool. Mais c’est surtout le lendemain matin que les festivités commencent. Au programme général, une exposition, un tournoi de boxe, des projections de cinéma d’époque, des courses hippiques, et l’ouverture d’un cabaret. S’ajouteront à cela, des événementiels ne concernant qu’une petite partie des joueurs, règlement de compte, rendez vous amoureux etc… Tous ces moments laisseront un souvenir assez mémorable. Les événementiels sont inspirés. Ce découpage temporel, grâce aux agendas et spatial, tant le site est grand, contribue énormément à ce succès. Chaque séquence se découpe de la précédente par un changement de lieu. Même si les joueurs se retrouvent souvent dans la cour entre deux bâtiments, essayant d’échanger leurs informations, beaucoup s’isolent et profite du décor immense mis à leur disposition. La psy peut prendre ses patients dans son cabinet, les gangs peuvent se réunir dans
les arrières salles, les amoureux se retrouvent au cinéma, les sportifs vont s’entrainer à la salle de boxe. C’est cette diversité de lieux qui permet aux joueurs de profiter pleinement des scènes qu’ils jouent sans être dérangés par d’autres joueurs qui pourraient parasiter leurs échanges. Les événementiels plus généraux sont tout simplement époustouflants. L’ambiance autour des combats de boxe ne retombe pas un seul instant, l’exposition ne désemplit pas et le cabaret qui réunira tout le monde le samedi soir est tout simplement le meilleur show qu’il m’ait été donné de voir dans un GN.
Les deux thématiques principales du jeu, à savoir les comédies musicales et en particulier « Chicago » et les films de mafias comme « les incorruptibles » se marient parfaitement et le final du jeu le démontrera parfaitement en faisant se rencontrer définitivement les deux ambiances.
Au final, Chicago laisse un « blues » post-Gn assez palpable au joueur comme en témoigne le forum de Rôle, mais on regrettera sans doute quelques écueils qui auraient pu être évités avec quelques mois de travail supplémentaire. Les fiches laisseront souvent un sentiment de manque de finition. Les bonnes idées comme les agendas personnalisés ne seront finalement pas abouties et certains aspects de la logistique comme le réseau téléphonique ne fonctionneront pas comme prévu. La navette entre les deux sites, assurées par les voitures d’époque aura obligé quelques joueurs à rester cantonné à une seule facette du décor. J’espère pour ma part que tous ceux qui ont transpirés pour ce jeu sauront profiter de ces erreurs pour retravailler le jeu et faire d’un très bon jeu, un jeu excellent.
ça va Jazzer à Chicago – Rôle –
Arm elle et Edo uard Pin eiro
Ma rie-Claire Art aud
Caro line Pen eau
Blan dine Christ ophe
San drine Tro jani
Thi erry et Cé line Fau cille
Photos : Joram Epis
Blog Photo : https://www.facebook.com/Joramphotos/
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29 mai 2009 at 2 h 03 min
Ils sont pas beaux mes enfants ?
29 mai 2009 at 2 h 07 min
sympathique article !
29 mai 2009 at 2 h 58 min
Je n’étais pas coordinateur, juste scénariste.
30 mai 2009 at 0 h 20 min
critique lucide et constructive. cela dit, sans m’avancer, je ne pense pas possible une réédition. à titre personnel, en tant que joueur, une immense réussite, de bout en bout.
30 mai 2009 at 7 h 49 min
Un très bon article, franc et réfléchi, qui met à jour les principaux défauts et qualités du jeu.
J’aime, d’autant plus que je te rejoins sur la plupart des points.
1 juin 2009 at 2 h 01 min
Mais si “[les orgas] sauront profiter de ces erreurs pour retravailler le jeu et faire d’un très bon jeu, un jeu excellent.”, est-ce que dans ce cas ton article n’est pas spoiler?
1 juin 2009 at 4 h 22 min
je ne vois pas en quoi l’article serait spoiler. ce qu’il révèle porte sur des aspects pratiques et organisationnels.
si réédition il y a, ce dont je doute fortement (mais je ne m’engagerais pas sur ce point à la place des orgas) les faiblesses que soulève l’article devraient être corrigées, et le second GN ne pas ressembler au premier.
sur le point de la cohabitation des deux ambiances, la communication avant le GN avait déjà donné clairement le ton. à la rigueur, évoquer la scène de la cargaison d’alcool, mais en même temps, c’est comme évoquer “une scène d’abordage” pour un GN de Pirates, c’est une figure imposée, et attendue, non ?
cela dit en temps que simple lecteur de ce blog, et simple joueur de ce GN.
2 juin 2009 at 8 h 35 min
Un très bon article, réfléchi et équilibré. J’espère vivement qu’il y en aura bientôt d’autres. Bravo !
2 juin 2009 at 9 h 19 min
Je me retrouve plutôt dans cet article, autant pour le positif que pour le négatif.
Il y avait des choses énormes sur ce GN, des scènes vraiment tripantes et sympas, mais en même temps pas mal d’autres choses qui ont fait que j’ai eu du mal à rentrer dedans à fond :/
23 juin 2009 at 8 h 37 min
Je veux le jouer !!! Pour ça, faut le rééditer… rien que pour l’ambiance ^^