Les 18,19 et 20 mai 2012 a eu lieu le GN « Il était une fois », organisé par l’association Amalgame. L’association est connue pour sa trilogie Memory, mais aussi pour le plus récent Asylum et ses GNs Parodiques, comme Ydeniah.
On citera également le Übermensch, qui traite de super-héros, et le Firefly, inspiré de la série éponyme. Deux jeux pour un nombre de joueurs plutôt réduits.
Une association qui regroupe donc plusieurs équipes d’auteurs et qui propose un choix de plus en plus large de jeux, ce qu’on ne peut que saluer. Je vous invite à surveiller de près une réédition du Übermensch et à pourrir cet article de commentaires pour obtenir une réédition du Firefly.
Le Kriav, un jeu d’ambiance
Le titre devait être trop long et le GN a peu à peu pris cette appellation. Kriav est donc le nom d’un village forain peuplé de gitans qui proposent aux londoniens rien de moins que de venir rencontrer les personnages des contes de leur enfance !
Le GN est annoncé sur un site dédié et précise aux joueurs intéressés qu’ils vont devoir choisir entre 3 types de personnages :
• Gitans
• Personnages de conte
• Visiteurs
De plus, et la démarche est suffisamment rare pour être signalée, les organisateurs expliquent également de quoi le jeu sera fait et surtout ce qu’il ne sera pas ! (Ce qui n’est pas sans rappeler une des questions récurrentes des previews de ce blog)
Voici un extrait de la présentation disponible sur leur site :
« Une aventure en huis clos dans un village habité par des personnages issus d’histoires de notre enfance.
Afin de vous donner une idée du style de jeu, voici quelques précisions :
60 % Ambiance (ce GN est avant tout un jeu d’ambiance et d’immersion, votre interprétation des rôles sera fondamentale)
30 % Intrigue (de nombreuses intrigues relient les personnages les uns aux autres, il faudra s’y intéresser)
10 % Action (il y aura pas ou peu de combats, pas ou peu d’exploration) »
À la lecture de cette présentation, je me suis dit que le Kriav serait un GN où il allait falloir compter avant tout sur sa pomme pour créer de l’action. Inutile d’attendre qu’une série d’événementiels viennent nourrir votre jeu, il va falloir amener son manger. Mais nous allons voir que les auteurs ont quand même tenu à nous envoyer un peu de lecture (une trentaine de pages tout de même) avant le jeu.
Un peu de lecture préliminaire
Avant toute chose, précisons que je jouais un habitant du village, pas un gitan, juste un habitant. L’un des fameux « personnages de notre enfance ».
Le premier document que j’ai reçu était le suivant : une description du village de Kriav Leboul. Le document permettait de se familiariser avec la géographie des lieux, de repérer le chalet où nous allions vivre, moi et mes colocataires, mais aussi les lieux de vie commune.
Mais surtout, le document contenait un outil véritablement indispensable à la vie d’un village : un planning. La vie d’un village se compose de nombreux rendez-vous. Si vous avez déjà essayé d’organiser une réunion de plus de 3 joueurs en GN, vous savez comme ça peut être difficile. Le planning permettait à de nombreux villageois de se repérer dans le temps et d’organiser des rassemblements qui n’auraient sans doute jamais vu le jour autrement. Une excellente initiative, rendue également possible par le fait que le GN a débuté à l’heure !
Le second document expliquait comment incarner un villageois. Être villageois à Kriav Leboul, ce n’est pas être n’importe quel personnage. Nous sommes supposés être les « personnage de l’enfance » bordel ! Et on ne peut pas mettre au diapason plus de 60 joueurs juste par l’opération du saint esprit. Du coup, seconde bonne idée : leur donner une explication de la façon dont les orgas voient les choses !
Enfin, nous avons reçu des documents plus « classiques », fiches de personnages, et trombinoscope. Je vais m’attarder sur ce dernier. Je devrais dire CES derniers, car en vérité, les villageois ont reçu trois trombinoscopes, soit plus de 80 têtes de pipes à mémoriser. Chaque photo étant accompagnée d’un petit texte permettant d’identifier le personnage et sa « fonction » au village. Une notion sur laquelle je vais revenir.
Manuel pour dynamiser une commune de petite taille par Amalgame
C’est toujours délicat d’arrêter son choix sur un angle plutôt qu’un autre. Mais voilà, il faut bien. Je ne vais donc pas parler dans les lignes qui viennent du site incroyable qu’utilise le jeu, de la rédaction toute particulière des fiches, des décorations colossales de Mélodie, Guillaume, Jérôme et Benjamin, du mal de dos qui empêcha Linos d’assister à son propre jeu, ni de la bouffe (sweet jesus, la bouffe !) assurée par « De la cave au grenier ».
La vie de village. Voilà ce sur quoi je voudrais m’attarder dans cette critique. C’est ce qui me semble tout à la fois être le point fort du jeu et son pari le plus risqué : créer une vie de village dynamique sur deux jours, pour plus de 80 joueurs.
Favoriser les relations de proximité
Pour commencer, les organisateurs ont visiblement avant tout travaillé cet aspect. Le scénario se composant essentiellement de relations entre les villageois, ne conduisant pas immédiatement à des intrigues extrêmement complexes : Je n’aime pas celui-ci parce que je suis sûr qu’il me vole, j’ai une affection toute particulière pour celle-ci parce qu’elle me rappelle quelqu’un, il m’arrive de boire des coups avec mon voisin, etc.
Développer le tissu associatif
En revanche, beaucoup de personnages font partie d’un ou plusieurs « groupes ». Chaque groupe ayant des habitudes indiquées dans une fiche à part, mais aussi des objectifs communs et des rendez-vous prévus durant le GN. Je précise que ces groupes n’ont rien d’artificiels. Il ne s’agit pas d’un regroupement fortuit de personnages comme on en voit si souvent. Il s’agit d’un groupe de villageois réunis autour d’une idée commune comme peut l’être une « Amicale des joueurs de bridge » par exemple.
Encourager la professionnalisation
Je l’ai déjà dit, chaque personnage s’était vu attribuer une fonction au sein du village, allant du plus « utile », comme le responsable de la sécurité, au plus « futile », comme le responsable des pelouses. Encore une fois, à de rares exceptions près, la fonction est avant tout un prétexte pour le joueur à se fabriquer du jeu et de l’interaction. Ne comptez pas trop sur les autres pour venir vous rappeler que vous pouvez intervenir ici ou là, vous êtes prévenus, le jeu compte sur votre énergie et votre roleplay. Si vous faites l’effort de vous bouger pour aller faire respecter les pelouses, vous serez récompensé de vos efforts rapidement.
S’approprier l’environnement
Les joueurs avaient été encouragés à décorer la partie du site qu’ils allaient occuper. L’occasion de s’approprier l’endroit, qu’il s’agisse d’une tente ou d’un espace « en dur ». Le moyen simple et efficace d’avoir à disposition de nombreux espaces de jeu variés pouvant accueillir les diverses « activités » du village que les joueurs avaient à cœur d’initier.
Viser la proactivité
Malgré une certaine lourdeur dans une intrigue « centrale » que je ne dévoilerai pas ici, le jeu a su rester sur des sujets légers. Les scènes auxquelles j’ai pu assister sont souvent nées de l’impulsion des joueurs les plus actifs et volontaires ayant mis en place les fameuses « activités » du village. On peut regretter quelques temps morts sans doute survenus au bout de plusieurs heures. Un roleplay sur ressort étant nécessaire au bon fonctionnement du jeu, il est normal que les joueurs fatiguent un peu passée la 25ème heure. Mais dans l’ensemble, il y avait toujours un endroit animé à Kriav Leboul pour ceux qui voulaient s’amuser.
Un jeu qui a été axé sur un pari plutôt réussi à l’évidence, quand on compte les sourires à la fin du GN. Je pense personnellement que les idées développées pour obtenir une certaine discipline des joueurs (contraintes d’horaires, de roleplay, fonctions dans le village etc.) auraient pu aller plus loin. Notamment pour favoriser une écoute active des participants. J’ai en tête plusieurs scènes qui ont réuni de très nombreux personnages (40 à 60) et qui auraient gagné à être plus calmes. Pour que les joueurs respectent les silences, les temps de paroles, et se freinent parfois pour améliorer la lisibilité de l’ensemble, je suis certain que les auteurs du Kriav pourraient trouver des solutions.
Pour ma part, je pencherais pour un court atelier avant le jeu, permettant d’apprendre à s’écouter et à laisser de la place aux autres joueurs, sans que les plus introvertis aient besoin d’utiliser le moindre pouvoir magique pour obtenir un peu de calme. Dans le cas d’une réédition, j’encourage les joueurs qui auront la chance de visiter Kriav à penser à ces dernières lignes.
Il était une fois
… ou …
La fabuleuse histoire de Kriav Leboul et de son riant camping Chpouk
Association Amalgame
Pour la partie scénario et écriture des fiches :
Isabelle, Marie-l’or, Alain, Gabriel, Linos, Roman et Yannis
Pour la partie logistique et déco :
Mélodie, Guillaume, Jérôme et Benjamin
Les associations partenaires :
De la cave au grenier (77), A3DL (49) et GNIARC (72)
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2 novembre 2012 at 2 h 22 min
Petit détail qui n’en est pas un : le titre du GN n’est pas exact.
Il s’agit de (…) La FabLuleuse histoire (…)
De rien ^^