Les 11 et 12 Août 2012 a eu lieu le GN SHOW 7 (Super Heroes of Warquest 7), organisé par l’association Don Quichotte. Aux commandes, l’équipe qui avait commis le GOW 2 (Guild of Warquest 2) en septembre 2009.
Le GOW 2 avait beaucoup fait parler de lui il y a 3 ans déjà. Il s’agissait d’un jeu de rôle Grandeur Nature humoristique qui proposait d’incarner des joueurs de MMORPG lors d’une rencontre IRL.
Mais la grande force du jeu résidait visiblement dans la possibilité d’incarner son avatar en ligne.
Le SHOW 7 part sur les mêmes bases. Les joueurs incarnent des étudiants dans une université en 2250. Le futur est un monde où l’essentiel des relations sociales passent par les réseaux sociaux, le virtuel, les jeux massivement multi-joueurs. La Gates MMO University est le passage obligatoire pour tous les gosses de riches du monde qui veulent devenir des joueurs professionnels online ou
des acteurs importants de ce monde archi-technologique.
Le GN mélange donc des références comme « Parker Lewis ne perd jamais », « The Guild », le tout saupoudré d’humour geek et du jargon des MMO.
« Il m’a ninja mon boubou ! »
Lycra et décolletés
Le jeu commence à faire parler de lui très tôt. Les joueurs du GOW 2 sont impatients depuis 2009, et quelques temps avant les inscriptions, un teaser vidéo est mis en ligne. La qualité est incroyable pour une production amateur, le rythme est bon, les effets spéciaux plus qu’honorables, les décolletés au rendez-vous, bref… ça fait envie. Le site web est à l’avenant, où plutôt devrais-je dire LES sites web, car il y a celui du GN, mais également le site web du jeu vidéo online « SHOW 7 » auquel les personnages pourront se connecter.
Ce deuxième site est très visuel. Il s’agit du site qui explique les divers types de super-héros que l’on peut jouer au sein du MMO. Les origines de leurs pouvoirs et l’univers du MMO. Il vaut le coup d’œil.
Mais avant toute chose, les deux sites communiquent bien sur le jeu. Le joueur qui serait insensible à l’humour proposé n’a qu’à passer son chemin. Les documents reçus avant le jeu (des règles à l’aide de jeu sur les religions du futur) donnent le ton également. On y parle des super-héros pro-cape et anti-cape, de la religion roswelliste et de toute l’actualité de 2250 dans un canard
appelé le « pingouin républicain ».
En bref, peu de chances de ne pas savoir où on va mettre les pieds. La fiche de personnage que j’ai reçue était exactement dans la thématique. Inutile de vous redire que je ne peux pas juger l’ensemble du scénario là-dessus, mais ma fiche a des qualités indéniables sur lesquelles je vais revenir lorsque je parlerai du scénario.
Un jeu qu’il est bon et con
De mon côté, et je pense pouvoir parler pour la poignée de joueurs avec lesquels j’ai joué, le scénario proposé est clair et précis. Et je précise que vous pouvez lire la suite sans être spoilé une seule seconde. L’événement perturbateur est limpide : « Tout allait bien jusqu’à ce que nous fassions une énorme connerie ». Pensez à un scénario de Parker Lewis, puisqu’on en parlait plus tôt. À partir de là, tout va aller mal. Chaque tentative de rattraper les choses va les empirer, le temps va nous manquer et les problème s’accumuler.
Durant le jeu, les organisateurs ont une assez bonne idée de notre progression. Le jeu utilise de nombreux moyens de communication (téléphone, mail, texto), et nous avons parfois besoin d’un organisateur pour effectuer une action, ce qui leur permet de nous surveiller discrètement et de réagir en fonction. Nous reviendrons sur cette gestion, mais d’ores et déjà, je brise le suspense, les méthodes choisies sont fluides et les organisateurs disponibles.
Régulièrement nous sommes donc surpris de voir de nouveaux éléments arriver et faire évoluer notre histoire. Ils sont mis en place à des moments clefs du scénario, selon notre progression. C’est toujours propre, logique, simple et efficace. Ça vous semble standard ? Pas moi ! Je crois que c’est véritablement exceptionnel.
Le scénario que j’ai vécu était une enquête. Et chaque étape avait été pensée. Comment les joueurs découvrent cet indice ? Qu’est-ce qu’ils en font ? Est-ce qu’ils peuvent en déduire d’autres indices et avancer ? Rhaaaa ça fait tellement plaisir !
Je sais que plusieurs personnages, dont les professeurs probablement, ont un jeu bien plus dépendant des autres, de leur énergie. Des scénarios sans doute plus « dispersés », mais je ne peux juger que de ce que j’ai vécu.
Une logistique clean IRL…
Les communications entre les personnages sont gérées par des sms et des mails. Les sms sont des post-it que l’on va coller sur l’épaule d’un autre personnage en disant « ping ». Les mails sont de simples feuilles à glisser dans les casiers des destinataires.
Les communications avec l’extérieur se font par mail également (enfin… mail papier) auprès des organisateurs qui ont eux aussi une enveloppe à cet effet.
La journée est planifiée dès le départ. Les étudiants connaissent leurs horaires de cours, leur temps libre à l’avance. L’idéal pour s’organiser. Je regrette toutefois d’avoir été en cours avec d’autres étudiants que ceux avec lesquels je vivais mon scénario. J’aurais préféré me connecter au MMORPG avec mes amis, ceux qui partagent ma galère, plutôt que d’autres. J’imagine que le but est précisément de donner aux joueurs l’occasion de jouer avec tout le monde. Selon moi, cette décision dessert un peu le rythme du jeu et les histoires de groupe fortes. Mais le temps consacré au MMORPG est tellement agréable que je m’attarde sur un défaut mineur.
… et Online
Un étudiant peut se connecter à tout moment mais il doit le faire au moins aux heures d’examen. Pour se connecter, les joueurs se changent dans une tente prévue à cet effet. Fermez les yeux et imaginez une tente gris métal en plein mois d’août sous laquelle une trentaine de poilus se changent intégralement après avoir galopé en costume lycra pendant 30 minutes. Ensuite ils gagnent une autre partie du site de jeu pour y incarner l’avatar de leur personnage. On s’amuse à découvrir les concepts de super-héros loufoque et les costumes bigarrés. Les joueurs ont eu carte libre. Puis on se regroupe et on part faire de l’XP.
Le temps d’attente est souvent court ou nul, les quêtes proposées sont difficiles sans être infaisables. Il faut réfléchir à la meilleure stratégie pour parvenir au bout d’un donjon et mourir plusieurs fois puis réessayer. Attention message crypté : Les fans de MMO y retrouvent le plaisir de se répartir les charges de tank, heal ou DPS ou de puller pour faire du kitting. Mais tout est très accessible.
Les compétences sont variées, amusantes, facilement jouables. Et comme on affronte la plupart du temps des PNJs, on se soucie assez peu d’oublier un ou deux points de vie ou de faire son attaque spéciale une fois de trop. L’ambiance reste fun malgré quelques abus (certains GNistes ne se referont jamais). Les organisateurs et les pnjs se lâchent totalement sur cet aspect du jeu où tout est permis. On sent que les PNJs s’amusent, qu’ils ont souvent carte blanche. On regrettera (parce qu’on aime faire la fine bouche) que le jeu manque de mini-quêtes annexes pour occuper les joueurs en dehors des quêtes plus travaillées proposées par les instances.
Le souci du détail
Je ne sais pas si vous connaissez l’émission « Cauchemar en cuisine », mais cette émission a été une révélation pour moi. Un chef étoilé va tenter de sauver un restaurant de la faillite en une semaine. Le gars est d’une franchise absolue et l’émission va malmener les propriétaires bien souvent. Il y a UNE chose qu’il reproche à l’intégralité des restos dans lesquels il intervient. Le menu est trop vaste ! Il y a trop de plats !
Faisons simple, mais faisons bien. Voilà ce qui m’a semblé être au cœur du succès de ce jeu. Le jeu est fun et fait avec passion, bien sûr, et cela compte. Les PJs sont libres de choisir leur super-héros et de l’aveu même des organisateurs, les PNjs sont venus avec du matériel dans tous les sens et se sont largement pris en main. De leur côté, les organisateurs ont pu se concentrer sur les rôles de PNJs importants, la gestion des communications, du planning et des évènements divers.
Les aspects du scénario que j’ai vus ou qu’on m’a racontés par la suite m’ont semblé simples et efficaces, à de rares exceptions. J’ai depuis parcouru le wiki qui a servi à l’élaboration du scénario et j’en retiens ceci :
Je n’espère pas jouer des jeux systématiquement originaux et révolutionnaires. Le SHOW 7 a repris une recette qui marche, celle du GOW 2 (qui lui était peut-être pionnier). En revanche je voudrais que les organisateurs fassent plus souvent confiance à ce qu’ils ont écrit et tâchent de le réaliser correctement. Le SHOW 7 m’a impressionné par son souci du détail, pas par sa surenchère de propositions de jeu. J’ai adoré y vivre une histoire riche et bien menée.
Crédit photos : Renaud Chaput
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7 novembre 2012 at 8 h 24 min
Alors pour les mini quetes annexes, il nous a juste manqué une dizaine de pnj qui auraient pu faire ca a plein temps, mais je crois que les developpeurs ont pas eu les ressources pour les
implementer dans le code du SHOW 7
7 novembre 2012 at 3 h 06 min
Super concept. Merci pour ce retour !