Titre du jeu de rôle Grandeur Nature : En attendant Dieu
Le pitch : Comme tous les soirs, ils passent sans nous voir. Préoccupés par leur petit confort, ils ne veulent pas entendre la parole de Dieu. Savent-ils que nous vivons les derniers jours avant l’Apocalypse ? Qu’une fois Dieu revenu sur Terre, ceux qui n’iront pas au paradis iront en enfer ? Le temps presse pour les convertir. Dieu vous aime !, leur clame le présentoir mobile devant lequel nous devons faire le pied de grue pendant une heure dans l’espoir d’attirer leur attention. En vain.
Nous le sentons, ce soir encore, personne ne viendra nous parler. Pendant une heure, nous resterons à détenir une vérité qui n’intéresse personne. On discutera entre nous pour passer le temps. En attendant Dieu.
Association organisatrice : 100 balles et 1 mars
Thèmes : les croyances, les histoires de vie, la rencontre, l’attente, Dieu, les mouvements sectaires
Date d’ouverture des inscriptions : Inscriptions ouvertes pour des sessions à Bordeaux, dates disponibles sur https://framadate.org/YTWhPjwyttjCnjft
Infos par mail sur murder.dtc@gmail.com
PAF : Gratuit
Localisation : centre-ville de Bordeaux
Date du jeu : sessions organisées à la demande à partir de décembre 2024
Durée de jeu : 1 heure
Nombre de PJ : 2
Les auteurs : Victorien « Thren » Marchand
D’où vient l’idée de ce jeu ?
Après avoir organisé un certain nombre de fois Tant d’espace, un mini-GN une heure / deux joueurs, j’ai eu envie de créer moi aussi un jeu sur le même format, un jeu intimiste plein de pudeur et de silences. Une curiosité pour les prédicateurs que l’on croise fréquemment dans nos villes a fait le reste : de quoi peuvent-ils bien parler, ces gens qui se retrouvent à poireauter ensemble pendant des heures ? Comment réagit-on quand on est persuadé d’être une minorité à détenir la vérité et que la vaste majorité du monde s’en fout ? Ce moment où ils attendent sans que rien ne se passe est un endroit de socialisation, où l’on fait connaissance, où l’on resserre les liens et où on médit de l’ingratitude des gens du monde.
Qu’est-ce que ce jeu est et qu’est-ce qu’il n’est pas ?
Avant tout, c’est un jeu dans l’espace public qui n’implique aucune interaction avec des inconnus. La volonté du jeu n’est absolument pas de créer quelque malaise ou gêne que ce soit : la ville ne fait que servir de cadre au jeu. Le but n’est pas de faire de prédication ni même de se faire remarquer : il n’y aura pas de présentoir mobile, les costumes seront passe-partout et il ne se passera rien de plus suspect que deux personnes qui discutent au même endroit, pendant une heure.
C’est un jeu « classique » où chaque personnage a un rôle écrit au préalable et, si évidemment ça me plairait qu’il crée du débat et de la réflexion, l’objectif premier reste de passer un bon moment en incarnant un rôle, avec un thème et un format certes atypique.
Ce n’est pas un jeu où il se passera quoi que ce soit d’exceptionnel ou de surnaturel (non, Dieu ne viendra pas…). À la fin du jeu, les personnages conserveront leurs convictions, tout au plus l’ombre d’un doute pourrait apparaître.
Ce n’est pas un jeu engagé qui vise principalement à dénoncer les pratiques sectaires ou l’endoctrinement religieux (il n’en fait évidement pas non plus l’apologie). Déjà, parce qu’il semble évident que ces valeurs sont éloignées des nôtres et je ne cherche pas à enfoncer de portes ouvertes. Ensuite, parce que je ne crois pas qu’on puisse convaincre quelqu’un de ne pas adhérer à un tel mouvement ou d’en sortir. Pour éviter toute polémique, les deux personnages appartiennent à une église évangélique fictive, les Disciples du Jugement Dernier, même s’il n’échappera à personne quel est le groupe visé dans ce jeu.
C’est un jeu qui parle de religion, mais pas que. Les personnages ont leur vie, un métier, des rêves et des soucis et si la religion est centrale dans leur existence, la plupart de la discussion devrait tourner sur autre chose. Il n’est pas nécessaire d’avoir des connaissances sur le christianisme. Ce jeu peut s’adresser à vous que vous croyiez en Dieu ou pas, si vous avez l’ouverture d’esprit nécessaire pour envisager pendant une heure la possibilité inverse.
Qui sont les personnages (en gros) et quelle est la raison de leur présence ? Que vont-ils faire pendant le jeu ?
Judikaël et Bethsabée ont été toute leur vie Disciples du Jugement Dernier, comme leurs parents. Ils ne se connaissent presque pas. Les Disciples s’engagent à passer au moins 50 heures par mois dans des activités de prédication, qui peuvent être le porte-à-porte ou le présentoir, qu’ils appellent la valise. Ils doivent passer une heure à un endroit de la ville donné pour répondre aux questions éventuelles des passants, mais personne ne leur parle jamais en-dehors de rares plaisantins. Qu’est-ce que Judikaël et Bethsabée pourront bien se dire, au cours de cette heure de prédication dans le centre de Bordeaux ? Parleront-ils de Dieu, de leurs vies, du temps qu’il fait ou des gens qui passent, ou resteront-ils silencieux ? Une chose est sûre, une fois l’heure écoulée, raffermi ou ébranlé dans ses convictions, chacun rentrera chez soi et poursuivra le cours de sa vie.
Un bref atelier aura lieu avant le jeu.
Que diriez-vous à vos participants pour être sûrs qu’ils comprennent bien votre volonté ?
C’est un jeu qui porte sur les croyances. En parlant de la croyance religieuse, je veux parler plus largement des croyances que nous avons tous et toutes sur le monde, les gens, la science, la nature, la politique… Pourquoi avons-nous ces croyances ? Peut-on les changer ? À quel point peut-on se forcer à faire des choses qui nous coûtent pour ces croyances ? Nos personnages des Disciples du Jugement Dernier vivent conformément à leur foi au prix de sacrifices immenses et c’est le même mécanisme (mais pour des valeurs différentes) qui fait qu’un végétarien s’interdira la majorité des plats du menu ou un militant perdra une journée de salaire pour aller manifester. De même, prêcher la bonne parole en plein milieu d’une ville ne sert statistiquement à rien : les conversions obtenues par ce biais sont rarissimes. Mais dans notre travail, ne nous arrive-t-il jamais de passer du temps et de l’énergie dans des tâches que nous savons totalement inutiles ? Je propose aux joueurs de jouer des personnages baignant dans un milieu avec des codes sociaux extrêmes pour qu’ils puissent s’interroger sur les leurs.
Dans les cultes que l’on joue en GN, on a des pouvoirs magiques, les Dieux existent et communiquent et les joueurs ont du pouvoir sur leur destinée (du moins dans les bons GN). Dans la réalité, on ne peut que constater que les traces de l’existence de Dieu sont rares et équivoques et les croyants sont soumis à sa volonté, sans réel pouvoir d’agir : comme le dit le livre de Jérémie, « ce n’est pas à l’homme qui marche de diriger ses pas ». Il faudra que les joueurs fassent cet effort de jouer cette soumission totale à leur mouvement, à ses règles et à Dieu dans un monde qui au contraire valorise le libre choix individuel.
Enfin, le personnage croyant et chrétien, la grenouille de bénitier, est souvent caricaturée (y compris par nous, par exemple dans le GN Garden-party à Summerville qui campe un barbecue entre deux familles blanches, protestantes et anglo-saxonnes américaines). Le but n’est pas de se moquer des personnages, pas plus que de les plaindre, mais de les interpréter comme des êtres humains avec leurs contradictions.
Présentez-nous un peu l’asso et son identité !
Petite association bordelaise, Cent Balles et un Mars a pour but de produire des jeux de rôle Grandeur Nature variés, de tous types et tous univers (du GN expérimental à un joueur jusqu’au Mass-Larp à 40 joueurs, oui c’est notre idée du Mass-Larp) ayant en commun une PAF de 15.24 €, non-indexée sur l’inflation depuis 2011. On se veut plutôt le bistrot de quartier que le restaurant étoilé et on organise des GN low-cost mais cuisinés maison avec l’espoir qu’on y passera un bon moment. Bienvenue chez nous, donc ! On y entre avec l’envie de vivre des moments simples et sympathiques, sans prétentions, et on en ressort (on l’espère) avec des images à se souvenir, des récits à raconter et un sourire à partager.
Et vous ? Les auteurs, qui êtes-vous ?
Moi, c’est Victorien. Comme tout le monde, j’ai commencé le GN par “Dieu est mort” et ça fait bien vingt ans déjà. Je me suis spécialisé dans les formats à peu de joueurs, facilement rejouables et réorganisables, ce qui convient très bien à mon côté paresseux. En tant qu’auteur, j’ai co-écrit la soirée-enquête Bordel de merde, le GN d’espionnage pour un joueur Agent double, le GN soirée littéraire Le paradoxe du caméléon et le GN itinérant sur la dune du Pyla Sixty Miles to Benghazi.
3 décembre 2024 at 15 h 42 min
Un jeu prometteur pour un joueur/auteur de grande qualité. Bonne prépa ! <3