Défi technique, esthétique, narratif mais aussi humain, puisque pour se glisser dans un jeu sans s’immiscer dans les scènes il faut une bonne dose de délicatesse. Vous voulez en savoir plus ? Cela tombe bien, sept photographes de GN aux approches variées ont accepté de répondre à nos questions.
Avant d’attaquer les conseils techniques, voici leurs parcours et motivations.
Joram
Page Facebook : https://www.facebook.com/Joramphotos/
Matériel à ses débuts : Un reflex Sony A700 avec un 16-80. Matériel actuel : plusieurs boîtiers Sony ou Nikon et plusieurs optiques en fonction des besoins même si je travaille essentiellement avec les 24-70, 70-200 et 135mm
C’est grâce à son épouse que Joram est arrivé dans notre milieu, lui-même joue très peu. Pour un photographe amateur essentiellement motivé par l’humain, le portrait et l’émotion, difficile de résister à cette “diversité d’univers, de thèmes, avec une variété de joueurs et d’émotions sans cesse renouvelée”. Le GN Chicago, l’un de ses premiers, l’a définitivement fait plonger : “Le samedi soir dans une salle de cabaret, pouvoir assister à un véritable festival de prestations scéniques (danses chorégraphiées, numéros, magicien, claquettes…) a eu sur moi un effet totalement WOW ! On peut faire ça en GN ? Encore !”
Faute de temps Joram ne photographie “que” 6 à 12 GNs par an, ses choix sont influencés par les opportunités techniques et esthétiques, mais aussi l’affect et l’empathie avec l’équipe organisatrice. S’il est rare de le voir sur plusieurs sessions d’un même GN, cela peut arriver, question d’alchimie… Vous organisez un bon jeu Pirate ou de la SF avec des moyens ? Ces thèmes rares l’intéressent !
Photo de Joram : Vivre Vite – Association Clepsydre
Barbara
Matériel : Canon 6D, avec 2 objectifs, un 50mm et un 135mm
Joueuse depuis cinq ans, Barbara a commencé par aider son compagnon Rémi, lui aussi photographe de GN, avant de se lancer il y a moins d’un an. Ce qui lui plaît c’est de permettre “aux joueurs de rendre concret un instant fort qu’ils ont vécu”, de revivre le jeu d’une certaine façon. On retrouve cette optique dans ses choix de GN puisqu’elle aime photographier ceux auxquels elle a déjà participé, avec une nette préférence pour le romanesque et les beaux costumes. Cela lui permet de retrouver le plaisir de son propre jeu, en prime elle sait ce qui se passe et quels événements ne doivent pas être manqués.
C’est ainsi qu’elle a récolté l’un de ses plus jolis souvenirs en tant que photographe : “Sur la Commune, une joueuse venait de vivre une scène très intense avec un joueur. (…) Je connaissais ce personnage car je l’avais joué et comprenais l’impact que ça pouvait avoir sur la joueuse. J’ai pris une seule photo de cette scène. Le joueur a quitté la pièce et je me suis retrouvée seule avec la joueuse. Je ne la connaissais pas spécialement, mais je savais ce qu’elle était en train de vivre. J’ai posé mon appareil et lui ai proposé un câlin le temps qu’elle évacue un peu. On a pleuré et ri ensemble de ce qui venait de se passer.”
Photos de Barbara : Commune 1872 et Été 36 – Association Rôle
Jérôme
Page Facebook : https://www.facebook.com/jeromeverdierPhotographe/
Compte Instagram : https://www.instagram.com/jerolin/
Compte Flickr : https://www.flickr.com/photos/25360115@N04/
Matériel à ses débuts : boitier Canon EOS400D et un 28-105 et 80mm. Matériel actuel : Canon EOS 6D avec un 70-200m L 2.8
Photographe amateur depuis l’enfance, Jérôme a une pratique diversifiée et aime varier les sujets. Sans en faire son activité principale, il a désormais un statut d’auto-entrepreneur, ce qui lui permet de réaliser aussi des prestations événementielles, entre autres pour Château de Versailles Spectacles. S’il n’est pas joueur lui-même il s’est intéressé au GN car il avait envie de rencontrer des personnes capables de jouer, d’exprimer des émotions, d’évoluer dans des univers, des époques et des lieux qu’il n’aurait pas l’occasion de croiser par ailleurs.
“Pour me tester j’ai commencé par un format court « Dirty Little Secrets » que Muriel organisait quelques mois avant (ndlr : avant le GN plus long Rêve d’absinthe), puis j’ai enchainé par une murder le mois suivant « Beverly Place 2 » organisée par Jean-Luc Manh. Ces 2 éditions m’ont permis de tester les placements en jeu, les paramètres adéquats de l’appareil et à très vite aimer ce nouvel univers qui se déroulait en live sous mes yeux.”
Afin que la photo de GN reste un plaisir, et pour pouvoir soigner ses prestations, Jérôme participe à trois ou quatre GNs maximum chaque année et n’a pour l’instant jamais photographié deux fois le même, ce afin d’avoir le plaisir de suivre une nouvelle histoire à chaque fois. Le thème, l’esthétique, le format (24 ou 48h) et le nombre de joueurs sont aussi des critères importants. Il attend avec impatience qu’on lui propose un post-apo façon Mad Max, de la SF à la sauce Blade Runner ou encore un western.
Photo de Jérôme : Un Souper au Fouquets – Association Les Amis de Miss Rachel
Philippe
Site internet : www.gn-ographe.fr
Matériel à ses débuts : un EOS 450D, un 17-50mm et un téléobjectif. Matériel actuel : un EOS 70D (plus performant, notamment en basse lumière). Si le GN est principalement en intérieur, je ne prends qu’un seul boitier et une focale fixe – moins il y a de réglages, moins on perd du temps et plus on a de chance de choper le bon moment. Si le jeu intègre beaucoup de scènes en extérieur j’emprunte un second boitier (EOS 60D) à un ami et monte un téléobjectif dessus.
Philippe a découvert le GN grâce à son milieu professionnel. Sa cheffe d’équipe était l’une des organisatrice du GN Boréan et s’est empressée de recruter cet ancien rôliste sur table, passionné de photo depuis l’enfance. “Ce que j’ai découvert m’a bluffé. De fil en aiguille je me suis retrouvé dans le carnet d’adresses de différents organisateurs, et c’était parti. Je ne joue pas moi-même, et cela ne m’empêche absolument pas de vivre les intrigues à fond.”
Deux ou trois fois par an, quand son agenda et la localisation du GN le lui permettent, ce spécialiste de la photo de rue retrouve en jeu ce qui le motive le plus. “Se fondre dans le décor urbain, observer, se laisser transporter par l’ambiance de la ville, écouter les détails, et capturer l’instant parfait (enfin… essayer). La photo de GN n’est vraiment pas très différente.”
“Le GN de mes rêves ? L’Ultime Western. Il y a tout, le décor (et quel décor…), les costumes, l’ambiance… un potentiel artistique incroyable.”
Photo de Philippe : Nexus-6 – Association eXperience
Sandrine
Page Facebook : https://www.facebook.com/sandrine.schweppes?fref=ts (Peu d’albums sont publics par contre… Au passage, si quelqu’un veut bien s’occuper d’une page spécifique pour la publication de mes photos de GN, qu’il me contacte !)
Matériel à ses débuts : un canon EOS 400. Matériel actuel : un EOS 5D Mark II
Passionnée de GN et de photographie depuis des années, c’est tout naturellement que Sandrine a fini par croiser les effluves, d’abord en prenant quelques clichés en tant que PNJ puis en s’y consacrant pleinement. “Beaucoup trop” ironise celle qui a déjà sept dates prévues en 2017 et reconnaît que ce chiffre pourrait encore augmenter. Ce qui la motive ? “Être à l’affût de la bonne scène et de la bonne action de jeu. Ça a un côté vivant et imprévisible que j’aime beaucoup. Cela dit, j’aime aussi les photos de concert, de paysages ou d’architectures. Je ne me cantonne pas exclusivement au GN.”
La distance et un agenda chargé peuvent la faire hésiter à couvrir un jeu, sinon ses critères sont assez larges puisqu’elle est aussi bien motivée par une ambiance que par ses amis joueurs ou organisateurs. Sans être fermée à l’idée de photographier plusieurs sessions d’un même jeu, comme ses collègues elle aime varier les histoires et les univers. S’il n’y avait pas déjà eu un(e) photographe elle aurait adoré immortaliser la prochaine session des Canotiers de Santeuil.
Son souvenir le plus marquant est une scène de la session 2 de Harem son Saat : “Pas forcément une scène folle (…) J’étais couchée dans l’herbe à 1m à peine de la joueuse, et elle était tellement prise dans le jeu, qu’elle n’a même pas réalisé que j’étais présente.”
Photos de Sandrine : Harem Son Saat – Association Rôle | L’invitation – Association RAJR
Renaud
Page Facebook : https://www.facebook.com/renaud.chaput.photographe/
Matériel : Canon 7D + grip (pour une meilleure prise en main et la double batterie), un 24-70mm f/2.8, un 70-200mm f/2.8 (mon objectif préféré dès qu’il y a un peu de place, il fait des portraits magnifiques tout en permettant de rester loin), un 50mm 1.4 pour quand la lumière manque
Joueur, photographe, organisateur… Renaud a rapidement tout mélangé puisque c’est durant son premier GN, Kandorya, qu’il a pris quelques clichés et eu envie de continuer. Ses rencontres avec de nombreux joueurs et organisateurs lors des pots Rôle l’ont aidé à se lancer dans ce domaine très particulier. “C’est un style totalement différent, qui se rapproche (pour moi) plus de la photo de mariage ou du reportage. Il faut être au bon endroit et au bon moment, et savoir quand prendre LA bonne photo qui capturera l’instant.” Si le thème du GN a son importance, ce sont surtout les ambiances soignées qui motivent ses choix.
Après une longue série de jeux en tant que photographe, Renaud est passé du côté obscur et co-organise avec l’association “Les Ombres du Trône”. Il y a encore peu il couvrait quinze à vingts jeux par an, mais a fini par ralentir faute de temps. En effet il développe désormais un projet professionnel… inspiré par sa pratique de photographe de GN.
La scène la plus folle qu’il a eu la chance d’immortaliser ? C’était sur le GN Eve Oniris “un enterrement d’un chef de tribu (…) à la fin de la cérémonie, la veuve lui a ouvert le ventre afin de lire l’avenir dans ses entrailles. La scène était très réelle et le public ne s’y attendait pas, effet garanti !”
Photo de Renaud : Eve Oniris
Sylvain, alias Sly Othoth
Page Facebook : https://www.facebook.com/sly.othoth?fref=ts
Matériel à ses débuts : Canon AE1 Argentique. Matériel actuel : Canon EOS 6D /17-40mm et 105mm
GNiste de longue date, Sylvain n’a pas attendu longtemps après avoir mordu à la photo pour tester son nouveau loisir en jeu. S’il apprécie tout autant d’autres sujets “il y a (ndlr : en GN) un petit côté reportage/paparazzi sans le côté mauvais sur la vie privée de ces 2 catégories.”
Il marche à l’envie quitte à couvrir peu de GNs. Les rééditions ne posent pas de problème puisque pour lui les joueurs transforment à chaque fois l’histoire. La came de Sylvain c’est d’être confronté à une forte ambiance graphique, une immersion soignée… Mais la dimension bénévole et amicale de notre milieu a autant d’importance : ”Me laisser la possibilité de dire non est une bonne approche. Quelqu’un qui vient me voir en me disant “J’ai besoin de toi ce week-end, il faut que tu viennes absolument.” Je vais me mettre sur la défensive direct. Me dire “Je fais ce GN, voilà le thème, est-ce que ça te dirait si tu es dispo ?” Là on est bien. Si je peux et que ça me tente je viens avec plaisir. La nuance est petite, mais elle a son importance de mon point de vue.”
Quand on lui demande de citer une scène marquante, c’est du point de vu du photographe qu’il se place : “c’était sur un Liaisons Dangereuses, organisé par les masques de Danat, durant lequel je me suis retrouvé à photographier une joueuse à la lueur de la bougie à main levée, et la photo me transcende encore aujourd’hui.”
Photo de Sylvain : L’Ultime Western – Association Don Quichotte
Maintenant que les présentations sont faites, voici les conseils techniques de nos spécialistes :
La base :
Pour ne pas risquer de tomber en rade en milieu de jeu il est fortement conseillé de se munir de plusieurs batteries chargées ainsi que de plusieurs cartes mémoire de bonne contenance. Avant le jeu, renseignez-vous sur les prises électriques et les rallonges, et prévoyez vos chargeurs évidemment. Comme le dit très bien Philippe, “L’important c’est de connaître son matériel. Il faut être rapide et ne pas s’empêtrer dans des accessoires en grand nombre ou des réglages méconnus.”
Vous débutez et n’avez pas les moyens de vous offrir le top du top ? Sachez qu’on peut faire des merveilles avec un boîtier assez simple muni d’une optique polyvalente.
Travailler avec peu de lumière :
La lumière est la denrée la plus rare en GN donc pour Jérôme “il faut un boîtier qui gère très bien les hauts ISO pour affronter tous types de conditions de lumière.” De plus Joram conseille comme matériel de base “une optique lumineuse (au moins 2.8) (…)”. Comme tous les autres, il en a fait la dure expérience :
“Sur une réédition d’un jeu, une scène importante [ayant pour but] de poser l’ambiance du jeu en présence de tous les personnages et PNJs et qui dure bien une vingtaine de minutes en début de soirée. Sur la version précédente le jeu se passait fin printemps tout allait bien. Sur la réédition le jeu se déroulait à l’automne et personne ne s’est interrogé sur le fait qu’il allait faire noir. Aussi bien la scène s’est passé à la lueur des étoiles, et il faisait vraiment nuit noire. Autant dire que pour prendre des photos… Heureusement que j’avais pris un trépied, avec une pause longue et un peu de chance j’ai pu sortir quelques clichés.”
Dans de tels cas la tentation peut être grande de dégainer le flash. Résistez ! Principalement parce que le photographe de GN doit avant tout être capable de se faire oublier. Non seulement le flash dans la figure gênera les joueurs mais en prime, à moins de vous y connaître et d’utiliser un diffuseur par exemple, le résultat sera probablement inesthétique.
Avec une optique lumineuse couplée à un pied vous pourrez photographier en basse luminosité, cela peut d’ailleurs être l’occasion de tester une esthétique différente en jouant sur les flous de bougé au lieu de les subir.
Matériel plus poussé :
Selon Philippe il y a deux configurations idéales : “un boitier avec un grand angle ou un petit zoom classique (17-50), et un boitier avec un téléobjectif (150mm au minimum) s’il y a du jeu en extérieur, ou une focale intermédiaire (70 ou 90mm) si le jeu se déroule exclusivement en intérieur.” Pour Renaud, en plus d’un objectif grand angle et d’un téléobjectif, avoir avec soi un ordinateur est d’une grande aide, on peut ainsi décharger les cartes mémoires et vérifier les photos prises. Si on peut se le permettre, Sylvain conseille “une série pro comme 7D 6D 1DS 5D (oui je suis canon) sinon l’équivalent dans d’autres marques. Mais surtout un très bon téléobjectif qui ouvre beaucoup (1.4 ou 2.8) et un très bon grand angle qui ouvre beaucoup aussi. Le reste je pense que c’est du confort.”
Photos en jeu, hors jeu et posées :
Nos photographes de GN font un peu de tout mais avouent préférer la photo en jeu. Saisir l’émotion au vol, avoir l’immense plaisir de s’entendre dire après coup “Tu as eu cette scène là ? Mais je ne t’ai même pas vu !”… Ce type de photo est un vrai défi et leur principal moteur, mais immortaliser les préparatifs peut aussi fournir d’amusants anachronismes en plus de bons souvenirs.
Le cas des photos posées est plus délicat. Certains aiment cela, pour d’autres, dont Philippe, “ce n’est pas très compatible avec le fait de disparaître dans le décor et se faire oublier (…), c’est néanmoins de plus en plus demandé par les joueurs et les orgas, alors on s’adapte.”
Pour faire du bon travail il vous faudra installer un studio photo sur place. Préférez un lieu à l’écart afin de ne pas gêner les préparatifs. Prévoyez au minimum un pied, demandez à quelqu’un qui n’est pas occupé de poser pour quelques essais et pensez à jouer avec les sources de lumière naturelle. Si vous pouvez apporter projecteur (et rallonge), diffuseur, réflecteur tant mieux, du moins du moment que vous savez comment les utiliser.
Traitement informatique :
Plutôt que le basique JPEG, choisissez de shooter en RAW, un format qui offre bien plus de possibilités. Il vous faudra donc un logiciel adapté, le grand préféré étant Lightroom, sachant que Photoshop est aussi un peu utilisé en complément.
Les retouches varient, en général il s’agit d’améliorer les couleurs, la luminosité, le cadrage. Parfois de supprimer des détails dérangeants comme les prises électriques et les extincteurs.
Certains, dont Philippe, attachent un soin particulier à essayer de recréer des photos d’époque : “En fonction du jeu, je me renseigne sur les techniques photographiques (…) et j’essaie de restituer le rendu. Ce n’est pas toujours facile mais c’est très intéressant et les joueurs adorent. Par exemple sur Un Été 36 : 1936 c’est les première pellicules couleurs kodachrome, avec des rouges très vifs, des bleus froids et des verts très fades.”
Ne négligez pas le travail que représente cette partie indispensable, elle prend parfois autant de temps que la prise de vue elle-même.
Passons aux conseils généraux…
… Dont le premier est de bien connaître son matériel, quitte à en avoir très peu.
Quand au second il est simple : foncez ! Comme le dit Sylvain, la photo de GN “c’est intense, ça sort de la zone de confort et c’est une ambiance vraiment super. Faut juste pas trop traîner à envoyer les photos car le joueur [ndlr : et l’organisateur] en Bleed est affamé, et c’est à prendre en compte dans l’engagement.”
Vous voulez vous lancer ? Voici un résumé des demandes et offres des organisateurs :
[ndlr : Ces informations sont données à titre indicatif, pensez à tout vérifier avec les organisateurs de chaque GN avant de vous engager.]
PAF, logement et nourriture :
Ceux-ci sont en général offerts par les associations, du moins lorsqu’ils sont prévus dans la PAF des joueurs. Les repas sont dans ce cas pris hors-jeu avec l’équipe organisatrice. Si le GN est organisé avec l’assurance de la fédération française, sachez que le pass staff est offert par celle-ci et inclut les photographes. Vérifiez avant le jeu si les organisateurs ont bien pensé à vous inscrire.
Costume :
Si un costume correspondant à l’ambiance du GN est apprécié, beaucoup d’associations se contentent de demander une tenue discrète, parfois noire. Le confort et la discrétion doivent être les principaux critères. Voici d’ailleurs une anecdote amusante qui a valu à Barbara le surnom de “photographe ninja” : “Toujours sur le Commune, le parquet craquant beaucoup et en talons, les joueurs m’entendaient rentrer dans une pièce et se tournaient systématiquement vers moi. J’ai donc fini en chaussette, à faire des glissades dans les couloirs pour aller plus vite.”
Les attentes :
Beaucoup de photos et, dans l’idéal, que tous les joueurs, organisateurs et PNJs apparaissent dessus. Se tenir au courant du scénario, des enjeux et plus particulièrement des scènes importantes planifiées est clairement un plus. Parlez-en en amont avec les organisateurs, voire demandez-leur de venir vous chercher ou vous envoyer un message au bon moment.
Le temps de livraison a aussi son importance : en signant pour couvrir un GN vous devez garder à l’esprit que les clichés seront attendus avec impatience et qu’il ne faudra pas laisser passer plusieurs mois avant de les envoyer.
Enfin, cela a déjà été signalé mais avant toute chose on attend des photographes qu’ils se fassent oublier : à choisir entre un très beau cliché et l’immersion, joueurs et organisateurs préfèreront toujours la seconde option.
La diffusion des images :
Beaucoup d’associations incluent dans les fiches d’inscription une clause sur la diffusion des photos, avant toute chose vérifiez-en la teneur exacte. Si tout va bien tout aura ainsi été réglé avant le jeu. Mais le fait d’avoir accepté que l’association utilise l’image des joueurs pour la communication n’est pas un blanc-seing pour diffuser n’importe comment les photos sur les réseaux sociaux : en cas de doute, leur demander l’autorisation ne fait pas de mal, et ne les taguez pas sans leur consentement.
Choisissez avec les organisateurs une petite sélection de photos destinées à la communication. Profitez-en pour demander quels sont les spoilers et sujets sensibles et séparez les photos en deux dossiers distincts. Ça peut être frustrant d’avoir pris une photo magnifique qui ne sera jamais vue en dehors du cercle des anciens joueurs, mais c’est la règle du métier.
Photographes, joueurs et organisateurs, si vous avez quelque chose à ajouter, déclaration d’amour aux photographes, avis divergent ou conseil complémentaire, n’hésitez pas à le faire dans les commentaires ci-dessous.
Saki
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19 juin 2017 at 11 h 55 min
Comme depuis l’écriture de cet article j’ai shooté mon premier GN, voici les erreurs à ne pas commettre à mon sens :
1 : résister à l’envie de mitrailler dés le début du jeu, du moins si le jeu est assez statique pour que vous puissiez vous permettre de repérer les angles et situations qui vous intéressent puis faire LA photo.
J’ai mitraillé de peur de rater un truc, résultat j’ai été à mon avis trop visible pour les joueurs, j’ai fini sur les rotules et au final je me suis retrouvée avec 2000 clichés à traiter dont beaucoup de déchet, dont des doublons inutiles. Ça a été trrrrrrés long en post-production.
2 : conseil que l’on m’a donné à ce moment là : même si joueurs et orga réclament de tout envoyer, y compris les photos dont on n’est pas content mais “qui seront un souvenir tout de même” il faut résister. On perd moins de temps à supprimer de mauvaises photos qu’en passant une plombe à essayer de les améliorer, tout ça pour au final être mécontent en les voyant partagées sur les réseaux sociaux. Pour faire du travail de qualité on ne doit pas se laisser dicter ses choix.
3 : arriver en avance sur le site permet de faire un tour pour repérér les angles intéressants, vérifier ses réglages etc. Sans ce moment sans pression j’aurais beaucoup plus galéré une fois en jeu.
4 : photographier un GN ça peut être vraiment fatiguant. Je n’ai pas regretté d’avoir prévu de quoi me redonner un coup de fouet (je ne bois pas de café, j’ai dégainé la boisson énergétique et ça a été). Avant le jeu demandez aux orga s’il y a dès scènes de nuit ou tôt le matin de prévues.
5 : vérifiez si les tringles à rideaux sont bien attachées… Durant une scène très intime j’étais contente d’être entrée assez discrètement. Je me suis réfugiée dans un coin contre une fenêtre et BAM, toucher le rideau avec mon gracieux popotin a suffit pour que la tringle mal fixée tombe, je me suis retrouvée recouverte par le rideau et l’ambiance a été ruinée par une crise de rire collective.
20 juin 2017 at 9 h 56 min
C’est top comme article 😉 Les conseils de fin son très bons! Bonus pour le commentaire de Saki. Je mettrais aussi un point d’honneur sur l’endurance nécessaire. C’est, je trouve, bien plus fatiguant (et excitant) qu’un reportage mariage ! Il faut être partout à la fois, rester le plus discret possible, parfois de 5h du matin à 8h le lendemain… Sans interruption.
Dans ces cas là, bien prévoir avec les orgas s’il est prévu des moments plus calmes dans l’intrigue. Et s’accorder une pause. Faire une sieste même de 30min. Ca permet de se relancer bien plus frais, et de ne pas louper de superbes images à cause de la fatigue.
Par contre “un EOS 70D (plus performant, notamment en basse lumière)” -> C’est son gros point noir au 70D la basse lumière … x)
20 juin 2017 at 9 h 58 min
Merci énormément pour cet article Saki ! Sortant de mon 3e GN en photo et devenant accro, les conseils et les retours des habitués est précieuse !
Avec tout ça, j’ai envie d’acheter de nouvelles optiques. C’est mon banquier qui va être content.
20 juin 2017 at 9 h 59 min
“Les conseils et les retours des habitués SONT précieux”*
(*va se prendre un café*)
20 juin 2017 at 10 h 06 min
Dans les petits conseils utiles, je rajouterai :
– Demander aux orgas de vous cibler les scènes “attendues” (événements, révélations) mais aussi les relations fortes (amitiés, amour, inimitiés) qui risquent de donner des plans intéressants, de capter des regards ou des non-dits. La découverte des joueurs post-jeu lorsqu’ils réalisent certaines choses grâce aux photos est assez savoureuse 🙂
– Ne pas croiser le regard des joueurs est un bon moyen de se fondre dans le décor.
– La seconde batterie, dans le sac c’est bien, dans la poche, c’est mieux. Ça évite de louper une jolie scène parce que vous êtes partis cavaler au PC orga.
21 juin 2017 at 11 h 20 min
Je me suis amusé à catégoriser/caricaturer les photographes de GN :
– Robert Capa, photographe de guerre : pour lui, la photo DOIT être au coeur de l’action. Pas besoin de téléobjectif quand on a des jambes ! Avantages : même avec du 50mm on voit bien la goutte de sueur qui perle sur la tempe du barbare qui charge. Inconvénients : l’ambiance d’un tête-à-tête secret peut être légèrement perturbée, les joueurs doivent quelquefois contourner le photographe pour s’adresser à d’autres joueurs.
– Cosette Harcourt, photographe de studio : pour lui, le portrait posé c’est la vie ! Lumière, posture : tout est maîtrisé. Avantages : les plus belles photos pour profil de FaceBook ! Jamais d’yeux fermés, d’air hagard ni de déséquilibre. Inconvénients : ronchonne continuellement au sujet de cette lumière de m…
– Tazio Secchiaroli, le paparazzi : planqué voire camouflé, il ne shoote que de très loin, en quête d’une émotion, d’une larme ou du croustillant. Avantages : pas dérangeant pour un sou, le meilleur compliment qu’on puisse lui faire en fin de jeu c’est “Tu jouais qui toi ?” Inconvénients : effacera toute photo dont le regard du sujet sera trop proche de l’axe de l’objectif. Oubliez les portraits de groupe !
– Marcel Chombier, le touriste : se balade sur le jeu, tranquille, shootant à l’occasion ses potes et les participants du sexe opposé, et agrémentant les scènes de commentaires toujours légers. Avantages : assure une ambiance détendue. Inconvénients : pas de photos de repas parce qu’il mange, par de photo de nuit parce qu’il dort, ou cuve. Pas de retouche parce que bon, la sincérité des clichés, c’est le top.
– James B., l’agent secret : potentiellement sous une des couvertures ci-dessus, il disparaît à la fin du jeu, et plus personne n’aura de ses nouvelles… Ni les photos… Ou alors entre six mois et deux ans plus tard, si un orga le cambriole. Avantages : assure la redescente des joueurs qui, privés de souvenir, sortent plus facilement de leur rôle. Inconvénient : les photos du GN se limitent aux trois clichés de l’installation prises par les orgas sur leur téléphone portable.